Technologie longtemps réservée à des applications scientifiques, le solaire photovoltaïque est utilisé depuis plus de 20 ans à La Réunion, au départ pour fournir en électricité des sites isolés du réseau public tels que Mafate. Depuis 2000, grâce à des acteurs décisifs tels que la Région Réunion et l’ADEME, le développement de la filière s’est accéléré, note en substance Jean-Pascal Schaefer, Directeur général de BP Solar.

Développer encore la filière

En 2000 en effet, la Région Réunion a mis en route le Plan Régional des Énergies Renouvelables et de l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie (PRERURE) pour, avec la DRIRE, l’ADEME et EDF, favoriser l’autosuffisance énergétique de l’île en amplifiant l’utilisation des énergies renouvelables et incitant à une consommation raisonnée. Si La Réunion a une bonne longueur d’avance sur la Métropole en la matière (les énergies renouvelables constituent 34 à 35% de l’énergie produite dans l’île contre 13 à 14% dans l’hexagone), la courbe démographique appelle à une implication soutenue et constante. Depuis une dizaine d’années, la consommation électrique augmente de 5 à 7% par an, et les besoins ne cesseront de croître. A cela s’ajoutent bien sûr les enjeux environnementaux, un réchauffement critique de la planète, la nécessité de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles (polluantes, coûteuses et comptées) et de construire les bases d’un développement durable. Mais pour faire adhérer le plus grand nombre à ces priorités, il faut encore permettre à chacun de comprendre ce qu’il peut faire pour agir. Si les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se doter d’installations photovoltaïques, les hôpitaux également, le sujet est encore mal connu des particuliers. C’est tout l’intérêt de ce forum qui propose à la fois d’expliquer ce qu’est l’énergie solaire photovoltaïque et de diagnostiquer la faisabilité technique et financière d’une installation au cas par cas.

« Un placement qui rapporte entre 8 et 12% par an »

Le principe est simple : les panneaux photovoltaïques installés sur le toit de votre maison captent les rayons du soleil et transforment cette énergie en électricité. Un onduleur la dirige vers le réseau de distribution d’EDF alors qu’un compteur de production enregistre la quantité d’énergie injectée dans le réseau pour la facturer à EDF. Votre maison devient ainsi productrice d’électricité, et vous, fournisseur d’EDF. « Avec cette connexion, chacun peut développer sa production énergétique, atteste Jean-Pascal Schaefer. C’est une énergie silencieuse, propre, sans émission de CO2, une vraie solution contre le réchauffement climatique. Il y a aussi un aspect économique : c’est un placement qui rapporte entre 8 et 12% par an ». Un crédit d’impôt de 50% s’applique également sur le prix de l’installation, et si vous n’êtes pas imposable, vous recevrez un chèque équivalent. C’est la Caisse d’Épargne, partenaire de ce forum, qui se chargera d’aborder la question des taux de financement, alors que les cabinets OI Consultants et JP Océan étudieront au cas par cas les applications fiscales possibles. En fonction du type de résidence, de sa situation géographique, l’entreprise Sorecar proposera quant à elle d’étudier l’application de l’installation. Comme le précise Jean-Pascal Schaefer, la situation optimale est que la maison se situe en monopente, à 20 degrés d’inclinaison avec une orientation au Nord. C’est pour l’idéal. Mais compte tenu de l’ensoleillement dont bénéficie l’île, habitat ancien ou récent, il semble, selon les acteurs, que tout soit possible et réalisable.

Un marché de 600 maisons par an

« Une maison à énergie positive, c’est possible sans faire d’effort incroyable », avance encore le Directeur de BP Solar. Produire plus d’électricité que l’on en consomme serait donc possible dans certains cas. Une électricité vendue 40 centimes d’euros le KW/h à EDF à qui on l’achète 10 centimes d’euros, soit une marge bénéficiaire attractive. Il faudra néanmoins toujours passer par EDF. A la différence de ce qui se fait en Californie, on ne peut injecter directement cette énergie chez soit puis revendre le surplus à EDF. Comme l’Allemagne, la France a fait le choix de tout vendre à EDF pour lui racheter son nécessaire de consommation. Question de concurrence peut-être ? L’installation est garantie 25 ans, les onduleurs entre 1 et 10 ans. A ce jour, à peu près 500 maisons individuelles sur les 210.000 que compte La Réunion seraient équipées en panneaux photovoltaïques. « Le gros de l’activité peut se faire sur l’existant », souligne le Directeur de BP Solar, qui évalue le marché à 600 maisons à équiper par an. Un marché ouvert donc, il ne reste plus qu’à convaincre les particuliers.

Stéphanie Longeras