Quand assimilation rime avec sous-développement
Coupures d’électricité : les Réunionnais subissent une conséquence du néocolonialisme français
24 octobre, par
Le système électrique à La Réunion est une conséquence de l’assimilation. C’est l’importation dans notre île du système français basé sur des grosses centrales. L’aspect néocolonial réside dans la propriété des moyens de production détenus par des sociétés étrangères à La Réunion. Le fonds de pension états-unien qui contrôle Albioma met la pression sur les travailleurs, la grève est inévitable et les Réunionnais subissent des délestages : assimilation rime avec sous-développement. À quand un réveil réunionnais ?
Les conséquences du conflit social à Albioma sont un cas d’école d’une politique d’assimilation qui entraîne La Réunion sur la pente du sous-développement. Albioma est la propriété d’un fonds de pension états-unien. Sa préoccupation n’est pas le développement de La Réunion mais le profit d’actionnaires situés à des milliers de kilomètres de notre pays. Il met la pression sur les travailleurs réunionnais. La grève est inévitable. Elle est à l’origine de coupures de courant à La Réunion.
Les Réunionnais qui croient vivre dans un pays développé doivent logiquement penser que ces délestages ne doivent jamais arriver. En effet en Europe occidentale, la moyenne annuelle de la durée des délestages se compte en heures. Mais La Réunion n’est pas la France, et à La Réunion, la durée moyenne des coupures de courant va se compter en journées.
Néocolonialisme et assimilation appliqués au secteur de l’énergie
Pourquoi un fonds de pension états-unien peut-il faire la pluie et le beau temps dans un secteur aussi stratégique que l’énergie ? Parce que La Réunion est soumise à un régime néocolonial. Il s’agit de transformer les transferts publics sous forme de salaires, d’aides publiques aux entreprises et de prestations sociales en profits pour des sociétés privées principalement rapatriés en France. Les Réunionnais doivent donc être exclus de la propriété des moyens de production les plus importants.
Albioma était à l’origine une société française. Par le jeu du capitalisme, elle est passée sous pavillon états-unien. L’autre grosse société de la production d’électricité est française, c’est EDF. Quand les Réunionnais paient des factures qui ne cessent d’augmenter, l’argent est transféré de La Réunion aux comptes de ces sociétés extérieures à La Réunion.
L’autre volet de ce néocolonialisme est l’importation du système français de production de l’énergie. Alors que La Réunion est une île bénéficiant d’énergies renouvelables en abondance permettant de produire moins cher de l’électricité de manière décentralisée, le réseau électrique reste calqué sur celui de la France : de grosses centrales assurent l’essentiel de la production. Ce qui peut être valable à Paris ne l’est pas ici. L’assimilation montre ses limites.
En effet, il suffit qu’un petit nombre de travailleurs soient contraints de faire grève pour que les outils de production de l’électricité de base soient sérieusement perturbés. Les moyens de production de la société française EDF ne suffisent pas à compenser la défaillance d’Albioma. EDF, qui gère aussi le réseau électrique réunionnais, lance des appels à la modération de la consommation. Voilà où en est arrivé La Réunion, à cause de l’assimilation découlant du néocolonialisme français.
Le sabotage de l’autonomie énergétique prévue pour 2025
Les Réunionnais sont pourtant capables d’innovation. Il importe de les libérer du joug de l’assimilation et du néocolonialisme. Cela suppose la prise de conscience que ce vieux régime mène notre île droit dans le mur. La multiplication des coupures de courant va-t-elle y aider ? On ne peut que souhaiter qu’elles contribuent à un réveil réunionnais.
En effet, l’énergie est un secteur stratégique. Le plan d’autonomie énergétique pour 2025 avec uniquement les énergies renouvelables réunionnaises, lancé en 1998 par Paul Vergès président de la Région Réunion, avait montré la seule voie du développement dans ce domaine. Il fut révélateur que ce plan fut détruit à partir de 2010 par des élus réunionnais qui avaient peur que La Réunion puisse emprunter ce chemin de la responsabilité. Il est en effet plus confortable de laisser Paris décider et de se contenter d’encaisser les bénéfices supposés de l’assimilation. Mais tout ceci a des limites. Le Budget 2025 interroge sur la capacité financière de Paris à continuer à acheter la paix sociale à La Réunion. Si la manne de Paris diminue, quel discours pourra encore tenir cette classe qui doit tout à l’assimilation et au néocolonialisme français ?
M.M.