Une nouvelle étape vers l’autonomie énergétique

De la vanille bio cultivée sous des serres photovoltaïques à La Réunion

19 février 2009, par Sophie Périabe

C’est l’idée innovante de la famille Saint-Lambert à Saint-Louis qui se concrétise aujourd’hui grâce notamment à la collaboration de Vincent Deroubaix, directeur de la société JP Energie Environnement. Une initiative saluée par tous et qui contribue au développement des énergies propres et à l’indépendance énergétique de La Réunion.

Nadia et Jean-Edouard Saint-Lambert sont agriculteurs depuis 1994. Ils ont un élevage de bovins et cultivent des bananes. Il y a 3 ans, ils ont voulu diversifier et investir dans une culture à forte valeur ajoutée. L’idée innovante vient de Jean-Edouard Saint-Lambert : « je voulais protéger les terres agricoles tout en associant les énergies renouvelables. Donc j’ai pensé à des serres agricoles sur lesquelles on disposerait des panneaux photovoltaïques ». Et l’idée séduit Vincent Deroubaix, directeur de la société JP Energie Environnement. Avec ces partenaires et ingénieurs, « ils élaborent un système pour apporter tout ce qui faut pour faire grandir le plant de vanille, en termes de luminosité, d’humidité, etc... tout en associant le photovoltaïque », explique Jean-Edouard Saint-Lambert.
Le projet de construction de serres photovoltaïques et de création d’une filière vanille bio à Bellevue, à Saint-Louis, est une première sur le territoire réunionnais.

Un projet 100% pays

Il s’agit d’une double occupation des sols : production d’électricité et production agricole. « L’innovation est qu’il n’y a aucune perte de terrain pour l’exploitant agricole ».
Les serres, 50 mètres sur 50, sont dimensionnées spécifiquement à la culture de la vanille, tout en prenant en compte les menaces cycloniques qui guettent notre île tous les ans. « Nous sommes au-delà des normes en vigueur », assure Vincent Deroubaix.
Le projet compte donc 3 parcelles de terres dans le quartier de Bellevue à Saint-Louis. La surface occupée pour les terres est de 5 hectares pour une puissance solaire de 5,7 MW. Cela représente une production annuelle de 8.000 MWh, soit la consommation annuelle de 2.100 foyers réunionnais.
Ainsi, la pollution évitée serait équivalente à 600 kg de CO2 et 85 kg de déchets radioactifs.
La culture de la vanille bio sera de type industriel. « On compte 40.000 plants de vanilles sur les 3 parcelles. Le design des serres a été pensé en fonction de la vanille, notamment par rapport à la luminosité, l’humidité nécessaires. La filière sera entièrement dédiée à l’export en zone Euro, nous sommes déjà en négociations avancées avec des centrales d’achat en métropole », assure Vincent Deroubaix. « La filière bénéficie du label bio via le lombricompostage du fumier de l’élevage de bovins » de la SCEA La Source de Jean-Edouard Saint-Lambert. En effet, les vers assimilent entre la moitié et une fois leur poids en déchets par jour en créant du lombricompost. C’est donc un engrais 100% naturel.
Le projet prévoit également la construction d’une usine de traitement de la vanille pour automatiser au maximum la filière.
Il s’agit donc « d’un projet 100% pays, ou plutôt de 4 projets : la production d’énergie, de vanilles, le lombricompost et l’usine », insiste Jean-Edouard Saint-Lambert, très fier que le projet se concrétise enfin. La première pierre du projet a été posée hier, la fin du chantier est prévue pour la fin de cette année.

 Sophie Périabe 


Paul Vergès pose la première pierre du projet de la ferme photovoltaïque à Bellevue, dans les Hauts de Saint-Louis, en présence du maire de la ville, Claude Hoarau. (photo Toniox)

Objectif : faire de La Réunion la vitrine de l’énergie du 21ème siècle

Les intérêts d’un tel projet sont bien évidemment multiples. D’ailleurs, le maire de Saint-Louis, Claude Hoarau, et le président de la Région, Paul Vergès, ont tenu à saluer l’initiative de cette famille saint-lousienne. « Cela s’inscrit tout à fait dans la logique qui est la nôtre depuis des décennies, ça fait longtemps que nous avons à l’esprit ce problème d’énergie », a indiqué Claude Hoarau. En effet, ce projet contribue à un des grands chantiers de la Région Réunion : atteindre l’autonomie énergétique à l’horizon 2030.
Le projet contribue également au développement de la filière solaire photovoltaïque. L’essor des énergies propres permet ainsi la préservation indirecte des ressources d’énergies fossiles et de notre planète. De plus, avec la création d’emplois que le projet engendrera, les retombées financières pour notre économie ne sont pas négligeables.
Bref, c’est un projet innovant et exemplaire qui contribuera, avec les nombreux projets de la Région, « à faire de La Réunion la vitrine de l’énergie du 21ème siècle », a conclu Paul Vergès.

 SP 


Le projet en chiffres

Le projet de culture de vanille bio sous serres et de production d’électricité à partir de l’énergie solaire commence sur 5 hectares où seront cultivés 40.000 plants de vanilles pour un coût de 30 millions d’euros. « Le financement s’est fait pour une grande partie par des emprunts bancaires, et la défiscalisation », explique Jean-Edouard Saint-Lambert.
La fin du chantier est prévue pour fin 2009, début 2010.
La surveillance des serres se fera par ordinateur assisté qui nécessitera 1 à 2 employés pour la maintenance et surveillance et 2 techniciens pour la maintenance photovoltaïque. En période de fécondation et récolte, il faudra compter environ une douzaine d’employés pour 5 hectares.
Ces ouvriers bénéficieront d’une formation dès septembre prochain par le biais du lycée agricole. Ils seront ensuite gérés par un groupement d’employeurs, lui-même géré par la commune ou une association.
D’ici 2012, les surfaces seront multipliées par 10, soit un total de 50 hectares qui produiront 100 tonnes de vanilles sèches par an destinées à l’exportation. Le projet comptera également une usine de traitement automatique qui permettra également le séchage ainsi que la fabrication de produits dérivés tels que le sucre vanillé ou la vanilline. L’ensemble du projet nécessitera un investissement de 250 à 300 millions d’euros.

SP

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Messages

  • Bonjour,

    Actuellement sur un projet de vanille biologique sur Tahiti, j’ai quelques questions au sujet de votre système d’exploitation :

    - Votre serre est-elle construite de manière à éviter l’intrusion d’insectes (pucerons notamment) vecteurs de maladie ?

    - Réalisez-vous un traitement fongicide (à l’aide bien entendu de substituts autorisés en agriculture biologique), si oui lesquels ?

    Merci d’avance pour vos réponses.

    Cordialement,

    Yann Buchon
    Directeur d’Exploitation SCA Vaihiria - Tahiti.

  • Bonjour,
    Je tenais à apporter une petite correction sur un point de l’article.
    Il est dit que ce projet, mettra en place la filière vanille bio à la Réunion. Je tenais à vous informer que cette filière existe déjà depuis plus de 2 ans.
    Depuis plus de 2 ans, on peut retrouver de la vanille bio de la Réunion dans de nombreuses manifestations bio en Métropole.
    Cette vanille vient de Saint-Philippe sur l’exploitation de Mr LEICHNIG Louis.

    Il est important que le créateur de cette filière ne reste pas inconnu.

    Merci

    • La vanille bio, c’est parfait ! j’espère simplement que l’exploitation de Mr 
      Leichnig reste de dimension humaine, puisque l’esprit "bio" est justement de
      ne pas produire de manière "industrielle" à grands coups de millions d’euros
      d’investissement, mais de manière à multiplier les petits exploitants désireux
      de trouver de la terre et de pouvoir vivre décemment de leur production...
      Mme Martin.


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