Produits pétroliers

De nouvelles hausses des carburants sont à craindre

Dans un contexte de crise alimentée par les forces conservatrices vénézuéliennes et nord-américaines

3 février 2003

Suite à la réunion du 30 janvier dernier entre les pouvoirs publics et les quatre compagnies qui approvisionnent le marché réunionnais en produits pétroliers et bouteilles de gaz, la Préfecture a fait connaître samedi dernier par communiqué les derniers ajustements tarifaires.

Ils entérinent une hausse des prix des carburants - un centime d’euro supplémentaire (+ 6 centimes de franc) sur le litre de super, 2 centimes d’euro sur le litre de gazole (+ 13 centimes de franc) - et une hausse nettement plus sensible du prix de la bouteille de gaz, qui augmente de 75 centimes d’euro (presque 5 francs).

Depuis le 1er février, les prix à la consommation sont passés, pour le litre de super, de 1,10 euro à 1,11 euro ; le gazole passe de 0,77 euro/litre à 0,79 euro/litre et la bouteille de gaz passe de 17,50 euros à 18,25 euros - ce qui fait presque 120 francs (119,71F exactement, contre 114,79F auparavant).

« L’évolution récente de la situation internationale (Irak et Venezuela notamment) a été le principal facteur haussier du marché : la baisse de la production provoquée par les tensions chez ces deux principaux producteurs mondiaux, couplée à une forte demande saisonnière, surtout sensible sur le gaz en période d’hiver boréal, contribue à dégrader les conditions du marché », retient le communiqué de la Préfecture comme explication de la conjoncture.

Perspective sombre

La crise internationale du marché pétrolier est alimentée par les forces conservatrices vénézuéliennes et nord-américaines, qui tentent un coup de force sur les richesses pétrolières mondiales.

Au Vénézuela, la bourgeoisie liée aux pétro-dollars donne des signes d’essouflement mais elle a plongé le pays dans un marasme économique sans précédent, après deux mois de grève dans les unités pétrolières. La production, aujourd’hui remontée à 1,5 million de barils par jour, a plus que triplé depuis la mi-janvier mais ne se situe encore qu’à la moitié du potentiel productif du Vénézuéla, approchant les 3 millions de barils/jour.

C’est encore dans le Golfe que la situation est la plus périlleuse, avec l’escalade verbale et militaire des autorités de Washington, qui tentent actuellement de persuader une opinion mondiale massivement rétive, de l’existence de "preuves" dont les enquêteurs de l’ONU auraient été privés, concernant un supposé réarmement de l’Irak. Les seules preuves indiscutables pour le moment sont celles d’une présence militaire yankee massive dans la région du Golfe, à laquelle il ne manque plus qu’un prétexte à la mise à feu. Cette perspective reste la plus sombre pour l’ensemble de la planète dans les mois à venir.

Menaces sur le coût de la vie

Concernant les hausses tarifaires dans notre île, le communiqué de la Préfecture ajoute qu’elles ont pu être contenues par « la bonne tenue de l’euro, en forte appréciation par rapport au dollar ».

Un autre élément stabilisateur est celui de la fiscalité locale, dont la Région n’a pas augmenté le taux lors de la délibération de décembre.
La fiscalité sur les carburants (le gaz n’est pas taxé) constitue les deux tiers de la structure du prix des produits.

Après les réunions trimestrielles avec les pétroliers (voir "Témoignages" du 23 janvier 2003), les autorités fixent un prix maximum des produits, par addition du prix d’achat FOB (free on board), augmenté du coût du fret et des assurances dans le prix CAF (coût assurance-fret), auquel s’ajoute la taxe de la Chambre de commerce et l’octroi de mer, dont une infime partie alimente le FIRT (Fonds d’investissement routier et transport).

Les produits pétroliers sont les seuls de l’île à être vendus pratiquement au même prix qu’en France, le coût du stockage à La Pointe des Galets restant très marginal (environ 10 centimes de franc sur les 7,28 francs du litre de super).

La bouteille de gaz, qui vient de connaître une hausse importante par répercussion d’une conjoncture défavorable dans l’hémisphère Nord, reste ici à un prix inférieur à ce qu’il est en France, où le gaz se vend entre 130 et 150F la bouteille.

Ces éléments, cependant, ne doivent pas amener à sous-estimer l’impact psychologique de hausses qui, dans la conjoncture actuelle, ne donnent pas de signe qu’elles vont s’inverser prochainement. Compte tenu de l’évolution du prix du pétrole et des menaces de guerre, les conséquences d’une intervention militaire en Irak risquent d’être très lourdes pour les coûts des produits pétroliers à La Réunion. Et donc pour le coût de la vie en général.


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