Le prix de la bouteille augmente

Des alternatives au gaz à trouver

2 février 2005

De toutes les hausses de carburant annoncées avant-hier, c’est celle portant sur la bouteille de gaz qui est la plus importante : plus de 59 centimes. Sans doute convient-il pour l’avenir d’imaginer des solutions visant à économiser sur la consommation du gaz.

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Sans pour autant être obligés de revenir à la tradition et de retourner à nos réchauds d’antan, nous pourrions réintroduire le bois dans nos cuisines. Un Saint-Paulois a, ces dernières années, promotionné un modèle de réchaud permettant une utilisation économique de ce matériau. Alain Séraphine a, quant à lui, construit un appareil dit “fourneau portois” dont les performances - qu’il n’a cessé d’améliorer - sont extraordinaires. Enfin, un inventeur suisse a bricolé un modèle de réchaud solaire, dont l’utilisation est d’une simplicité biblique et dont plusieurs exemplaires sont exploités à Madagascar, du côté de Tuléar.
A l’occasion des Assises sur le Logement qui ont eu lieu en 2003, le Parti Communiste Réunionnais a proposé d’installer dans tous les nouveaux logements sociaux un système de cuisson économique, de manière à laisser aux futurs occupants une alternative au gaz ou à l’électricité. Le coût de l’installation de ces appareils - le PCR parlait du “fourneau portois” - serait intégré dans le coût de la maison et donc pris sur les crédits de la LBU non utilisés (1).
Cette proposition est elle-même, intégrée dans une action globale d’économie énergétique et d’une politique visant à rendre La Réunion auto-suffisante pour ses besoins en énergie.
Les hausses concernant l’essence et le gas-oil sont moins importantes. Elles interviennent quelque temps après celles qui ont eu lieu en Métropole. Le mécanisme d’approvisonnement de notre île et le système de fixation de prix des carburants sont en effet différents.
Dans l’Hexagone, le gouvernement avait utilisé le surplus de recettes fiscales résultant des hausses pour proposer des compensations à différentes catégories d’utilisateurs. Le 13 octobre, le ministre de l’Économie, Nicolas Sarkozy, annonçait une baisse de quatre centimes des taxes sur le gazole pour les agriculteurs de juillet à décembre. Un compromis était trouvé entre le ministère de l’Agriculture et les pêcheurs.
Pour sa part, le secrétaire d’État aux Transports, François Goulard, s’était entendu avec les acteurs du transport routier pour proposer des mesures. Patrick Devedjian, ministre délégué à l’industrie, annonçait que le gouvernement aiderait les catégories sociales touchées par la hausse du prix du pétrole.
A La Réunion, seul le Syndicat des armateurs réunionnais à la pêche palangrière pélagique se déclarait, il y a quelques mois, se montrer vigilant. Si nécessaire, les mesures décidées sur le plan national devraient être étendues à La Réunion. On devrait voir, dans les jours qui viennent, les réactions des uns et des autres, même si, certaines situations sont ici différentes. Les planteurs, par exemple, bénéficient d’une détaxe sur le gas-oil pris en charge par la Région.

J. M.

(1) Le PCR proposait aussi sur le même mode de financement de doter chaque logement d’un chauffe-eau solaire.


Prix de l’essence

Une hausse à relativiser

Dans son journal de 8 heures, hier matin, Radio-Réunion annonçait : "l’année commence mal pour les automobilistes", faisant de ces derniers les principales victimes de la hausse des carburants et des tarifs du fret. Ce qui est un peu exagéré. Car la hausse la plus significative, en matière de carburants, est celle du gaz. Et la hausse du prix de l’essence est à relativiser.
En effet, à 1,22 euro le litre, le prix du litre du super reste inférieur ou équivalent au prix du litre de coca. Comment peut-on accepter de payer plus cher une boisson dont on connaît les effets sur la santé et mal s’accomoder du prix d’un litre de super, dont on sait qu’il permet à une voiture et à ses occupants de se déplacer sur au moins une douzaine de km.
Même à un prix du litre inférieur à celui du coca, l’essence permet à tous les acteurs de la filière (depuis le pompiste jusqu’aux grandes compagnies en passant par les distributeurs et les pays producteurs) de bien vivre et pour certains d’engranger d’énormes bénéfices. Les derniers grands scandales politico-financiers qui ont secoué la France (le dossier Christophe Mitterrand, l’affaire Elf) démontrent que les grandes compagnies gagnent suffisamment pour pouvoir corrompre.
Mais ce n’est pas là le principal paradoxe - pour ne pas dire scandale - de la consommation de produits pétroliers pour les voitures.
Voilà un produit que la nature a mis des millions d’années à créer. Pour permettre à une voiture de se déplacer, on en brûle d’énormes quantités. Nous savons que nous pouvons tirer d’autres produits du pétrole. Nous pouvons l’utiliser autrement. Nous le gaspillons. Nous le dilapidons et nous le détruisons et le transformons en gaz polluant l’atmosphère, uniquement pour faire bouger une voiture. Nous savons aussi que nous pouvons trouver d’autres moyens, d’autres carburants pour la consommation automobile.


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