Avenir photovoltaïque

EDF donne en exemple ses bâtiments à énergie positive

17 juin 2008

Hier matin, EDF a dévoilé sur son site portois de la ZAC 2000, où est le service “Opérateur de Réseaux”, ses premiers bâtiments à énergie positive. La ferme photovoltaïque installée sur les toits de la SOFILO est au 5ème rang par sa production, mais pour EDF, c’est une première nationale : cela se passe à La Réunion et ce n’est pas un hasard.

Sur trois bâtiments et 2.300 m2, la production photovoltaïque associée à une maîtrise de la consommation d’énergie converge vers un solde positif - premier pas vers le stockage de l’énergie.(phot PD)

L’Etat, la Région, EDF et l’ensemble de ses partenaires pour la production d’électricité tirée des énergies renouvelables avaient tous rendez-vous au Port, hier matin, où les a accueillis Jean-Yves Langenier, le Maire de la cité maritime. Il y avait quelque chose d’irréel à ce “compagnonnage”, après toutes ces années passées à convaincre les dirigeants de passage d’EDF de l’importance de s’engager dans la voie des énergies renouvelables (EnR) en système insulaire - et cependant, il scelle aujourd’hui la réalité d’un partenariat souligné par tous les intervenants.
Avec le directeur régional d’EDF, Jean-Michel Deveza, était présent le directeur régional de Tenesol, Yannick Melle, qui vient de prendre ses fonctions dans notre île après plusieurs années passées dans le pôle Caraïbes, en Martinique. Cette ferme photovoltaïque EDF a vu le jour à partir de l’appel à projet lancé en 2007 par la Région pour la réalisation de 6 MWc (six méga Watt crête, représentant la puissance créée par un panneau solaire quand le soleil est au zénith), après les 5 MWc mis en place par l’appel à projet 2006.
La ferme EDF en elle-même est de taille plus modeste : installée sur environ 2.300 mètres carrés de toiture, sa puissance de 307 kWc devrait produire annuellement 455 MW/h, selon Yannick Melle, soit l’équivalent de la consommation de 120 foyers réunionnais (pour une consommation domestique moyenne de 3.778 kW/heure). Elle est la cinquième ferme de ce type installée à La Réunion, après la SAPRIM (1,720 MW), la SITAR (1,33MW), la SODEXPRO (1,20 MW) et MGR (600 kW) - quatre de ces cinq sites se trouvant au Port.
La particularité de cette ferme EDF est d’afficher sur un panneau numérique qui se trouve à la vue de tous, sur la façade de la rue Darwin, la production et la consommation cumulées des bâtiments. La production annuelle d’EDF sur ce site représente, sur 1 an, une économie d’énergie de 38 Tonnes Equivalent Pétrole (TEP) qui ne seront pas consommés, évitant ainsi le rejet sur la même durée d’environ 312 tonnes de CO2. C’est ce panneau que les officiels ont dévoilé hier, montrant un cumul d’énergie qui n’en est qu’à son tout début puisque l’installation a été livrée le 6 juin dernier (voir la photo ci-contre).
Dans sa présentation, Jean-Michel Devéza a rappelé que, parmi les missions d’EDF - gérer le réseau électrique, distribuer l’électricité partout et produire -, il ne remplit la troisième qu’à hauteur de 40%, et pour les trois-quarts, l’énergie produite par EDF l’est à partir de l’hydraulique. Mais dans la phase de « transition énergétique » actuelle, chacun est bien conscient qu’il faudra faire plus - l’éolien et le photovoltaïque sont les deux sources offrant la meilleure marge de progression - et le directeur régional a réaffirmé l’engagement d’EDF « au service des ambitions du PRERURE » (Plan régional pour les EnR et l’Utilisation rationnelle de l’énergie), soulignant le rôle de « piliers » joué par la maîtrise de la consommation d’énergie, par les EnR qui, actuellement, apportent 37% de la production, et par le stockage de l’énergie. Il a également évoqué un partenariat avec la Région, portant sur un projet de stockage électrochimique, à base de technologie sodium/soufre. Des batteries permettraient ainsi de restituer sur le réseau, aux heures de pointe, l’énergie produite pendant les heures creuses.
Au Port, où le partenariat est « historique », a noté Jean-Michel Devéza, cette nouvelle ferme s’inscrit dans le projet “Le Port, ville solaire” dont Jean-Yves Langenier a synthétisé les grands enjeux. Entre les chauffe-eau solaires 10 MW) et les lampes à basse consommation (3 MW), la ville est sur la voie d’une centrale éclatée qui atteindra à terme les 30 MW, a dit le maire du Port - non sans rappeler au passage que l’Outre-mer attend toujours un décret interministériel sur la réglementation thermique du bâti.
La maîtrise de l’énergie étant, dans tous les projets, le premier pas à faire, EDF a mis en œuvre depuis novembre un Plan de Déplacement d’Entreprise visant à réduire les émissions de polluants lors des déplacements des salariés, des clients et des fournisseurs.
Le président de Région a vu dans la nouvelle installation un élément supplémentaire - et remarquable - sur la voie tracée en 2000-2003 par le PRERURE. « Cet édifice à énergie positive renverse tous les termes des habitudes conduisant à consommer sans voir les conséquences de sa consommation ». Changer ces habitudes de consommation suppose d’associer toujours plus la population - comme ont permis de le faire les 80.000 chauffe-eau solaires installés et la distribution de 1,2 million de lampéco. Il a aussi noté que depuis l’engagement régional, d’autres initiatives ont été formulées, jusqu’à la mise en forme du plan gouvernemental “Réunion 2030” qui « fait prendre la mesure du chemin parcouru ». Son rêve, associé à la route des Tamarins, est d’imaginer qu’un jour, nos véhicules s’arrêteront sur des aires de repos pour « faire le plein d’électricité », dans la logique d’un projet régional qui vise à libérer l’île d’une facture pétrolière qui s’est élevée en 2007 à 450 millions d’euros.
Un autre rêve - au sens que lui donnait aussi le philosophe Gaston Bachelard, dans la construction de la pensée qui guide l’action - est que cet engagement ferme de La Réunion servira un jour de levier pour l’entraînement des îles de l’océan Indien.
Entraîner les bientôt 47 millions d’habitants de nos îles dans un projet d’autonomie énergétique ? Le Préfet, Pierre-Henry Maccioni, n’est pas contre. « Tout peut se négocier, en anticipant », a-t-il dit en soulignant la complémentarité des différentes projections - PRERURE, GERI, Ile verte, Réunion 2030 concourent tous, à des niveaux ou dans des dimensions différents, à construire « l’œuvre collective » qui permettra d’atteindre l’objectif d’autonomie énergétique. Dans cet ensemble, il a souligné que le cadre apporté par le dispositif GERI doit réaliser « l’application de toutes les technologies aux EnR ».

P. David


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