L’évolution de la mentalité des Réunionnais sera tout aussi importante que la recherche et le développement dans le domaine des énergies renouvelables. Aujourd’hui, le photovoltaïque et l’éolien sont en plein essor sur l’île mais à elles seules ces deux énergies ne pourront répondre à la demande énergétique réunionnaise. Il faudra un véritable mix énergétique 100% énergies renouvelables pour atteindre cet objectif ambitieux.
La recherche et le développement dans le domaine des Energies Renouvelables Marines (ERM) sont en pleine expansion. De nombreux projets passent du domaine de la Recherche&Développement (R&D) à celui de l’industrialisation ou de la commercialisation. Au milieu de l’Océan Indien, La Réunion bénéficie de tous les atouts pour développer les ERM. La houle vient des hautes latitudes australes. Tout comme l’eau froide profonde vient de l’Antarctique alors que l’eau de surface à La Réunion est en moyenne à 26°C. Il semble tout à fait envisageable de récupérer à La Réunion, l’énergie de la houle et l’Energie Thermique des Mers (ETM) ainsi que l’ensemble des autres énergies renouvelables marines.

Production dans 2 ans

En 2003, une étude de l’ARER (Agence Régionale de l’Energie de la Réunion) sur l’énergie des vagues a mené à l’identification d’un site idéal pour la mise en place de systèmes houlomoteurs. Cette étude, confirmée par celle d’un bureau d’études, a suscité l’intérêt d’un consortium d’industriel à réaliser une étude de faisabilité pour l’implantation de systèmes PELAMIS en face de Saint Pierre. L’étude de faisabilité se terminerait vers la fin 2010. Si les résultats sont prometteurs, l’implantation des premières machines se ferait vers la fin 2011. D’autres industriels sont aussi intéressés pour développer leurs technologies à La Réunion. En 2015, l’énergie de la houle pourrait produire environ 5% de l’énergie réunionnaise.

L’Energie Thermique des Mers consiste à utiliser la différence de température entre l’eau chaude de surface en moyenne à 26°C et l’eau froide profonde à 5°C à 1000m de profondeur. Inépuisable tout autour de l’île, cette énergie renouvelable pourrait remplacer le charbon. Par ailleurs, les atouts de cette technologie seraient de développer, à la fois la production d’eau douce, la climatisation, l’aquaculture, la culture d’algues et de nouvelles zones de pêcheries à proximité des côtes...

20% de notre énergie venue du fond de la mer

Grâce à la participation de la mairie du Port, du TCO et de la mairie de Saint Rose, l’ARER a mené, en 2008 et 2009, en partenariat avec l’ARVAM (Association de Recherche pour la Valorisation Marine) des prélèvements d’eau froide profonde jusqu’à 1000 m de profondeur au Port et 1600 m à Sainte Rose. A ces profondeurs abyssales, le thermomètre afficha respectivement des températures de 5.1°C et 2,9°C. Aujourd’hui, une étude de faisabilité pour la mise en place d’un démonstrateur ETM pourrait voir le jour. Cette énergie constituerait un pilier du mix énergétique de 2025 avec environ 20% de la production énergétique réunionnaise.

En 2009, grâce à la participation de la Mairie de Saint Paul et de partenaires privés, l’ARER va étudier les courants en Baie de Saint Paul. Lors de l’ancrage de parcs à poissons, des plongeurs se sont faits entraînés par des courants puissants de fond. Il semble qu’un effet d’entonnoir (de vidange) se produit dans la vallée sous-marine de la baie de Saint Paul. Un courantomètre sera posé sur le fond marin en 3 points de la Baie de Saint Paul pour caractériser ces courants (force, fréquence et direction). Ces mesures de courants seront ensuite corrélées avec les phénomènes météorologiques locaux (vent, houle, marée) pour déterminer l’origine de ces courants. Une note d’opportunités sur l’exploitation de l’énergie de ces courants sera réalisée et agirait comme un feu vert/feu rouge pour le lancement d’une étude de faisabilité pour l’implantation d’hydroliennes (éoliennes sous marine).

La Réunion : un pôle d’excellence

L’énergie osmotique est aussi étudiée à Sainte Rose. Cette technologie consiste à récupérer l’énergie de la différence de salinité entre l’eau douce, rejetée par la centrale hydroélectrique de Sainte Rose, et l’eau de mer salée.

Un stage de R&D évaluera le potentiel de développement des microalgues dans le domaine de la production de biocarburants, remédiation de CO2 de centrale thermique, de production d’aliments pour bétails ou pour le développement de l’aquaculture.

Dans le cadre de la fiche « Energies de la mer » du PRERURE (Plan Régional des Energies Renouvelables et de l’Utilisation Rationnelle de l’Energie) l’ARER rédige le Schéma Régional des Energies de la Mer (SREMER). Il sera annexé au SAR (Schéma d’Aménagement Régional) et au Schéma de Mise en Valeur de la Mer (SMVM) pour permettre le développement des énergies marines sur l’ensemble du territoire de La Réunion.

Les énergies de la mer présentent un grand potentiel de développement à La Réunion. Elles feront partie intégrante du mix énergétique réunionnais de 2025. Cependant, la plus méconnue des énergies renouvelables marines, l’Energie Thermique des Mers est de loin la plus importante.
Elle sera indispensable pour parvenir à l’autosuffisance énergétique électrique de La Réunion et présentera le plus grand potentiel de développement local avec la multitude de co-produits, qu’elle peut générer. Les projets d’Energie Renouvelables Marines, qui se matérialiseront à La Réunion, rayonneront à travers l’Océan Indien et au niveau mondial.

Agence Régionale de l’Energie Réunion
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