Joseph Romuald Toussaint, conseiller en coopération internationale du gouvernement

Haïti : Intégrer le transfert de technologie pour l’adaptation au changement climatique dans la solidarité internationale

9 juillet 2008, par Manuel Marchal

La facture pétrolière représente 40% des importations d’Haïti. Le pays réfléchit donc à des alternatives et montre son intérêt pour la co-génération à partir de la bagasse, la production de biocarburants responsables et l’éolien.

« Nous sommes venus pour plaider la cause des pays ACP et des Petits États insulaires en développement (PEID) qui ont une réalité différente de celle des RUP.
Même si des caractéristiques communes nous rassemblent, nous sommes très divers. Nous sommes une mosaïque de situation et nous voulons que l’Union européenne prenne en compte cette diversité à travers une approche holistique.

Par exemple, Haïti est un PEID et est le seul PMA de l’Amérique. La vulnérabilité de l’insularité est aggravée par une pauvreté extrême, et par la faiblesse des infrastructures.

Concernant par exemple le 10ème Fonds européen de développement (FED), nous aimerions que l’Union européenne intègre mieux les aspects environnementaux.

Joseph Romuald Toussaint souligne qu’Haïti est très préoccupé par le coût financier de l’adaptation au changement climatique.(photo MM)

Par ailleurs, nous sommes très préoccupés par le coût de l’adaptation au changement climatique, et le déficit financier que cela entraîne.
Nous considérons que si un effort doit être fait au niveau de l’aide au développement, on ne peut pas dissocier aide au développement et adaptation. Le transfert de technologie, adapté à notre culture et avec également la formation adéquate doit donc faire partie de cette nouvelle solidarité.

Il est important de réfléchir donc à des mécanismes financiers novateurs.
Sur la question de notre situation énergétique, nous importons du mazout et du gasole. Cela représente 40% du total de nos importations, cela pèse lourdement sur l’économie d’Haïti. Et la hausse du pétrole aggravera encore la situation si nous ne développons pas d’autres énergies. Car pour le moment, nous avons un barrage hydraulique qui alimente la capitale et fournit 50% de notre consommation.

Nous militons pour la création d’un fonds de développement régional pour la promotion des énergies renouvelables. Nous sommes intéressés par les expériences réunionnaises et mauriciennes de co-génération avec la bagasse pour produire de l’électricité. C’est un créneau qui peut nous aider pour produire de l’énergie tout en intensifiant la biodiversité. En effet, Haïti a de la canne à sucre. Nous souhaitons également développer les biocarburants responsables, c’est-à-dire qui n’entrent pas en concurrence avec les cultures vivrières. Le jatropha est une possibilité à explorer, c’est une plante que l’on trouve à l’état endémique. Et, bien entendu, la canne à sucre peut être un moyen de fabriquer ce biocarburant.

Nous avons également identifié un potentiel hydroélectrique de 50 mégawatts au bord d’un lac.
Nous sommes également intéressés par l’éolien, quant au photovoltaïque, il est encore trop cher. »


Haïti et La Réunion : points communs

D’une superficie de 27750 kilomètres carrés (un peu plus de dix fois La Réunion), Haïti est peuplé par 8 millions d’habitants (dix fois la population réunionnaise). La densité de population est un facteur qui unit nos deux pays, tout comme l’héritage de la société de plantation. Le relief est également montagneux à 75%. Enfin, Haïti est le premier exportateur mondial d’huile essentielle de vetiver, une culture pratiquée aussi à La Réunion.


Les planteurs propriétaires de l’usine sucrière

La canne à sucre est cultivée depuis plusieurs siècles à Haïti, mais aujourd’hui le sucre n’est plus le produit principal. Et il ne reste plus dans le pays qu’une seule usine sucrière.
Mais force est de constater que cette usine appartenait à un groupe italien. Elle a été rachetée et maintenant elle appartient à la coopérative des planteurs.

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