Autonomie énergétique et préservation de la ressource en eau

Inde : canal recouvert par des panneaux photovoltaïques

15 janvier 2014

En Inde, l’Etat du Gujarat expérimente un nouveau type de centrale photovoltaïque. Les panneaux recouvrent un canal, afin de produire de l’électricité tout en évitant l’évaporation d’une eau précieuse pour l’irrigation. A La Réunion, il existait un projet de recouvrir la route des Tamarins avec des panneaux solaires pour aller vers l’autonomie énergétique. Les socialistes en ont décidé autrement : ils ont choisi de faire perdre l’Alliance pour faire gagner Didier Robert tête de liste UMP. Ce qui se fait en Inde donne un aperçu de ce que nous pourrions gagner à La Réunion, si ce projet était relancé.

Voici la première tranche du projet : les panneaux solaires sont fixés sur les murs du canal. La centrale n’empiète sur aucune terre agricole, et elle évite les pertes d’eau dans le réseau d’irrigation, au grand bénéfice des paysans.

Avant 2010, l’ancienne direction de la Région Réunion avait avancé sur un projet d’autonomie énergétique pour 2025. Une des pièces maîtresse était le recouvrement de la route des Tamarins par des panneaux solaires, proposé par Paul Vergès. Afin de dépasser l’opposition d’EDF à intégrer plus de 30% d’électricité tirée du vent ou du soleil sur le réseau, ces panneaux solaires auraient pu alimenter les batteries des voitures électriques. Rappelons qu’une voiture électrique utilise son énergie accumulée pour se déplacer, mais aussi pour la restituer lorsqu’elle est branchée sur le réseau, comme une minicentrale électrique. C’est une des applications du smart grid, réseau électrique intelligent où un maximum de personnes sont à la fois consommateurs et producteurs.

Quand les socialistes ont décidé de faire perdre l’Alliance pour offrir la direction de la Région à l’UMP conduite par Didier Robert, ils ont fait capoter le projet d’autonomie énergétique et mis les Réunionnais dans la main des monopoles du pétrole et du charbon.

Mais manifestement, l’idée de Paul Vergès converge avec un autre projet, celui du recouvrement des canaux par des panneaux photovoltaïques en Inde.

Premier objectif : 2.200 mégawatts

Ce pays de plus d’un milliard d’habitants deviendra au cours de ce siècle le plus peuplé du monde devant la Chine. L’Inde sera aussi la troisième puissance économique mondiale, derrière l’Empire du Milieu et les Etats-Unis. Ces besoins vont donc augmenter.

En 2012, elle a été victime d’une panne générale lourde de conséquence. 600 millions de personnes ont été privées d’électricité à cause d’une défaillance du réseau. Elle doit donc rechercher un autre système.

L’idée expérimentée au Gujarat fait d’un problème un atout. La région est sèche. Les agriculteurs ont besoin d’irriguer pour avoir des rendements suffisants. C’est pourquoi existe là-bas un canal d’irrigation à la hauteur des besoins. C’est le canal Narmada. Long de 450 kilomètres, il est le plus long du monde dans sa catégorie. C’est la partie la plus imposante d’un réseau de 19.000 kilomètres amenant dans les plantations le précieux liquide. Mais une partie importante de l’eau s’évapore sous l’effet de la chaleur.
Depuis l’an dernier, 750 mètres d’un canal ont été recouverts par des panneaux photovoltaïques.

Selon l’estimation rendue publique par Narendra Modi, Premier ministre du Gujarat, la couverture de seulement 10% du réseau de canaux d’irrigation de l’État permettrait de produire 2.200 mégawatts de puissance, soit bien plus que le plus important réacteur nucléaire d’EDF en service.

A la différence de n’importe quelle autre centrale, le projet indien ne coûte rien en foncier, et les murs des canaux servent de support pour les panneaux. La couverture de 10% du réseau actuel ferait donc économiser l’achat de 4.400 hectares de terres pour construire des centrales photovoltaïques.

Recouvrir au moins 10% du réseau final

Cette première tranche n’est que le début d’un vaste projet. A terme, dans 50 ans, le réseau d’irrigation du Gujarat doit s’étendre sur 75.000 kilomètres. La couverture d’uniquement 10% produira autant d’électricité qu’une dizaine de réacteurs nucléaires actuels, et cela empêchera l’évaporation de milliards de litres d’eau.

Ce projet indien rappelle donc la pertinence de la couverture de la route des Tamarins : concilier autonomie énergétique et préservation du foncier.

Il pourrait aussi s’appliquer à un autre type de basculement des eaux : de la rivière de l’Est aux zones sèches de l’Ouest en passant par la Montagne grâce à un canal à ciel ouvert, une proposition faite voici plus de 50 ans par le Docteur Raymond Vergès.

Paul Vergès avait proposé de poursuivre le grand chantier de la route des Tamarins en la recouvrant de panneaux photovoltaïques. Les Indiens montrent concrètement la pertinence de ce projet.
Energies renouvelablesA la Une de l’actuRoute des Tamarins

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