Avec les énergies renouvelables et les économies d’énergie

L’autonomie énergétique n’est plus une utopie

5 juillet 2008

A quelques jours de l’ouverture du Sommet international sur les changements climatiques et la biodiversité, la Région Réunion, l’Agence régionale Energies Réunion, l’Observatoire Energie Réunion et leurs partenaires ont présenté un bilan condensé des actions qui, depuis dix ans (1998), ont fait de La Réunion un territoire à évolution rapide dans la transition qui doit conduire le monde de la dépendance aux énergies fossiles à l’autonomie par les énergies renouvelables.

Jeudi s’est tenue à l’Hôtel de Région la 3e assemblée générale de l’Observatoire Energie Réunion depuis sa création par l’ARER en 2006 et à cette occasion, la déléguée de l’Observatoire, Gaëlle Gilboire, a présenté l’édition 2008 de l’Etat de l’Energie solaire à La Réunion - une publication de l’ARER consultable à partir d’aujourd’hui sur le site de l’Agence régionale (Voir ci-après).
Puis Christophe Rat, directeur de l’ARER, a replacé dans son contexte les évolutions de cette structure, créée en 2000 et passée de 4 à 30 agents (dont 6 chargés de mission), dotée d’un budget de 1,8 million d’euros, présente dans cinq agences plus une à Mayotte et pièce active d’un réseau international pour la résolution du problème de stockage de l’énergie, ainsi qu’auprès des îles de l’Océan Indien.
« Aujourd’hui, on voit changer d’échelle tous les projets d’Energies renouvelables » a-t-il dit en citant les nombreux projets “démultipliants” dans les différentes villes de l’île, dont certaines - Le Port, Sainte-Suzanne - se sont positionnées comme “villes solaires”, à l’avant-garde d’un mouvement qui se généralise.
Avec l’activité déployée par l’ARER depuis huit ans, son principal animateur pense que « La Réunion a prédimensionné son système énergétique de 2025 » et que cela « a des répercussions sur ce qui se passe actuellement dans le monde » en matière d’énergies renouvelables.
L’ARER sera bien évidemment présente dans le Sommet de la semaine prochaine, et particulièrement interpellée par les problématiques du “Comment s’adapter pour résister aux changements climatiques ?” et de la sécurité alimentaire vue essentiellement sous deux angles : la gestion durable de l’eau et les avancées technologiques à trouver pour des activités agricoles hautement dépendantes de l’énergie.
L’impact d’un coût du baril annoncé pour bientôt à 200 dollars (US) va continuer de provoquer des ondes de choc sur l’économie mondiale, et plus encore sur les petites économies insulaires. La seule échappatoire réside dans une accélération des solutions alternatives, posant tous les termes d’une vraie maîtrise de la dépense énergétique, jusqu’au recyclage des déchets et des matériaux, par filières.
Sur le plan des dispositifs incitatifs et fiscaux, la perspective est tracée, mais il reste à convaincre la commission européenne, avant la fin 2008, de rétablir les crédits du FEDER jadis utilisés dans le secteur du logement social. L’ARER doit aussi remettre dans les prochains jours, à la Région, un programme technique général sur les perspectives “solaires” de la route des Tamarins dont le potentiel, chiffré en dizaines de Méga Watt, va donner lieu, après les études engagées dès 2003, à des expérimentations qui, si elles sont concluantes, s’étendront dans l’avenir à d’autres segments du réseau routier. Ce qui a fait dire à Paul Vergès, pour conclure (voir aussi plus bas), que La Réunion « est passée de l’utopie, du rêve, à la réalité, de façon très rapide ». Sur dix-douze ans, pratiquement.

P. David


Etat des lieux du solaire

La publication de l’ARER préparée par l’Observatoire fait un état des lieux des filières solaires (thermiques et photovoltaïques) sur la période 1990-2006, en détaillant tous les éléments techniques (cartographie, suivie des aides et fiscalité) permettant de comprendre et d’accompagner la dynamique des technologies du solaire sur notre territoire. Pour tout savoir sur “Où en est La Réunion avec le solaire ?”, c’est la publication adéquate. Elle fait le point - à un temps T qui est 2006 - sur les 73.230 chauffe-eau solaires installés - qui situent La Réunion au 2e rang européen, derrière Chypre, pour son ratio de surfaces installées par habitant (418 m2/1000 habitants)- les systèmes photovoltaïques -211 connectés en réseau et 641 systèmes isolés pour plus de 6.400 m2 de surface et 649 kWcrête - la dynamique de ces installations (y compris en termes d’emplois) et leur répartition sur le territoire. Il est aussi question des impacts environnementaux et économiques des deux filières solaires.
On sait aujourd’hui que l’impact environnemental des chauffe-eau solaires est d’épargner plus de 74.000 tonnes de CO2 qui, grâce à eux, ne sont pas renvoyées dans l’atmosphère, ou encore l’équivalent de 114 GigaWatt/heure d’électricité. Pour le photovoltaïque, en terme de puissance installée, La Réunion est en 3e position, derrière le Luxembourg et l’Allemagne. L’impact environnemental est de 1,6 GWh d’électricité, qui a permis d’éviter 1040 tonnes de CO2.
Consultable sur le site : http://www.arer.org


Le prix du baril de pétrole et l’accélération tendancielle du rêve...

Le président de Région aime à répéter souvent cette pensée attribuée à Guillaume d’Orange, « où il y a une volonté, il y a un chemin ». En l’occurrence, jeudi, c’était pour rappeler le chemin parcouru depuis plus d’une dizaine d’années. Exactement, depuis le moment où il a tenté pour la première fois, en septembre 1996, de sensibiliser les médias réunionnais au réchauffement climatique et à ses effets transformateurs de notre civilisation “consommatrice”.
Deux ans plus tard, il était élu à la présidence de la Région Réunion et lançait les programmes structurants, dont ceux qui, dans le domaine des énergies, font aujourd’hui de notre île le laboratoire grandeur nature vers lequel vont converger, la semaine prochaine, les participants au colloque de l’Union Internationale pour la Conservation de la nature (UICN). « Le concept de laboratoire se confirme », a-t-il commenté, « tant pour nous, que pour l’ensemble des territoires insulaires ».
On le verra mieux avec l’ouverture du Sommet de la semaine prochaine (7-11 juillet), mais ce rôle se confirme aussi bien d’un point de vue expérimental que pour la réalisation de projets grandeur nature, qui - a ajouté le président de Région - « attirent l’attention de grandes sociétés françaises », autant pour les applications que ces technologies de l’énergie peuvent avoir dans notre île, que celles envisageables dans les îles avoisinantes. Pour l’heure, nous servons de “poisson-pilote” aux îles de l’Océan Indien. Mais il y a fort à parier, au train où vont les choses, qu’elles prendront demain leur place dans la compétition, pour nous rattraper. « Les autres îles ont le même potentiel que nous » a averti Paul Vergès, dans une invitation à ne pas s’endormir sur d’hypothétiques lauriers...
Le cheminement relativement rapide vers la prise de conscience qui a conduit aux convergences actuelles dans les politiques publiques de l’énergie (Prerure, Ile Verte, G.E.R.R.I...) est lui-même le fruit d’un emballement général qui se traduit notamment par les hausses vertigineuses du prix du baril de pétrole brut et de nombreuses matières premières.
L’enjeu pour les 20 à 30 prochaines années - a indiqué le président de Région - est de transférer des dépenses énergétiques toujours croissantes, parce qu’elles sont des dépenses de fonctionnement (liées de surcroît à une démographie en hausse), à des frais fixes d’investissement dans les EnR, lesquelles ensuite fonctionnent gratuitement.
L’intervention du président de Région laissait entendre, jeudi, que ces questions de “transfert de la facture pétrolière” et de “péréquation” (dans le cas d’EDF) seront, entre autres, au cœur des discussions financières pour la réussite de notre transition énergétique.
Mais le phénomène le plus marquant est celui de l’accélération tendancielle du temps et des événements, dans la réalité et dans les rêves où on la projette.
Quoi de plus juste, pour l’illustrer, que ce trait d’autodérision surgi de la conclusion de Paul Vergès - l’avant-gardiste d’hier, Grand Rêveur immergé dans l’action, “pris de vitesse” par l’emballement de son rêve et par les forces qu’il a mises en mouvement ?

P. David

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