Journée mondiale de l’environnement

L’autonomie énergétique : sortir de la crise de civilisation

5 juin 2008, par Manuel Marchal

La Journée mondiale de l’environnement est le constat de l’échec du modèle de développement dominant : il offre un niveau de vie correct à 20% de la population mondiale parce qu’il repose sur la misère de 80% des êtres humains. S’appuyant sur le pétrole, il atteint aujourd’hui ces limites. Les manifestations contre la hausse des prix des produits de première nécessité et la hausse des prix des carburants ne sont pas simplement conjoncturels : elles marquent une crise de civilisation.

Cette Journée mondiale de l’Environnement est l’occasion d’un constat : l’échec du modèle de développement dominant et à partir de là son incapacité à garantir pour tous les êtres humains le respect des droits universels, dont celui d’un Environnement préservé.
Elaboré en Occident à partir du 19ème siècle, le modèle de développement qui domine la planète atteint aujourd’hui clairement ces limites. Les émeutes de la faim et la crise pétrolière sont les révélateurs d’une crise de civilisation. En effet, ce modèle ne permet qu’à 20% de l’humanité de vivre décemment, à condition que 80% des autres habitants de la planète soient condamnés à la pauvreté. A partir du moment où une fraction de ces 80% tente d’atteindre le niveau de vie de l’Occident en utilisant les recettes du modèle dominant, ce dernier s’emballe et court vers l’impasse.
Il est donc nécessaire de mettre en œuvre rapidement un autre modèle, capable de garantir à tous les habitants de la planète le droit de vivre décemment aujourd’hui et demain. La concrétisation du mot d’ordre d’autonomie énergétique, lancé en 1999 par la Région, est un des moyens sur lesquels s’appuyer pour sortir de la crise de civilisation.

Le modèle dominant s’emballe

Lorsque l’Occident réalise sa révolution industrielle, le monde n’a rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd’hui. La population mondiale atteint à peine un milliard d’habitants, et l’Occident domine politiquement le monde. Rares sont en effet les territoires d’Asie, d’Afrique, d’Amérique ou d’Océanie qui ne sont pas colonisés. Après le charbon au 19ème siècle, l’Occident du 20ème siècle va se développer en s’appuyant sur une source d’énergie peu chère, abondante et performante : c’est le pétrole.
L’Occident va donc tenter de faire main basse sur le plus grand nombre de champs pétroliers possible. Parallèlement, la colonisation lui permet de piller les richesses naturelles et humaines de nombreux pays. De cette façon, il construit une économie suffisamment riche pour qu’elle puisse assurer une importante élévation du niveau de vie de sa population. Dans le même temps, les peuples colonisés sont maintenus dans le sous-développement.
Mais au cours de ces cinquante dernières années, la situation a changé radicalement. La population mondiale est aujourd’hui de plus de 6 milliards d’habitants. Des pays tels que la Chine où l’Inde ont vu leur population tripler pour représenter aujourd’hui cinq fois celle de l’Union européenne.
Avec la croissance économique, les habitants de ces pays revendiquent un meilleur niveau de vie, en se fixant comme objectif celui de l’Occident. Ils veulent alors s’inspirer du modèle dominant. Or, il suffit que quelques centaines de millions de personnes, ayant les moyens de consommer selon les standards occidentaux, poussent dans ce sens pour que ce modèle s’emballe : c’est la hausse des prix des matières premières sur des produits aussi stratégiques que l’acier ou le pétrole ; ce sont les émeutes de la faim liées en partie à la mise en culture d’importantes surfaces agricoles pour produire des substituts au pétrole ; c’est la déforestation et ses dégâts irrémédiables pour l’environnement.

(photo TX)

Le développement pour 100% de l’humanité

Il est donc clair qu’il est essentiel de sortir de cet engrenage destructeur. Le principal défi de ce début de siècle est donc de surmonter cette crise de civilisation afin de mettre en application un modèle capable de garantir à tous une vie décente.
D’où la proposition de construire un développement non pas à partir d’énergies limitées en quantité et polluantes, mais à partir des énergies renouvelables. En effet, le soleil et le vent sont présents partout, et sont gratuits. Il en est de même pour l’énergie de la mer.
C’est une remise en cause du modèle dominant, mais c’est la seule issue pour que l’énergie soit accessible au plus grand nombre en cassant ce rapport 20% de riches/80% de pauvres. Une fois les technologies d’exploitation des énergies renouvelables diffusées partout, alors il sera possible de n’exclure personne du droit au développement.

Manuel Marchal


Une planète n’est pas suffisante pour le modèle dominant

Depuis 1999, le prix du baril de pétrole a été ainsi multiplié par six. Or, si l’on prend comme indicateur la masse de CO2 par habitant rejetée dans l’atmosphère, le modèle construit sur les énergies fossiles est dans une impasse. En 2006, un Indien rejetait dans l’atmosphère 1,06 tonnes, un Chinois 3,66, un Français 6,22 et un habitant des Etats-Unis 19,73.
Autrement dit, si un milliard d’Indien et 1,4 milliards de Chinois voulaient avoir le même mode de vie que 300 millions d’Américains, il serait d’une part impossible de trouver sur terre suffisamment de pétrole.
D’autre part, étant donné les incertitudes qui pèsent sur les réserves mondiales de pétrole, le prix actuel sera largement dépassé. 200 dollars le baril n’est plus une utopie, avec de graves conséquences pour les plus démunis.
Et enfin, les rejets de CO2 seraient tellement importants que le réchauffement climatique ne pourrait que s’accélérer, condamnant l’espèce humaine à de graves périls à une brève échéance.
En effet, le seul développement de l’Occident à partir d’énergies fossiles en un peu plus d’un siècle provoque déjà des dégâts considérables. Et malgré le Protocole de Kyoto, les Occidentaux n’arrivent pas à tenir des engagements de réduction de pollution.
L’autre point qui provoque aujourd’hui la crise est le gaspillage des ressources naturelles. Pour des experts comme Jean Ziegler, la Terre peut nourrir 12 milliards d’habitants. Chaque jour des milliers d’enfants meurent de sous-ailmentation, alors que dans le même temps, la consommation excessive de nourriture est une des principales causes de décès en Occident.
Là aussi, une remise en cause du modèle de développement dominant s’impose pour sortir de la crise de civilisation.


Une constante : le pillage

Pour permettre à 20% de la population mondiale d’avoir un niveau de vie décent, il a fallu organiser le pillage de 80% de l’humanité. Et encore aujourd’hui, des dirigeants n’hésitent pas à poursuivre dans cette stratégie.
En effet, pour réussir son développement, l’Occident avait besoin de matières premières qui n’étaient pas nécessairement sur son territoire. Il a donc mis en place un mode d’exploitation du monde, faisant main basse sur les ressources humaines et naturelles.
Un des exemples est l’inégalité des termes de l’échange qu’il impose aux peuples du Sud. L’Occident achète des matières premières aux peuples du Sud à un prix qu’il fixe lui-même, et leur revend bien plus cher des produits manufacturés issus de son industrie, réalisés à partir de cette même matière première. Mais ce pillage est maintenant remis en cause par l’émergence de pays tels que l’Inde ou la Chine qui proposent d’autres formes d’échange aux pays africains notamment.
Mais dans la stratégie de la prédation, des dirigeants occidentaux vont très loin. Aujourd’hui encore, ils n’hésitent pas à déclencher des guerres pour occuper militairement des pays afin de contrôler directement les matières premières pour mieux les piller. L’exemple de l’occupation de l’Irak est là pour le rappeler.

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