Quand le pétrole devient de l’or noir

L’autonomie énergétique : une garantie pour l’avenir

16 juin 2008, par Manuel Marchal

Hausse de 108% de la facture de l’énergie importée en trois ans, un contexte de renchérissement irréversible du prix du pétrole avec un baril frôlant les 140 dollars, proposition d’élaboration d’une stratégie régionale dans la production d’énergie à partir des énergies renouvelables : ces faits plaident pour l’amplification de la lutte pour l’autonomie énergétique. Il est en effet de la responsabilité de la génération actuelle de ne pas rendre l’avenir du pays dépendant de la facture pétrolière.

L’autonomie énergétique est au coeur de la stratégie de développement de La Réunion et de la COI. Les conclusions du séminaire "Co-développement durable dans les îles de la COI" traduisent en effet la volonté d’élaborer une stratégie commune d’autonomie énergétique à travers des programmes communs.
En effet, pour les îles, la hausse de la facture pétrolière est un problème commun. L’enjeu est donc d’arrêter cette hémorragie de fonds qui quittent chaque année les pays, alors le montant de cette facture pourrait être investi dans l’économie locale, afin notamment de créer des milliers d’emplois. Car pour La Réunion, ce sont chaque année des centaines de millions d’euros qui s’envolent dans la fumée des centrales thermiques et des gaz d’échappement.
L’autonomie énergétique est une réponse réunionnaise à ce problème, en s’appuyant sur des moyens de production locaux, maîtrisés par les Réunionnais. En 2006, la part des énergies renouvelables était de 14% de la consommation totale.
L’autonomie énergétique se fixe plusieurs paliers, en s’appuyant sur deux piliers : la maîtrise de la consommation et le mix énergétique à partir de sources durables diversifiées et présentes en abondance à La Réunion. En 2025, l’autosuffisance est prévue en matière d’électricité. Le soleil, le vent, la mer, le volcan et la biomasse couvriront les besoins de la population.

Même le G8 est impuissant

Dans les transports, le défi est considérable, mais est loin d’être impossible à relever. L’arrivée dans cinq ans du tram-train contribuera à réduire les importations en carburants.
Pour les déplacements individuels, les recherches dans le domaine des véhicules ne cessent de progresser. Avec la hausse du prix des carburants, le pétrole devient véritablement de l’or en barre. La bascule vers les véhicules fonctionnant sans essence ne peut que se rapprocher. L’objectif pour 2050 est de limiter l’utilisation des hydrocarbures à deux usages : le kérosène des avions et le mazout des bateaux. Tout ce qui concerne l’électricité et les déplacements intérieurs devra être réglé avec des énergies produites localement. De cette façon, La Réunion ne sera plus concernée par la hausse irréversible du prix du pétrole. Ce qui veut dire que même si le baril atteint 300 dollars, cela n’aura pas d’influence sur nous, grâce à l’autonomie énergétique.
Vendredi et samedi derniers, les ministres des Finances du G8 ont en effet montré toute leur difficulté à peser sur le prix du pétrole. Ils demandent une enquête du FMI sur la flambée des cours. Et ils estiment la spéculation principale responsable de la hausse des prix.

Anticiper l’aggravation

Mais tout cela n’empêche pas le monde d’être confronté à la fin d’une matière première disponible en quantité limitée sur la Terre, dilapidée en grande partie en moins d’un siècle avec comme résultat une contribution significative au changement climatique.
Cette raréfaction progressive conjuguée à une hausse de la demande a des répercussions mécaniques sur les prix. Le constat est que les pays les plus puissants du monde n’arrivent pas à faire baisser le prix du pétrole, que dire alors pour La Réunion.
En quelques années, le prix du pétrole a été multiplié par six, et la facture énergétique de La Réunion par deux. Et la menace d’une aggravation de la situation est bien réelle. Au Japon, lors d’une réunion des ministres des Finances du G8, le représentant du gouvernement américain a plaidé pour un « dollar fort ». Le renchérissement du dollar par rapport à l’euro aurait des répercussions immédiates sur la hausse de la facture pétrolière, car le prix du pétrole se calcule en dollars.
Plus que jamais, il est donc essentiel d’anticiper. Il est donc de la responsabilité de notre génération de stopper cette inflation afin de garantir aux Réunionnais de demain la maîtrise de l’énergie.

Manuel Marchal


Hausse des prix : que peut faire le G8 ?

Samedi, les ministres des Finances du G8 (Italie, France, Allemagne, Royaume-Uni, Japon, Etats-Unis, Canada, Russie) ont exhorté samedi 14 juin les pays pétroliers à augmenter leur production pour contenir l’envolée des prix du pétrole et des denrées alimentaires, lors d’une réunion à Osaka (Japon). Ils ont aussi réclamé une enquête du Fonds monétaire international (FMI) sur la flambée des cours du brut.
Dans un communiqué, les huit ministres ont estimé que « les prix élevés des matières premières, en particulier le pétrole et les aliments constituent un sérieux défi pour la stabilité de la croissance mondiale ».
Pour faire face à cette situation qualifiée de « grave menace pour la croissance économique mondiale », les ministres des Finances se sont prononcés en faveur d’une réduction des subventions sur les carburants, tout en adoptant des mesures ciblées pour aider les plus défavorisés à faire face à la flambée des prix du pétrole.
Principal mis en cause dans la hausse pétrolière, la spéculation devra faire l’objet d’une étude, confiée au FMI.
Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a pour sa part estimé qu’il était faux de considérer la spéculation comme la cause de l’envolée des cours du pétrole. Il a expliqué le phénomène par un problème "d’offre et de demande". Il s’est également prononcé pour un dollar fort par rapport aux autres devises dans l’intérêt des Etats-Unis, a-t-il expliqué.
Etaient présents au petit-déjeuner et au dîner de travail les ministres des Finances de l’Afrique du Sud, de l’Australie, du Brésil, de la Chine, de la Corée du Sud et de la Thaïlande. La Commission européenne, la Slovénie, qui assume actuellement la présidence de l’Union européenne, et d’autres organisations internationales telles que le Fonds monétaire international, la Banque asiatique de développement, l’Agence internationale de l’énergie, la Banque mondiale et le Forum de la stabilité financière ont également été invités à ces deux réunions informelles.

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