Une perspective pour toute la jeunesse réunionnaise

La Réunion : Au moins 15.000 emplois dans les énergies renouvelables

21 mars 2009, par Manuel Marchal

Un article paru dans ’Le Monde’ daté d’hier vient conforter la stratégie réunionnaise de développement durable initiée au niveau régional depuis 1998. Malgré une crise sans précédent depuis 1929, la filière photovoltaïque constitue un îlot de prospérité dans un océan de licenciements et de faillites. Dans ce secteur, notre île est en avance. Maintenons le cap et au moins 15.000 emplois peuvent être créés ici, pour les jeunes. Alors battons-nous pour que cette perspective puisse se concrétiser.

« Semaine après semaine, les industriels de la filière photovoltaïque annoncent de nouveaux investissements, chiffrés en centaines de millions, quand ce n’est pas en milliards de dollars » : ainsi commence un article du "Monde" qui met l’accent sur l’exception économique constituée par la filière solaire photovoltaïque.
La crise économique accentuée par l’effet subprime s’est maintenant étendue dans tous les secteurs. L’industrie financière, qui constituait un des derniers fleurons de l’Occident, est ébranlée par une crise sans précédent. Elle s’est étendue aux derniers secteurs de la manufacture encore présents en Occident, et touche également les pays émergents. Les experts sont unanimes sur un point : l’Europe est en récession, et cela se traduit par une explosion du nombre de chômeurs (+50% en Espagne, +100% en Irlande, bientôt 4 millions en Grande-Bretagne et en Allemagne, sans doute près de 3 millions en France dès cette année). En Amérique du Nord, des pans entiers de l’industrie s’écroulent, alors que la restructuration de l’industrie financière se fait à coup de centaines de milliers d’emplois supprimés dans tous les secteurs. Dans cet océan de désolation, un îlot de prospérité tire son épingle du jeu : c’est l’industrie des énergies renouvelables. Dans son édition datée d’hier, "Le Monde" donne un coup de projecteur sur la filière solaire photovoltaïque.

La Réunion en avance

Cet article fait le point sur les réalisations et les perspectives offertes par cette industrie. Il donne plusieurs exemples français. Ainsi, on y apprend que l’an prochain, une centrale de 9 MW est prévue sur les toits d’un entrepôt de Perpignan. La ville catalane accueillera la plus grande centrale photovoltaïque de la France à ce moment-là.
Mais ce projet est d’ores et déjà dépassé par la centrale photovoltaïque de Sainte-Rose, avec 15,3 MW. Quant à l’exemple de la centrale portugaise de 46MW, il est aujourd’hui équivalent à celui du Port Ville solaire, et sera dépassé par la centrale de la route des Tamarins, qui pourra produire plus de 100 MW.
Ces éléments de comparaison rappellent toute l’importance du potentiel réunionnais dans cette énergie, dans la perspective de l’autonomie énergétique pour 2025.

Le rendez-vous du développement

2025, c’est approximativement la date à partir de laquelle le coût de l’électricité fabriqué avec le soleil sera le même que celui obtenu avec les autres énergies polluantes, ce qui fera définitivement tomber les derniers arguments en faveur du charbon, du pétrole et du nucléaire. Et en attendant, la loi propose des contrats sur 20 ans qui permettent à un investisseur de vendre son électricité à EDF à un tarif avantageux.
Toutes ces informations confortent le choix stratégique effectué en 1998, marqué par le mot d’ordre d’autonomie énergétique lancé en 1999 par Paul Vergès. À partir de ce choix politique, des outils ont été créés tels que l’ARER et le PRERURE, ils ont favorisé le développement d’une filière au potentiel important. Lors de la création de Témergie, son président Michel Dijoux avait annoncé la possibilité de créer 15.000 emplois dans le secteur des énergies renouvelables. La lecture de l’article que nous reproduisons sur cette page est un des nombreux éléments d’information qui conforte cette prévision. À partir de là, c’est une perspective concrète pour toute la jeunesse qui doit se réaliser à La Réunion.

Manuel Marchal


Lu dans "Le Monde" du 20 mars

La filière solaire photovoltaïque résiste à la crise

Malgré un ralentissement de la croissance du marché international, les investissements se multiplient.

Semaine après semaine, les industriels de la filière photovoltaïque annoncent de nouveaux investissements, chiffrés en centaines de millions, quand ce n’est pas en milliards de dollars.
Chez les producteurs de silicium — matériau de base des modules photovoltaïques —, la compétition fait rage. Après l’Américano-japonais Hemlock Semiconductor, qui prévoit d’injecter plus de 2 milliards d’euros dans de nouvelles installations aux Etats-Unis, l’allemand Wacker Chemie a annoncé qu’il allait investir 700 millions d’euros dans une nouvelle usine, dans le Tennessee. Le norvégien Norsun, fournisseur de lingots et de galettes de silicium, suit le mouvement en levant 132 millions d’euros.
Les fabricants de panneaux et de cellules solaires ne sont pas en reste. Coup sur coup, trois sociétés californiennes — Solyndra, SolFocus et Sierra Solar — ont sorti de leur manche, au total, 250 millions de d’euros. De son côté, le japonais Sanyo s’apprête à construire une troisième usine de cellules à couches minces, tandis que son compatriote Sanyora multiplie par quatre ses capacités de production, en Chine cette fois.
La France, longtemps à la traîne, ne joue plus les figurants. Total et GDF-Suez viennent d’annoncer un projet d’investissement de 70 millions d’euros dans une unité de fabrication de plaquettes de silicium, dans la région de Carling (Moselle), avec une centaine d’emplois à la clé. EDF Energies nouvelles a mis en service, à Narbonne (Aude), la plus grosse unité française, de 7 mégawatts (MW). En attendant que soit déployée, en 2010, sur les toits d’entrepôts de Perpignan, une coiffe solaire de 9 MW. Mais la plus grande centrale photovoltaïque du monde, d’une puissance de 46 MW, reste celle d’Amareleja, au Portugal.
Depuis quelques mois, pourtant, des motifs d’inquiétude apparaissent. Le cours du silicium a chuté, en un an, de 150 euros à 75 euros le kilo, et la dégringolade se poursuit. Le fabricant chinois de panneaux solaires Suntech réduit ses effectifs de 10%. En France, le projet Silpro (Silicium de Provence), qui devait créer 250 emplois à Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence), risque d’être abandonné...
« La crise pèse sur le financement des projets, commente Matthieu Versavel, consultant pour la société de conseil Alcimed. Mais la situation n’est pas comparable à celle de l’industrie automobile, par exemple. Nous assistons simplement au ralentissement d’une croissance qui — au lieu d’être de 30% ou de 40% par an — ne sera peut-être, en 2009, que de 20% ».
Jean-Louis Bal, directeur des énergies renouvelables à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), partage cette analyse : « Le marché du photovoltaïque est aujourd’hui en surcapacité de production, ce qui va sans doute mettre certains acteurs en difficulté et conduire à des regroupements. Mais cela ne met pas en cause l’avenir de la filière ».
Depuis la fin des années 1990, le photovoltaïque a connu une envolée spectaculaire, portée d’abord par le Japon, puis par l’Allemagne — devenue leader mondial avec près de 50% de la puissance totale installée —, les Etats-Unis et, plus récemment, l’Espagne. La puissance cumulée des installations, de 1,4 gigawatts (GW) en 2000, a grimpé à 9,1 GW en 2007. Le secteur a créé plus de 75.000 emplois en Europe, selon l’Association européenne de l’industrie photovoltaïque. D’après les projections de celle-ci, la puissance mondiale installée pourrait atteindre 44 GW en 2012, soit une multiplication par trente en douze ans.

Parfaitement concurrentiel en 2020

Tout dépendra des politiques gouvernementales qui, par le jeu des tarifs avantageux de rachat de l’électricité produite par les énergies renouvelables, ont "boosté" cette activité. Or, observe M. Bal, même si l’Espagne a décidé, devant l’explosion de la demande, de plafonner ses subventions, les soutiens publics de la plupart des pays « sont maintenus, voire intensifiés, comme au Japon ».
En France, les tarifs de vente de l’électricité photovoltaïque — 30 centimes le kilowattheure, majorés de 15 centimes en cas d’intégration aux bâtiments — ont été confirmés, fin 2008, avec des contrats garantis sur vingt ans. L’objectif national est de parvenir à 5,4 GW installés en 2020, soit 400 fois plus qu’en 2007. Ce qui ferait de la France un acteur majeur du solaire.
Reste que le photovoltaïque ne représente encore qu’une goutte d’eau — moins de 1% — de la production d’électricité mondiale. Pour décoller, cette énergie devra réduire de façon drastique ses coûts, aujourd’hui de deux à cinq fois supérieurs à ceux des filières traditionnelles (centrales au gaz, au fuel ou au charbon, nucléaire...). Chercheurs et ingénieurs développent des cellules plus économes en silicium et s’efforcent d’améliorer le rendement des capteurs qui, aujourd’hui, ne restituent qu’environ 15% de l’énergie solaire reçue.
Selon diverses études, la parité des prix entre les différentes sources d’électricité pourrait être atteinte entre 2020 et 2030. Le solaire photovoltaïque deviendrait alors, sans aucune aide, parfaitement concurrentiel.

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