Objectif clairement affiché par la Région, « trouver une technologie capable de se substituer au charbon », insiste Laurent Gautret, directeur technique de l’ARER. La convention pour l’étude de faisabilité d’implantation d’un démonstrateur ETM (énergie thermique des mers) a été signée hier entre la Région et le groupe DCNS, premier constructeur naval européen.
Il s’agit d’exploiter la différence de température entre la surface et la profondeur de l’océan. L’eau froide des profondeurs (1500 m) pourrait donc produire la moitié de la consommation actuelle d’électricité, assurée aujourd’hui par l’énergie fossile. Et fournir des « produits dérivés » : eau douce, climatisation, aquaculture, culture d’algues. Contrairement au photovoltaïque et à l’éolien, l’énergie thermique des mers pourra produire de l’électricité de façon constante toute l’année.
En 2008, l’ARER a procédé aux premiers prélèvements au Port, et à Sainte-Rose. L’étude de faisabilité pour l’installation d’un démonstrateur Energie thermique des mers doit déterminer l’adaptation d’une telle technologie au milieu (houle, cyclone, etc) ainsi que les coûts des installations de plateforme offshore ou onshore. Les résultats de l’étude seront disponibles d’ici la fin de l’année, avec un point d’étape en juin. Le démonstrateur d’une capacité de production de 10 Mégawats pourrait être installé en plateforme offshore d’ici 2014. La DCNS entend adapter la plateforme aux conditions environnementales de l’île. Des centrales en énergie thermique des mers pourraient par la suite, être installées au large des villes de l’île. L’ARER prépare actuellement un schéma régional des énergies marines. L’étude de préfaisabilité devrait coûter 1 million 55.000 euros à la collectivité, soutenue par la Caisse des Dépôts et de Consignation.

Jumelage avec Hawaï ?

Pour Paul Vergès, président de la Région, « l’enjeu dépasse La Réunion ». L’Energie Thermique des Mers est une alternative pour les régions tropicales, et notamment les îles. « Nous pouvons démontrer que sans pétrole ni houille nous pourrons disposer d’une énergie propre », a-t-il déclaré.
Seule l’île d’Hawaï s’est lancée dans une telle expérience avec le premier constructeur naval mondial, Lockeed Martin. L’île a d’ailleurs proposé un jumelage à la Région Réunion, et une mission parlementaire américaine intéressée par les énergies renouvelables devrait visiter notre île.
Les Antilles auraient demandé à être associés à ce projet de développement de l’Energie thermique des mers. L’île Maurice a également un projet semblable.
La Réunion serait ainsi un expérimentateur régional et mondial de cette technologie en zone tropicale.

EP