Les métiers des énergies renouvelables et de la maîtrise de l’énergie - 2 -

La Réunion, terre d’expérimentation des énergies renouvelables

Changement climatique : une préoccupation mondiale

21 janvier 2009, par Sophie Périabe

(photo Toniox)

Le domaine d’activité des énergies renouvelables (EnR) est très récent. Il est en plein essor et semble promis à un développement économique important. Si certaines filières sont d’ores et déjà en voie de déploiement sur le territoire réunionnais, d’autres sont encore à l’état de Recherche et Développement. C’est dans ce contexte d’émergence que l’Etat et la Région Réunion ont fait de la Maîtrise De l’Energie et des Energies Renouvelables une priorité.

Des filières en plein développement

Le solaire thermique
Cette technologie correspond à la conversion du rayonnement solaire en énergie calorifique. A La Réunion, l’activité consiste essentiellement à la fabrication, la pose et l’entretien de chauffe-eau solaires. Environ 60 entreprises exercent dans le domaine de l’installation et de la maintenance, dont près de 25 artisans. En 2008, les professionnels estiment que 40 % des foyers réunionnais sont déjà équipés. Avec près de 90.000 chauffe-eau solaires installés en fin d’année, la consommation électrique évitée avoisine les 113 GWh. Le marché est porté par les mesures fiscales qui ont permis le développement du secteur. Leur maintien permettra la poursuite du développement du marché, à la fois en direction des entreprises et des collectivités réunionnaises (chauffe-eau solaires collectifs), mais aussi des particuliers. Les tendances laissent donc à penser que le marché continuera à se développer au cours des 5 prochaines années. Il pourrait atteindre 13.000 chauffe-eau solaires installés annuellement et des technologies émergentes devraient commencer à s’implanter (froid solaire, chauffage solaire des habitations...). En 2008, la filière solaire thermique représente près de 400 emplois, d’ici 5 ans, ce sont entre 60 et 100 emplois techniques et commerciaux qui pourraient être créés.

La filière photovoltaïque
Cette technologie consiste à convertir le rayonnement solaire en énergie électrique. Cette filière s’implante depuis 3 à 4 ans, de façon très soutenue. En effet, entre 2007 et 2008, la puissance photovoltaïque installée est passée de 10 MWc à 20 MWc. A La Réunion, 15 à 20 entreprises travaillent dans ce domaine. Leurs activités sont le développement d’affaire, les études, l’assemblage, la vente, l’installation et la maintenance des systèmes. La construction de systèmes photovoltaïques fabriqués à La Réunion dans sa totalité se fera dès cette année, créant près de 130 emplois immédiatement et 350 à terme. Les prévisions et les nombreux projets à l’étude permettent d’envisager un développement fort de la filière.

La filière éolienne
Le principe consiste à convertir l’énergie du vent en énergie électrique. Deux acteurs principaux sont présents à La Réunion. Le premier est un développeur de projet et le second est un opérateur d’installation et d’exploitation. La Réunion possède aujourd’hui 60 éoliennes dans ses 2 fermes d’exploitation. La mauvaise qualité des vents réunionnais semble nécessiter de revoir à la baisse les ambitions de cette activité. La filière éolienne compte actuellement environ 20 emplois.

• La filière hydraulique
Le principe du “grand hydraulique” consiste à convertir l’énergie des chutes d’eau en énergie électrique. Celui de la micro-hydraulique concerne la conversion de l’énergie des petites chutes d’eau et des canalisations en énergie électrique. Cette énergie a constitué l’unique source de l’électricité réunionnaise jusqu’en 1985. En 2006, l’énergie hydraulique représentait 24.4% de la production électrique de l’île, soit 121 MWc. Les installations sont des centrales hydrauliques EDF. Deux projets micro-hydrauliques sont actuellement à l’étude : la SAPHIR (466 KW) et celui de Maniron (244 KW). EDF emploie actuellement 55 personnes à la maintenance et au pilotage de ses installations. Les emplois liés à l’exploitation de nouveaux sites ne seraient pourvus en interne. La micro-hydraulique serait également très peu porteuse d’emploi, inférieur à 10.

D’autres filières encore à l’étude

Valorisation énergétique des déchets verts
La valorisation énergétique peut se faire : - par combustion en centrale thermique des branches et des troncs pour produire de l’électricité. Cette filière sera opérationnelle dans les deux ans à venir, via l’usine sucrière de Bois Rouge. - par méthanisation avec l’enfouissement des déchets verts (dégradation anaérobie) et la récupération du gaz produit. Cette technique est opérationnelle car tous les maillons de la chaîne sont présents à La Réunion. Si tous les acteurs sont présents à La Réunion, la filière nécessite d’être structurée. Les emplois concerneront trois types d’activité et de métiers : la collecte, le tri et la valorisation (combustion, compostage ...), soit environ 20 emplois.

Le biogaz (méthanisation)
La décomposition des déchets organiques produit du méthane qui, récupéré, peut être brûlé pour créer de l’électricité ou être stocké. Le biogaz peut être fabriqué à partir des déchets ménagers et assimilés, d’effluents d’élevage, des boues de stations d’épuration... La filière biogaz possède un potentiel de développement très important. La nature de sa matière première fait du biogaz l’énergie renouvelable la moins chère du marché. Cependant, la filière biogaz est à structurer et des investissements lourds sont à réaliser. Le développement de la filière est donc conditionné par une forte volonté des collectivités, des partenaires sociaux et des professionnels à La Réunion. Les potentiels d’emploi sont importants selon la profession. L’exploitation de 25% de la ressource par quatre structures décentralisées dans chaque micro région (pour la valorisation des effluents et des boues) et l’exploitation de 2 centrales (pour la valorisation des déchets ménagers et assimilés) pourraient créer 50 à 100 emplois à horizon 2015.

L’énergie des mers
Le principe consiste à convertir l’énergie de la houle, des marées, des courants ou des différences thermiques en électricité. La filière “énergie des mers” recouvre plusieurs principes et plusieurs techniques. Cette filière est au stade de recherche et développement à la Réunion. Des études de potentiels sur des sites réunionnais sont en cours. Les perspectives d’emploi semblent peu importantes en volume sur ces dispositifs et concerneront essentiellement les domaines de la climatisation, du froid et de l’électricité.

Adapter l’offre de formation aux spécificités de la MDE et des EnR

Les résultats indiquent que près de 500 emplois pourraient être créés au cours des 5 prochaines années dont une centaine d’emploi liés à la MDE (Maîtrise De l’Energie) et environ 400 emplois dans les EnR. Les principales filières concernées sont : la photovoltaïque, le solaire thermique et le biogaz. Mais pour que les réunionnais puissent accéder à ces emplois, il est important d’adapter l’offre de formation aux spécificités de la MDE et des EnR dans notre département. Cinq formations qualifiantes sont déjà dispensées, de la Licence au Master, au campus sud, à l’IUT et à la CNAM (Centre National des Arts et Métiers). Une vingtaine d’autres formations, plus courtes et non qualifiantes, sont dispensés par la CNAM, l’ARER, et le CFA Est. Mais d’autres formations complémentaires doivent voir le jour afin de former des professionnels capables d’intervenir sur tous les chantiers EnR, quelle que soit la technologie mise en place (éolienne, photovoltaïque, solaire thermique...).

Sophie Périabe (Avec le bulletin d’information de l’OREF - octobre 2008)

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