Cinq ans après le pic de production annoncé par l’Agence internationale de l’énergie

Le FMI annonce que la pénurie de pétrole a déjà commencé

12 avril 2011

Dans un chapitre ’Perspectives de l’économie mondiale, avril 2011’, le Fonds monétaire international insiste sur une pénurie de pétrole inévitable, et appelle donc à tirer les enseignements de cette situation, notamment en développant les énergies renouvelables. Après le point de vue de Michel Rocard publié dans ’Le Monde’, cette nouvelle information rappelle une nouvelle fois la responsabilité de ceux qui ont décidé de casser les projets réunionnais de développement durable : tram-train, géothermie, photovoltaïque et tous les outils mis en œuvre pour que La Réunion puisse vivre sans pétrole dans 15 ans. Voici la reproduction de ce chapitre :

« La hausse tendancielle récente des cours du pétrole indique que le marché pétrolier mondial est entré dans une phase de raréfaction causée par les effets contradictoires de l’accélération de la croissance de la consommation mondiale de pétrole due à l’essor des pays émergents et des blocages de l’offre, qui ont entraîné un ralentissement de la croissance de la production pétrolière. Ce dernier tient en partie à la proportion grandissante de gisements arrivant à maturité, qui a augmenté les coûts de production et les coûts d’opportunité associés à la mise sur le marché d’un baril supplémentaire.
La pénurie est accentuée par la faible réactivité de la demande et de l’offre pétrolières à l’évolution des cours, à court et à moyen terme notamment. Néanmoins, l’élasticité-revenu de la demande mondiale de pétrole à long terme est inférieure à celle de la demande d’énergie primaire. L’écart indique que les mesures d’économie du pétrole, les mutations technologiques et l’évolution vers une économie reposant davantage sur les services ont un
effet appréciable sur la demande pétrolière.
Il serait prématuré de conclure que la raréfaction du pétrole sera forcément un handicap majeur pour l’économie mondiale. Notre analyse de simulation montre qu’une accentuation progressive et modérée de la pénurie pourrait ne freiner celle-ci que légèrement à moyen et à long terme. Il apparaît notamment qu’un recul imprévu et sensible de 1 point (de 1,8% à 0,8%) de la croissance tendancielle de l’offre pétrolière ralentit la croissance mondiale annuelle de moins de ¼ % à moyen et à long terme.
Des retombées aussi tempérées sur la croissance mondiale ne vont cependant pas de soi, car la pénurie ou ses effets sur la croissance pourraient être plus sensibles. Des risques, géopolitiques notamment, pèsent sur l’offre, ce qui signifie que la raréfaction du pétrole pourrait être plus prononcée et revêtir la forme de variations soudaines et de grande ampleur. Les effets sur la croissance en seraient par conséquent plus sensibles. Par ailleurs, il n’est pas certain que l’économie mondiale puisse s’adapter aussi facilement à l’aggravation de la pénurie que nous le supposons, étant donné la redistribution et les réorientations sectorielles. Les retombées sur la croissance pourraient être plus importantes, en fonction de l’impact sur la productivité.
Une crise persistante de l’offre pétrolière se traduirait par une amplification des flux mondiaux de capitaux des pays exportateurs vers les pays importateurs de pétrole et par un creusement des déséquilibres extérieurs courants. Cela souligne la nécessité de réduire les risques associés à l’aggravation de ces déséquilibres et à l’ampleur des mouvements de capitaux. La poursuite des réformes dans le secteur financier est par ailleurs indispensable, car l’intermédiation efficace de ces flux de capitaux est un élément fondamental de la stabilité financière.
Il existe deux grands axes d’intervention pour amortir les retombées de la raréfaction du pétrole. Premièrement, étant donné la possibilité d’une intensification notable et imprévue de la pénurie, les responsables publics devraient vérifier si le dispositif en place favorise l’ajustement à cette évolution : des mesures macroéconomiques visant à faciliter l’ajustement des prix relatifs et des ressources ainsi que des réformes structurelles pour renforcer le rôle des signaux des prix seraient souhaitables. Ensuite, il conviendrait d’envisager des dispositions en vue d’atténuer le risque de pénurie de pétrole, notamment par le développement d’autres sources d’énergie durable. »


Principaux points soulevés par le FMI :


- Le marché pétrolier mondial est entré dans une phase de raréfaction de la ressource due à la poussée de la demande de pétrole dans les pays émergents et à la décélération tendancielle de la croissance de l’offre.

- Une raréfaction progressive et modérée du pétrole — qui semble être le scénario le plus probable — aurait de faibles retombées sur la croissance économique mondiale à moyen terme. La pénurie ou ses effets sur la croissance pourraient néanmoins être plus prononcés.

- Une crise persistante de l’offre aurait pour effet d’amplifier les mouvements de capitaux mondiaux et de creuser les déséquilibres extérieurs courants.

- Les politiques devraient viser à faciliter l’adaptation à une évolution inattendue de la pénurie pétrolière et à diminuer les risques associés à une raréfaction plus importante que prévu de la ressource à moyen terme.

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