Le pétrole enrichit les uns et appauvrit les autres

8 janvier 2008

La hausse du prix du pétrole (actuellement à cent dollars le baril) fait des heureux et des malheureux.
Les “Jean qui pleure” du pétrole ne sont pas bien difficiles à trouver, ce sont les utilisateurs de fioul et d’essence, les automobilistes par exemple, qui devront payer plus pour aller travailler plus pour remplir un réservoir dont la capacité n’a pas changé. Parmi ces “Jean qui pleure”, les pêcheurs, les agriculteurs, les taxis, les routiers. Quoique l’Etat leur a fait, en 2007, de beaux cadeaux fiscaux à cause de cette hausse du prix de l’énergie : 76 millions d’euros aux agriculteurs, 85 millions aux taxis, 280 millions d’euros aux routiers, et le transport aérien a été particulièrement gâté, puisque son exonération de TIPP, taxe intérieure sur les produits pétroliers dépasse les 1,4 milliards d’euros.
Parmi les “Jean qui rit”, il y a, d’abord, l’Etat, évidemment, c’est-à-dire nous-mêmes, qui a récupéré 18 milliards d’euros de TIPP en 2007. Mais il y a aussi des “Jean qui rit très fort”, les compagnies pétrolières ! Parmi les douze premières entreprises du monde, on relève sept compagnies pétrolières. Exxon a vu la valeur de son action augmenter de 150% ces cinq dernières années. Exxon, Total, BP, Shell ont connu une croissance actionnariale moyenne de 36% l’année dernière, tandis que les bourses mondiales, elles, stagnaient. “Jean qui rit”, PétroChina, qui est devenue la première entreprise du monde, devant Exxon.
Enfin, il y a les “Jean qui éclate de rire” : ce sont les pays producteurs, l’OPEP par exemple, 40% de la production mondiale, qui a gagné en 2007 680 milliards de dollars, et qui fera mieux en 2008.
Mais il faut comprendre que tout cet argent, ce n’est pas uniquement de la production, de la bonne valeur, c’est aussi de la rente. Ce qui veut dire que ce perd “Jean qui pleure”, “Jean qui rit” le gagne. C’est un jeu à somme nulle, contrairement à ce qui se passe dans une économie de production - et non de rente, j’insiste - où tout le monde est gagnant.

Bernard Maris, France Inter et Marianne


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