Manifestation aujourd’hui devant le Ministère du Budget

Moratoire sur le photovoltaïque : « Le piège se referme sur les consommateurs »

11 février 2011

C’est aujourd’hui que les professionnels du photovoltaïque manifestent devant le Ministère du Budget pour protester contre le coup d’arrêt au développement de la filière décidé par le gouvernement. Suite à la publication du communiqué du Syndicat des installateurs du photovoltaïque indiquant le rôle trouble joué par le gouvernement et EDF, un lecteur de ’Témoignages’ a posté sur notre site une contribution à ce débat. En voici de larges extraits.

En fait, avec l’argent de l’Etat, donc le nôtre, les filiales d’EDF (EDF enr, INEO SUEZ, GDF et EDF Energies nouvelles) et Total ont fait main basse sur le photovoltaïque. Ces entreprises ont retenu tous les projets avec des prix élevés de rachat de l’électricité, et ce, jusqu’à 2020 ! (…)
Le 2 décembre 2010, l’État communique : « Ça y est, on arrête tout, les profits sont trop grands, les bulles financières doivent s’arrêter, de plus, les Chinois nous envahissent, nous ne pouvons alimenter l’économie chinoise par des valeurs de rachat trop élevées, durant 3 mois nous n’achèterons plus l’électricité produite à partir du photovoltaïque, nous redéfinirons les règles en avril prochain, il faut que la France fabrique ses propres panneaux. Les utilisateurs vont payer la note du photovoltaïque, le coût du kWh consommé va augmenter ».
Hélas, nous pouvons affirmer que la bulle financière profite à 95% aux filiales d’EDF et consorts, toutes les autres déclarations ne sont que stratagèmes !
En faisant main basse sur le photovoltaïque, il en va de même avec l’éolien, les filiales d’EDF et consorts s’assurent que la production d’électricité restera sous leur contrôle. Ainsi, que l’électricité vienne du nucléaire ou des énergies propres, le prix du kWh, que nous consommons, pourra toujours augmenter, les profits resteront dans les mêmes poches.
Entre 2009 et 2010, l’électricité a augmenté de 15% (regardez vos factures et pas uniquement le prix du kWh). Une hausse de 7% du prix de l’électricité est applicable dès le 1er janvier 2011. Cette nouvelle hausse est imputée à la forte augmentation des charges de service public de l’électricité, soi-disant à cause du soutien à l’énergie solaire.
En résumé, nous payons et paierons de plus en plus cher notre électricité pour que les filiales d’EDF et consorts puissent profiter de plus en plus de la bulle financière. De l’autre côté, en tant que particuliers, nous n’aurons pas accès à la fabrication d’électricité propre.

Le déclin du nucléaire

Aujourd’hui, notre électricité est produite à 76,5% par le nucléaire. D’ici 2021, 21 réacteurs sur les 58 que comptent nos centrales seront arrêtés (fin de vie), 16 de plus le seront d’ici 2025, soit 64% de notre capacité de production !
La production mondiale d’uranium (42.000 tonnes) est insuffisante depuis une vingtaine d’années. L’utilisation de sources secondaires d’uranium (25.000 tonnes), provenant de stocks civils et militaires, permet de combler la différence avec la consommation des centrales nucléaires (67.000 tonnes). Ces stocks seront épuisés en 2015 et la production minière ne pourra augmenter de façon suffisante en huit ans pour correspondre à la demande de consommation. La production d’uranium est estimée de façon fiable à une dizaine d’années à l’avance. Les projets d’exploitation de nouveaux gisements sont connus, et il faut dix ans au moins pour mettre une mine en exploitation, en dehors des problèmes techniques imprévus. Avec cette pénurie d’uranium dès 2015 et une production mondiale d’uranium en déclin à partir de 2025, le prix de l’uranium ne pourra qu’augmenter de façon considérable. Un prix supérieur à 200 dollars la livre dans les prochaines années est non seulement réaliste, mais sans doute sous-estimé en regard de la réalité des prix sur la période 2010-2020 et au-delà. Le coût de production de l’électricité nucléaire sera tellement élevé que ce moyen de produire l’électricité n’aura plus aucune justification économique. Au lieu de cela, on nous fait croire que le fait d’installer du photovoltaïque est un cadeau, alors qu’il s’agit d’une nécessité ! Par contre, l’accès au photovoltaïque est réservé à une minorité !
D’ici 2015, tous les spécialistes sont formels, l’électricité nous coûtera 2 à 3 fois plus chère qu’aujourd’hui.

La barrière des 20 mètres carrés

Il ne nous est pas interdit d’installer du photovoltaïque, par contre, le 2 décembre 2010 un moratoire est imposé, le 8 décembre 2010 ERDF a augmenté de 66% le coût du raccordement, durant 24 mois les règles édictées ont changé tous les 3 mois, des textes de loi à effet rétroactif furent promulgués et des tracasseries administratives augmentées.
Il ne nous est pas interdit d’installer 20 mètres carrés de panneaux à des prix prohibitifs de 19.000 euros vendus par les filiales d’EDF et consorts, vous êtes même incités à le faire, grâce au prix de rachat à 58 centimes le kWh et un crédit d’impôt de 22%.
Si vous voulez installer plus de 20 mètres carrés, il y a véto. Pourquoi ? Avec 20 mètres carrés, vous ne serez jamais autonomes, donc toujours dépendants d’EDF. Par contre, avec plus de 20 mètres carrés, vous pouvez devenir autonomes, et ça, EDF ne vous l’accordera jamais.
Aux dires du ministère, « il faut que la France fabrique ses propres panneaux », nous sommes d’accord si cette fabrication ne devient pas l’outil complémentaire à l’assise d’un monopole. (…)

La seconde facette du piège qui se profile

Aussi, la règle de l’intégration fut inventée. Il s’agissait de retirer la couverture existante, puis de placer un bac plastique ou acier et enfin d’installer les panneaux photovoltaïques. Si les panneaux n’étaient placés de cette façon, la valeur de rachat de l’électricité baissait. Rappelons que nous sommes les seuls au monde à avoir inventé une telle règle. Partout dans le monde, les panneaux sont placés au dessus de la couverture (tuiles, ardoises, etc.), ainsi une bonne ventilation est assurée et les coûts bien plus faibles.
Un arrêté au 31 août 2010 maintenait cette règle d’intégration, mais interdisait l’usage des bacs plastiques ou acier à compter du 1er janvier 2011. En effet, de nombreux problèmes de surchauffe sous les panneaux se sont révélés ! Il s’agit désormais d’assurer l’étanchéité du toit directement à partir des panneaux, par contre la couverture existante doit toujours être démontée et remplacée par les panneaux !
Pourquoi EDF impose cette intégration, alors qu’il s’agit d’une hérésie technique ? Installeriez-vous des vitrages à 5 cm de votre isolation ? Les arguments d’EDF sont la spécificité française et l’esthétique !!!! Bref, du pipeau.
Dans le magazine “L’Usine Nouvelle ”du 9 avril 2009, vous pouviez lire : Quand l’intégration au bâti... surchauffe. Le directeur de PV Alliance à Bourgoin Jallieu 38 (consortium EDF, CEA et Photowatt) a également exprimé ses doutes sur la prédilection française pour l’intégration au bâti. « Intégrer au bâti, ça veut dire qu’on produit moins parce qu’on chauffe : cela occasionne des pertes de 5 à 7% ». Le rendement d’un panneau photovoltaïque silicium diminue en effet avec l’augmentation de la température. « Mieux vaut un module indépendant du toit qui puisse être ventilé ». (…)

Conclusion

Les consommateurs et les acteurs de la filière photovoltaïque sont piégés. Tout est mis en place pour que l’accès au photovoltaïque soit régulé.
20 mètres carrés de panneaux posés au dessus du toit coûtent partout en Europe 11 à 12.000 euros, alors qu’en France, avec cette fameuse règle d’intégration, le coût est de 19.000 euros !
Ainsi, l’accès au photovoltaïque pour le particulier est financièrement difficile, EDF et consorts peuvent dormir tranquilles : au dessus de 20 mètres carrés, on vous l’interdit, en dessous de 20 mètres carrés, vous payez une fortune, par contre les kWh achetés seront de plus en plus chers et les profits iront dans leurs poches.

Jean-Michel Geoffroy

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