Après 2 demi-journées en ateliers, préparées par les thématiques débattues lors de l’université d’été, les participants au colloque régional se sont retrouvés hier après-midi pour une séance plénière de restitution, de synthèse et pour tirer les conclusions d’étape de leurs travaux. Le conseiller régional Philippe Berne devait constater à un moment du débat la faible proportion des politiques (élus) par rapport aux experts, chercheurs et acteurs des filières énergétiques.
La restitution des ateliers a permis de faire ressortir quelques propositions ou éléments d’analyse à approfondir et concrétiser. On devrait voir se former dans le courant du premier trimestre 2006 un projet d’Observatoire constitué avec le soutien du programme européen de l’énergie. Il a aussi été proposé une étude sur les transports et le tourisme.
Dans les objectifs de production, la cohérence entre PRERURE (Plan régional des EnR et de l’utilisation rationnelle de l’énergie) et PPI (Programmation pluriannuelle des investissements) inclut l’amélioration de la maîtrise des dépenses d’énergie, par l’équivalent de 10 mégawatts (MW) économisés chaque année et la production, annuelle aussi, de 10 MW supplémentaires par les énergies renouvelables - photovoltaïque et éolien semblent privilégiés. Les 2 ensemble annuleraient les 20 MW de croissance annuelle en puissance de pointe.

Observatoire

Dans le domaine de la formation, un questionnaire sera élaboré pour permettre à l’ARER de définir un schéma général de fonctionnement de la filière et d’établir un état des lieux par pays.
La création d’un Observatoire permettrait aussi au réseau des chercheurs universitaires du Laboratoire en génie énergétique et génie de l’Environnement d’être mieux connus et de diffuser les thèses en cours dans les universités de l’océan Indien (une quinzaine) et au-delà. Une cinquantaine de chercheurs - dont une vingtaine de l’océan Indien - participent au Réseau de l’Université sur les questions énergétiques.
Le président de l’Université, dans sa conclusion, a notamment mis en relief l’importance d’une évaluation juste de l’état des réseaux et des situations énergétiques de chaque contexte, dans la définition des choix d’avenir. L’Université, qui participe à la formation et à la recherche, vient de créer une licence professionnelle (Bac +3) et a constitué une équipe d’accueil - une parmi les 16 existantes - spécialisée dans la maîtrise de l’énergie. Le président Svizzero a notamment insisté sur l’importance de l’adhésion du public aux technologies mobilisées et à la réflexion à mener pour y aboutir, en faisant converger “intérêts particuliers et intérêt général”.

"Garder la perspective"

Pour conclure, le président de la Région, Paul Vergès, a invité les participants à "garder la perspective", un enjeu particulièrement serré pour des petites îles qui doivent s’inventer leurs propres solutions, répondant à des contraintes qui ne sont pas celles des grands pays. "Nous avons la responsabilité d’ouvrir des voies - qui soient réalistes - et qui puissent éventuellement servir de “modèle”", a-t-il dit.
"Le facteur temps est capital pour la concrétisation de nos recherches", a-t-il ajouté, en rappelant la perspective de "l’autonomie énergétique" à atteindre d’ici 2025 - un objectif qu’il faut savoir regarder "de près et de loin".
La création d’une structure permanente devrait faciliter à la fois l’observation et l’analyse, ainsi que la définition de solutions pour les problèmes les plus urgents. "Plus nous irons vite vers des solutions concrètes, en utilisant toutes les sources possibles, plus nos îles pourront devenir des exemples pour le monde", a-t-il poursuivi.
Dans un raccourci historique dont il est coutumier (et orfèvre), le président de la Région a entraîné l’auditoire dans l’analyse d’une civilisation qui, parce qu’elle s’est construite sur le pillage des ressources naturelles et une philosophie de domination de la nature, doit aujourd’hui tourner le dos à ses choix. "Le défi est immense. Le “développement durable” assume un passé, respecte l’environnement et prend en charge les générations suivantes", a-t-il conclu en saluant dans l’assistance "les éclaireurs qui ouvrent des voies concrètes vers notre avenir commun".

P. David