Journée mondiale de l’Environnement à Maurice

« On voudrait calquer le modèle réunionnais »

5 juin 2008

À Maurice, le mot d’ordre de la Journée mondiale de l’Environnement est « CO2 : Non à la dépendance ». Le séjour à La Réunion des ministres des Finances et des Infrastructures a en effet permis à l’île sœur de constater que l’autonomie énergétique, c’est possible. « On voudrait calquer le modèle réunionnais », a déclaré le président de l’équivalent d’EDF à Maurice. Un article paru chez notre confrère ’l’Express’ revient sur les convergences entre les stratégies mises en place pour atteindre cet objectif, condition du développement durable.

L’ambition du gouvernement d’émuler le succès de l’île sœur en matière d’exploitation efficace des énergies renouvelables (EnR) semble se préciser. Une récente visite de La Réunion a permis aux ministres des Finances et des Infrastructures publiques, Rama Sithanen et Abu Kasenally, de constater la viabilité des énergies solaire, éolienne et hydroélectrique, pour ne citer qu’elles. Il ne faudra pas non plus négliger la bagasse, qui reste notre atout majeur dans le secteur des EnR. « On voudrait calquer le modèle réunionnais », soutient le président du conseil d’administration du Central Electricity Board (CEB), Patrick Assirvaden, qui était aussi du voyage.

Il rappelle que les deux îles partagent plusieurs caractéristiques climatologiques, d’où la pertinence de l’expérience réunionnaise. La délégation mauricienne a eu une session de travail avec EDF-Réunion, elle a également visité le parc éolien de Sainte-Suzanne et le parc hydroélectrique de Rivière de l’Est. À Maurice, dit-il, des efforts sont « en cours ». Ont été ou seront bientôt lancés, des offres d’appels pour des parcs éoliens à Trèfles et Grenade à Rodrigues et à Bigara ainsi qu’un mini-parc hydroélectrique à La Nicolière. Un appel d’offres pour un quatrième parc éolien est prévu de façon imminente.

Patrick Assirvaden est toutefois prompt à mettre l’accent sur l’aspect de la « maîtrise de l’énergie ». « Les énergies renouvelables concernent également l’énergie non utilisée. » A titre d’exemple, il explique que remplacer 1,2 million d’ampoules traditionnelles avec des ampoules économiques permettrait au pays de faire une économie d’énergie de 20 Mégawatts, l’équivalent de la production électrique d’une centrale moyenne. Pour cela, il juge infondées les critiques visant les subventions publiques à de telles technologies. Chaque semaine, des campagnes de sensibilisation sont menées dans deux écoles. « Les EnR et la maitrise de l’énergie vont de pair. Le message passe mieux à travers les enfants. »

Le Dr Khalil Elahee, chargé de cours à l’université de Maurice et collaborateur de Joël de Rosnay sur le projet "Maurice, île durable", abonde dans le même sens. « Les énergies renouvelables ne seront valorisées que si nous arrivons à réduire la croissance de notre demande énergétique. Par exemple, nous avons une hausse annuelle de 5 % de notre demande électrique. Ce chiffre est insoutenable à tous les points de vue. Certains spécialistes préconisent qu’il faut le réduire de moitié. Cela est possible par la gestion et la maîtrise de l’énergie. Il faut améliorer notre efficacité énergétique de 10 à 20 % dans quasiment tous les secteurs allant de l’industrie au transport en passant par la climatisation. Rapprocher la production d’énergie des points de consommation - une décentralisation - diminuera aussi les pertes de distribution. Pour cela, une Sustainable energy agency (SEA) est indispensable. » C’est d’ailleurs ce que préconise le Energy Policy and Action Plan commandité par l’Union européenne.


« Le secteur cannier le plus prometteur »

Maurice mise beaucoup sur « l’industrie de la canne » pour répondre à ses besoins énergétique comme le souligne cet extrait d’un article paru dans le journal mauricien "l’Express".

Le secteur privé est également disposé à investir massivement dans les énergies renouvelables, à l’instar de la Société Usinière du Sud (SUDS). Son chief executive officer, Jacques d’Unienville a annoncé vendredi la construction prochaine d’« une distillerie capable de produire 90.000 litres d’éthanol déshydraté par jour à partir de la mélasse ». Ce projet, qui réduira la facture énergétique du pays de 10 %, n’attend que « l’adoption par le gouvernement des politiques appropriées et l’obtention des permis nécessaires » pour aller de l’avant.
Et c’est justement le secteur cannier qui semble le plus prometteur, comme l’explique le Dr Khalil Elahee. « La bagasse est notre première source d’énergie locale et renouvelable, avec un potentiel de générer deux fois plus d’électricité d’ici 2012. Pour cela il faut des centrales de cogénération modernes. Dans 10 à 20 ans, avec l’introduction de cannes à haute teneur en fibre et la pratique de la gazéification sur une échelle commerciale, l’industrie de la canne pourra probablement nous fournir plus d’énergie que nous en aurons besoin. »

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