Biocarburants

OPEP noire ou OPEP verte, il faut choisir

9 juillet 2007

Or noir ou carburant vert, il faudra choisir ! La mise en garde aux pays qui veulent réduire leur consommation de pétrole au profit d’essence à base de végétaux - les Etats-Unis en tête - est tombée, le 20 juin, de la bouche du Secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) : « Si nous avons des informations sur une baisse de la demande pétrolière, c’est notre droit de réorienter nos investissements. Nous pouvons dépenser de l’argent dans l’éducation, le logement ».

L’OPEP a peu apprécié le partenariat sur l’éthanol scellé en mars par les États-Unis et le Brésil.

Or noir ou carburant vert, il faudra choisir ! La mise en garde aux pays qui veulent réduire leur consommation de pétrole au profit d’essence à base de végétaux - les Etats-Unis en tête - est tombée, le 20 juin, de la bouche du Secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) : « Si nous avons des informations sur une baisse de la demande pétrolière, c’est notre droit de réorienter nos investissements. Nous pouvons dépenser de l’argent dans l’éducation, le logement ».

Le cartel de Vienne envisage en effet de débourser de 360 à 630 milliards de dollars d’ici à 2020 pour porter sa production de 30 à 45 millions de barils par jour, a indiqué Abdullah Al-Badri. Mais si l’OPEP réduit ses investissements face à la concurrence des biocarburants et que cette filière se révèle finalement moins prometteuse que prévu, les pays industrialisés risquent la « pénurie » de brut.

L’OPEP a peu apprécié le partenariat sur l’éthanol scellé en mars par les Etats-Unis et le Brésil, qui assurent 70% de sa production. La création d’une "OPEP verte" assurant une stabilité d’approvisionnement et contournant des producteurs indociles comme le Venezuela d’Hugo Chavez est un scénario noir pour les pays pétroliers. Car si les biocarburants gagnent de solides parts de marché alors qu’ils ont consenti d’énormes investissements, ils pourraient être entraînés dans une spirale infernale : recul de la demande, surcapacités de production, dégringolade des prix, baisse des revenus pétroliers. Bref, un remake du mauvais film des années 1986-2000.

Menacé par les préparatifs de l’après-pétrole et les impératifs de la lutte contre le réchauffement climatique, le cartel exige la réciprocité : « Vous voulez sécuriser vos approvisionnements, assurez un débouché sûr à notre pétrole ». Réplique des pays industrialisés : « L’argument est spécieux. La demande de brut augmentera avec le développement des grands pays émergents comme la Chine et l’Inde. Vous devez investir et desserrer de toute urgence le robinet de l’or noir ».

La bataille de l’éthanol n’est qu’un épisode dans un conflit plus large entre producteurs et consommateurs, dont les relations sont envenimées par les risques récurrents de rupture d’approvisionnement et l’envolée des cours. Au point que le Sénat américain a récemment voté une proposition de loi autorisant Washington à poursuivre les pays producteurs qui manipuleraient les prix.

Au fond, les Etats-Unis acceptent mal que l’OPEP ait reconquis un peu du pouvoir de marché qu’elle avait perdu depuis belle lurette. Et qu’elle ait renforcé son influence politique en accueillant l’Angola le 1er janvier, en attendant l’Equateur et peut-être le Soudan, deux Etats qui lui sont hostiles.

Jean-Michel Bezat

(Source le “Monde”)


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