Climat, Crise économique, Innovation et Adaptation Changement Climatique : les nouvelles opportunités de croissance économique

Ouvrir les voies à une nouvelle économie

4 mai 2009

La crise est aussi l’occasion de remettre à plat le modèle économique. La relance de l’économie se doit aujourd’hui d’intégrer l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, deux domaines qui sont des gisements d’emplois à La Réunion.

« Nos sociétés humaines et La Réunion elle-même abordent un tournant clé de leur histoire, au seuil de cette transition démographique et de ce changement climatique. Il nous faut ouvrir les voies à une autre économie… » (Paul Vergès)
Le capital naturel de la planète Terre est surexploité et consommé à vitesse sans cesse croissante par les sept milliards d’humains.
Des fortunes colossales ont été constituées à des échelles multinationales, essentiellement basées sur l’exploitation des « bioinfrastructures ( [1]) » de la planète.
Ces multinationales se livrent à une guerre économique planétaire sans merci, basée sur la théorie économique généralisée en vigueur du grand capital, la croissance. Partout, on assiste à une raréfaction accélérée des bioinfrastructures, qui concordent à des niveaux records jamais atteints de bénéfices financiers de ces grands groupes. Déforestations massives, agricultures intensives, surexploitation de toutes les ressources de minerais et de combustibles fossiles, etc. Il en résulte des pollutions massives de tout ordre, des foyers de guerres et de tensions permanents.
Les cités humaines croissent sans cessent et les plus grandes mégapoles du monde rassemblent des dizaines de millions d’individus. Ces infrastructures urbaines, qui dévorent le capital naturel de la planète, sont aussi les marchés de ces grandes puissances féodales du 21ème siècle.

L’impact des activités humaines

Les trois courbes d’évolution sur la période 1700 à 2000 de la population humaine, de la production d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre sont saisissantes de similitude et incarnent l’impact humain sur la planète Terre.
Cette exploitation massive des bioinfrastructures de la planète conduit notamment à une émission considérable de gaz à effet de serre, qui provoque un changement climatique de grande ampleur.
Le Rapport de l’IPCC (Intergovernemental Panel for Climate Change) 2007 est formel : le changement climatique s’accélère et prend des proportions potentielles susceptibles de porter fortement atteinte aux bioinfrastructures de la planète et aux infrastructures entropiques humaines, comme les grands ensembles maritimes, urbains et ruraux, bases de vie pour les sept milliards d’humains, et pour l’ensemble de l’écosystème.
Aujourd’hui, la question se pose de savoir comment reconsidérer la théorie économique généralisée de la croissance, parce que la crise s’installe dans la durée et parce que le changement climatique menace fortement tous les systèmes humains : trouvons de nouvelles formes de croissance « non croissantes ».

Objectif 2025 avec le PRERURE

Proposer de nouveaux champs de croissance pour ces multinationales, par exemple en exploitant les opportunités économiques, nouvelles et nécessaires, que sont les projets d’adaptation et de reconstruction des bioinfrastructures planétaires, des infrastructures humaines, pour résister aux changements climatiques annoncés.
Les procédures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique à La Réunion sont des orientations lourdes et urgentes à prendre pour préparer notre bioinfrastructure et nos infrastructures maritimes, urbaines et rurales à encaisser le changement climatique.
La lecture du rapport IPCC 2007 invite à réfléchir aux projets combinant à la fois les objectifs d’adaptation et ceux d’atténuation. Ce sont des opportunités économiques innovantes, potentiellement structurantes pour notre plan de relance économique.
La Région Réunion est depuis 1999 la promotrice active du plan d’autonomie énergétique de La Réunion, transition énergétique vers le "tout énergie renouvelable" à l’horizon 2025.
Ce véritable plan économique de long terme, le PRERURE (Plan Régional d’Exploration et d’Exploitation des Energies Renouvelables et de l’Utilisation Rationnelle de l’Energie), est aussi un dispositif conforme aux recommandations de l’IPCC relatives au changement climatique qui frappe notre planète. Il s’agit d’effacer la facture énergétique fossile et d’éliminer les émissions de gaz à effet de serre (dispositif d’atténuation).
La Région Réunion a impulsé à cet égard la création de l’Agence Régionale de l’Energie Réunion (ARER) en 2000 et de nombreuses initiatives durant toutes ces années, dans l’ensemble des secteurs concernés. Objectif aujourd’hui partagé par de nombreux acteurs locaux, et jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, objectif acté dans le "Grenelle de l’Environnement".

Il nous reste six années

Mais le temps court, et le climat change à grande vitesse.
L’IPCC souligne aujourd’hui, au travers de son rapport 2007, des « conclusions robustes » sur le phénomène de réchauffement de la planète et l’ampleur des modifications du climat à venir, à très court terme dorénavant. Les événements climatiques actuels et la progression scientifique des connaissances de ces dernières années amènent aussi l’IPCC à soulever des « incertitudes clés », potentiellement très structurantes et accélératrices du phénomène de changement climatique et de la vulnérabilité de l’ensemble des organisations et sociétés humaines, remettant en question les objectifs recherchés pour le développement durable.
« Il est très probable que la fréquence et l’intensité accrues de certains phénomènes météorologiques extrêmes accentueront les incidences. Comme l’ont montré divers événements récents, la vulnérabilité aux vagues de chaleur, aux cyclones tropicaux, aux inondations et à la sécheresse d’un certain nombre de secteurs et de régions, y compris de pays développés, est une source de préoccupation plus vive aujourd’hui qu’à l’époque du troisième rapport d’évaluation ».
L’adaptation au changement climatique d’une région a comme objectif de rendre moins vulnérable aux impacts du changement climatique un territoire, son écosystème et la civilisation humaine qui l’occupent.
Les sept années (2007-2014) à venir sont considérées par le Président de l’IPCC, Docteur Patchaury, comme notre dernière « fenêtre de tir » avant d’entrer dans une période d’irréversibilité forte. Ce point était souligné par le Ministre Yves Jégo lors de son passage à La Réunion en janvier 2009. Il nous reste 6 années.

Adaptation au climat dans la relance de l’économie

Nous sommes les acteurs et décideurs aux commandes de manœuvre. Comment allons-nous agir collectivement ? Sommes-nous en mesure de réussir ? À cet égard, la récente décision de l’État dans la mise en œuvre d’une réglementation thermique de la construction à La Réunion, réglementation sollicitée et attendue depuis huit ans, constitue une avancée significative pour progresser dans le bon sens.
Il y a un intérêt évident à conduire dorénavant des projets combinant à la fois les critères d’atténuation et les critères d’adaptation, sous forme d’un plan de relance économique majeur.
L’IPCC souligne aussi les opportunités économiques que représentent ces secteurs d’innovation. A cet égard, nous soulignons auprès du porteur de projet GERRI la nécessité d’intégrer ces questions d’adaptation et d’innovation au cœur du dispositif d’innovation économique, de même que le PRERURE établit sa grille de lecture sur ces critères (voir encadré).
Il s’agit de poursuivre l’identification de ces critères conjoints sur tous les projets réunionnais et de soutenir tous les projets d’innovation présentant ces caractéristiques conjointes et de les soumettre aux instances nationales, européennes et internationales pour négociation des moyens requis.
En ce sens, l’action de l’ARER et de ses membres s’oriente résolument dans l’esprit de son objet social pour mobiliser des projets de territoires visant à conduire des procédures d’adaptations lourdes et rapides.
Un travail de Plan Climat Régional et d’élaboration du Schéma d’Aménagement Régional (SAR) doit conduire à une vision nouvelle et innovante d’adaptation de nos bioinfrastructures et de nos infrastructures humaines rurales, urbaine et maritimes, dans un esprit de développement économique.
« Nous avons les atouts en mains. L’Etat français reprend notre projet de développement durable autours de l’énergie et le baptise GERRI, comme un projet présidentiel, on peut donc supposer qu’il y apportera des contributions significatives. Les états généraux de La Réunion et des DOM arrivent bientôt, et ce sera l’occasion de revendiquer un positionnement » (Paul Vergès)

(1)
Infrastructures naturelles.


Contributions réunionnaises à l’atténuation du changement climatique

Les projets qui émergent du PRERURE depuis 2000 à la Réunion sont tous des facteurs positifs d’atténuation, considérés au travers de la grille IPCC 2007. Mais ils s’avèrent aussi parfois constituer des dispositifs très favorables à l’adaptation aux changements climatiques.
A La Réunion, certains projets d’atténuation sont aussi des exemples de dispositifs d’adaptation, portés par l’ARER et la Région Réunion en coopération avec des partenaires eux même engagés dans la lutte contre les effets du réchauffement climatique :

- L’Energie Thermique de la Mer (ETM), projet combinant sécurité alimentaire, énergétique et eau, (production alimentaire, d’eau potable, d’énergie propre électrique et de froid) - TCO, Le Port, Sainte Rose.

- La filière "Villages solaires des hauts" : démarche qui vise à engager des opérations d’améliorations de l’habitat des hauts aux critères du développement durable (sécuriser l’approvisionnement énergétique des hauts, recours systématique à la maîtrise de l’énergie (MDE), au solaire thermique, mise en place de la filière bois énergie, etc.) - Les communautés d’agglomération CIVIS, TCO, CINOR et CIREST, les communes comme Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Louis, Les Avirons, Saint-Leu, Bras Panon, Saint-André.

- Le solaire photovoltaïque (PV) garanti : condition incontournable de l’intégration massive du solaire photovoltaïque au réseau insulaire. Le PV garanti consiste à produire de l’électricité solaire garantie, nécessité absolue pour la sécurisation énergétique et la sécurité de communication et de fonctionnement des TIC.

- La filière "Serre Agrisolaire" : facteur de sécurité alimentaire, énergétique et eau, (photovoltaïque, stockage de l’énergie PV, stockage de l’eau, agriculture sous serre).

- La filière "Sylviculture en Bocage" des espaces des hauts ruraux et agricoles, (lutte contre l’érosion, reconstitution du potentiel hydrique, production de bois énergie et de bois d’œuvre locaux).

- La construction durable est aussi un axe lourd de ces démarches communes atténuation et adaptation, dès lors qu’elle se préoccupe d’anticiper les conditions décrites de changements climatiques. Accroître la robustesse des constructions et minimiser leurs émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie de la construction sont des axes lourds à développer rapidement.

- La couverture photovoltaïque de certaines portions de routes et carrefours sont aussi des exemples concomitants d’adaptation et d’atténuation : les infrastructures innovantes nécessaires pour accueillir de nouveaux modes de production d’énergie renouvelable, notamment à destinations des transports de La Réunion.

Energies renouvelablesA la Une de l’actuClimat et biodiversitéCrise financière Outre-mer

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus