Comment préparer La Réunion, dans un environnement réputé fragile comme le sont les milieux insulaires, à l’autonomie énergétique à laquelle aspirent d’ores et déjà plusieurs îles à travers le monde ?
Comment nous adapter au mieux aux changements climatiques, en maîtrisant la consommation d’énergie et en sécurisant nos besoins à partir de ressources non polluantes et renouvelables ?
Les réflexions menées dans le monde sur l’urgente nécessité d’atténuer “l’effet de serre” et de s’adapter aux changements climatiques d’ores et déjà inévitables - du fait de l’accumulation des dégâts causés - concluent à une priorité : il faut organiser la transition de nos systèmes énergétiques vers des technologies non polluantes et renouvelables.
Une autre conclusion partagée, au plan des politiques énergétiques, est que si les milieux insulaires ne se dotent pas d’énergies “propres” d’ici trente à cinquante ans - horizon rapproché d’un amoindrissement annoncé des ressources fossiles - ils doivent s’attendre à de grandes difficultés.

5 groupes de travail

Ces données, parmi d’autres, ont guidé la préparation par l’Agence régionale de l’Energie Réunion (ARER) et ses partenaires, des événements qui vont pendant une semaine réunir dans notre île près de 300 acteurs et experts des politiques énergétiques.
Pour commencer, pendant trois jours, du 26 au 28 octobre, l’Université d’été sur le thème “Energie et Développement durable pour les îles et régions, de 2000 à 2050” va former les cinq groupes de travail qui vont, de 2006 à 2013, œuvrer à la préparation d’un “référentiel technique” destiné "à définir dans le long terme, un fil directeur pour le développement des énergies renouvelables", a dit Christophe Rat, directeur de l’ARER, en présentant les partenaires de cet événement : le Comité économique et social, EDF, l’Agence départementale pour la Maîtrise de l’Energie, le Syndicat interdépartemental d’électricité, l’Université de La Réunion et le Commissariat à l’Energie atomique. Ce dernier organisme a envoyé deux de ses représentants, François Le Naour et Pierre Serre-Combe, pour accompagner la création, effective dans l’île depuis une dizaine de jours déjà, d’un “pôle Hydrogène”. Vecteur énergétique de nature chimique, l’hydrogène est considérée comme la véritable énergie de l’avenir.
Les cinq groupes de travail qui vont porter la coopération entre les îles et les régions, pour la définition de ce référentiel, vont travailler sur les thèmes suivants :
1 - définition des “profils énergétiques” des îles ; pour établir leur plus ou moins grande dépendance aux énergies fossiles.
2 - état des lieux des “filières technologiques” pour le développement des Energies renouvelables.
3 - étude de la gestion de l’offre et de la demande, ou comment garantir un équilibre dans la transition vers un système d’unités décentralisées.
4 - effacer notre croissance annuelle en consommation d’énergie tout en garantissant nos besoins en construction, aménagement du territoire et transport.
5 - organiser des partenariats de mise en œuvre de ces stratégies énergétiques.

Colloque international

Après l’université d’été, du 29 octobre au 2 novembre, un programme de visites de terrain va emmener les invités de l’extérieur - venus d’une quinzaine d’îles représentant une dizaine de pays - sur différents sites : en particulier le lycée HQE (haute qualité environnementale) du Tampon et Grand Coude.
La semaine sera bouclée par un colloque international, entre l’Hôtel de région et l’Université du Moufia, sur le thème “Les îles, les régions et les départements en coopération active pour l’énergie”. Il accueillera plusieurs ministres ou représentants de ministère de l’océan Indien, la présidente de l’ADEME France, Mme Papallardo et le directeur pour les Dom du Système électrique insulaire (SEI) à EDF, M. Renoult, ainsi qu’un vice-président du Conseil régional d’Alsace, M. Scholly, entre autres invités, dont plusieurs représentants d’îles du Nord de l’Europe ayant pratiquement assuré leur autonomie énergétique par les énergies renouvelables (photovoltaïque et éolien). Un représentant de Hawaï est également attendu. Parmi la trentaine d’experts, on note la présence du professeur Sabonnadière, de l’Institut national polytechnique de Grenoble.
Le colloque pour une coopération active des îles, des régions et des départements est organisé autour de quatre ateliers qui vont travailler à un programme de coopération (1) ; à l’articulation du PRERURE (Plan régional de La Réunion) et de la Programmation pluriannuelle des Investissements 2005 (PPI), dont la validation définitive est annoncée pour la fin de cette année (2) ; à la Recherche & Développement (3) et à la rencontre des chercheurs du laboratoire Réseau océan Indien.
Par ces manifestations et la qualité des liens et du travail qui doivent en découler, l’objectif est de préparer le pays et sa population à une transformation profonde - qui ne se fera pas sans difficulté - du réseau de production et de distribution de l’électricité, par une mise en cohérence de plusieurs sources d’énergie (photovoltaïque, éolien, solaire...), dont la qualité devra être garantie pendant et par la transition vers ce système nouveau.

P. David