Électricité : le rôle des collectivités locales

Pourquoi un Comité local de l’énergie

9 juillet 2004

La journée d’échanges tenue le 1er juillet à l’Entre-Deux entre partenaires locaux des questions énergétiques a fait émerger le rôle essentiel des élus locaux devant les mutations en cours. De la justesse et de l’à-propos de leurs décisions vont découler les conditions de nouvelles avancées économiques, technologiques et sociales. Dans le cas contraire, les retards cumulés auront des conséquences lourdes...

La création d’un Comité local de l’énergie (appellation provisoire) pourrait être une des décisions importantes issues des États généraux de l’Énergie dont la tenue, d’abord annoncée pour juin ou juillet, se prépare plus vraisemblablement pour la fin de l’année. Inquiets de l’entrée en vigueur, au 1er juillet, des directives européennes sur l’ouverture des marchés, les protagonistes de la filière énergie avaient d’abord pensé régler leurs réflexions sur le calendrier législatif et réglementaire. Mais une réflexion plus approfondie - dans laquelle la préparation de la journée du 1er juillet a joué son rôle - a fait apparaître que, dans le contexte de mutations actuelles, il était à long terme plus efficace de fonder la réflexion collective sur la prise en compte de données technologiques. Ce sont elles en effet qui vont déterminer les choix des acteurs locaux en matière d’aménagement du territoire.
C’est ce qui a motivé le rapprochement des partenaires réunionnais - à travers notamment le syndicat de communes pour l’électricité (SIDELEC), les collectivités territoriales et les services de l’État - avec une cellule d’ingénieurs grenoblois de l’Institut national polytechnique dont les projets scientifiques portent entre autres sur les systèmes, les modélisations et applications pour des réseaux de production du futur. Le groupe inter-économique (GIE) qu’ils ont constitué s’appelle d’ailleurs “Inventer la distribution électrique de l’avenir” (IDEA) et l’un de ses responsables, Jean-Claude Sabonnadière, conseiller scientifique, expliquait la semaine dernière l’intérêt d’aller vers un système de génération dispersée et une mise en réseau, appelée centrale virtuelle, d’unités de production indépendantes pouvant faire appel à différentes ressources énergétiques : hydraulique, photovoltaïque, éolien, biomasse, géothermie...

Des raccordements sauvages

La vraie révolution consiste à réussir à moyen et long terme l’équilibre de ce système composite, tout en répondant, dans le court terme, à une demande d’énergie qui, parce qu’elle augmente rapidement, met le réseau de distribution de l’île au bord de la rupture. Les élus locaux commencent à prendre conscience du rôle qu’ils ont à jouer à cet égard, mais rares sont ceux qui ont conscience de l’urgence devant laquelle nous sommes.
La saturation du réseau actuel commence à paraître au grand jour, car les maires sont confrontés à des populations qui subissent des coupures de courant de plus en plus nombreuses. Ils sont aussi au premier rang et sous la pression directe de citoyens qui, parce que la construction de logements ne suit pas, prennent l’initiative de constructions sauvages - et parfois précaires - qu’ils veulent ensuite faire raccorder au réseau électrique. La loi l’interdit mais la réalité du terrain fait que la pression va croissant. Rien n’interdit en revanche le raccordement de constructions isolées apparues dans le passé, à une époque où la réglementation n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Là encore les maires sont aux premières loges mais contrés par des services de l’État qui freinent des quatre fers.
Les élus locaux vont aussi devoir décider de l’affectation du FACE (Fonds d’amortissement pour les charges d’électrification), actuellement doté de 23 millions de francs (cumul sur trois ans) dont personne ne sait que faire. Il est question d’affecter ces fonds, abondés chaque année de 6 à 7 millions de francs (un million d’euros), au renforcement du réseau basse tension. Mais encore faut-il que les collectivités locales prennent conscience de l’importance de sortir la taxe d’électricité des budgets communaux, où elle est noyée dans la masse, pour l’affecter à ce fonds et à des programmes d’équipement.

Prochaine rencontre en septembre

L’idée de créer, avec le soutien scientifique du GIE de Grenoble, un comité local de l’énergie regroupant tous les partenaires (Département, Région, communes et Communautés de communes, ADEME, ARER, Sidélec et opérateurs divers dont EDF...) est née de la nécessité d’agir très vite : garantir une formation de haut niveau (de type “pépinière”) et de niveau grand public ; fournir un état des lieux et une modélisation informatisée des réseaux et enfin produire des scénarii portant sur les besoins et proposant une architecture de réseau capable de les satisfaire. Ces idées, qui circulent encore en ordre dispersé chez les divers partenaires, ont besoin de converger et de déboucher sur des décisions communes concernant le Plan pluriannuel d’investissement, le Plan régional pour les énergies renouvelables et le système électrique insulaire d’EDF.
Sur une proposition des syndicats d’EDF, une première rencontre se profile pour septembre et la fin de l’année s’annonce riche en événements : avec un volet “énergies” dans la rencontre des RUP aux Açores en septembre, le Colloque “Énergies 2004” de l’ARER en novembre et ce même mois, les 70 ans de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies) qui veut à cette occasion conforter une problématique de défense du service public dans les régions insulaires.
Au final, si les partenaires locaux veulent traduire aux États généraux de l’Énergie le résultat de la convergence de tous ces efforts, en évitant de confondre vitesse et précipitation, ils se retrouveront, fin 2004 ou début 2005, pour donner enfin à tous ces projets une unité de pilotage commune, qui serait le rôle joué par le Comité local de l’énergie. À suivre.

Pascale David


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus