Illustration des blocages pour remettre en cause l’impasse du système à La Réunion
Projet d’incinérateur à Bois-Rouge : La Réunion croule sous les déchets
11 janvier 2024, par Manuel Marchal
Le 16 novembre dernier, Albioma a obtenu l’accord de la Commission de la régulation de l’énergie à Paris pour construire un incinérateur à Bois-Rouge, sur le site de la centrale thermique qui produit une partie de l’électricité à La Réunion. Cet équipement brûlera chaque année 70000 tonnes de combustibles solides de récupération (CSR) issu du centre de valorisation multi-filières des déchets de la société Inovest. Un accord entre Albioma et la Caisse d’Epargne Provence Alpes Côte d’Azur confirme le calendrier : l’incinérateur sera en service en 2026 pour une durée de 17 ans : il fermera en 2043. C’est donc une somme considérable qui sera dépensée pour un usage limité dans le temps. Quelle sera la position des gestionnaires de l’argent public pour un investissement à aussi court terme dans le domaine stratégique de l’énergie ?
600 kilos de déchets par an par habitant
Le communiqué annonçant l’accord rappelle que La Réunion croule sous les déchets : 500 000 tonnes à ramasser et à traiter par an, soit 600 kilos par habitants, ou près de 2 kilos de déchets par jour et par personne. C’est une quantité énorme, sans équivalent dans notre région et à des milliers de kilomètres aux alentours. Il faut aller en Europe pour trouver de telles valeurs.
Or, La Réunion n’est plus un pays industrialisé comme durant la période coloniale. Cela signifie que ces déchets résultent principalement de la consommation de produits manufacturés avec des matières premières importées produisant des déchets, voire de l’importation de produits finis. C’est aux Réunionnais de se débrouiller avec les déchets créés par l’importation de la société de consommation dans leur pays. Il est révélateur d’une des plus importantes exportations de La Réunion sont les déchets qui ne peuvent être recyclés ici.
Un précédent projet victorieusement combattu
En quelques décennies, La Réunion est passée d’une société de pénurie à une société de gaspillage. Le capitalisme a besoin de produire des déchets pour accélérer l’achat de nouvelles marchandises. Pour notre île, cela se traduit par des dépenses considérables et un important impact environnemental. A La Réunion, le traitement des déchets est importé de France : ce sont des camions qui en collectent chaque jour plus de 1000 tonnes, ce qui suppose l’utilisation de carburants importés polluants pour réaliser cette collecte. Ces déchets sont ensuite transportés vers des centres de traitement. Une grande partie est enterrée et les sites choisis arrivent à saturation.
Pour régler ce problème, une des solutions proposée est le recours à des incinérateurs. Ils constituent l’étape ultime d’une industrie : le recyclage selon la norme occidentale. La technologie permet de produire de l’électricité en brûlant des déchets. L’incinérateur de Bois-Rouge risque donc d’être une réalité, 20 ans après la mobilisation victorieuse contre un projet analogue soutenu par Jean-Paul Virapoullé alors maire de Saint-André : « la clinique de traitement des déchets ». La différence est que les déchets ne seront pas brûlés « en vrac », mais sous une forme conditionnée après un traitement par une usine de recyclage.
Cette présentation différente permet-elle d’éviter les problèmes de santé créés par les incinérateurs ? Question importante, car ce sont les habitants de plusieurs communes qui sont concernés par les rejets de la combustion de ces déchets.
Encouragement à produire des déchets ?
Ces 70000 tonnes de déchets diminueront la quantité de bois de chauffe importé d’Amérique du Nord ou d’Australie par Albioma. La construction de cet incinérateur s’inscrit dans une vision du capitalisme : garder intacte la structure d’exploitation de la société. En effet, une telle installation ne va pas dans le sens d’une remise en cause des facteurs qui font que les Réunionnais croulent sous les déchets majoritairement importés.
Une industrie du recyclage se met en place et se donne comme mission de produire de l’électricité. Cela donne une dimension vertueuse à la production de déchets, car toute une filière se construit pour en tirer des profits. Mais ces profits ne sont pas redistribués vers les consommateurs qui ont acheté le déchet et qui sont donc des fournisseurs de matière première. Ce sont ces consommateurs qui paient le retraitement de la matière première qu’ils fournissent via la taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères, et en plus ils paient le produit transformé : l’électricité.
Possible de vivre sans gaspiller
La réduction des déchets doit être une priorité à La Réunion. Mais leur croissance est source de profit pour des sociétés privées. Le premier projet de « clinique de traitement des déchets » avait donné l’alerte : l’incinérateur est une illustration de la fuite en avant d’un système qui oblige les Réunionnais à acheter au moins 500 000 tonnes de déchets. C’est le prix qui est fixé pour être intégré dans la société de consommation.
Au cours de ces 20 dernières années, la situation s’est aggravée sur ce point.
Il est pourtant possible de satisfaire ses besoins élémentaires sans se soumettre au diktat du gaspillage. C’est la réalité dans de beaucoup de pays dans le monde. Nombre de ce qui est considéré à La Réunion comme un déchet est intégré dans une économie du recyclage. Bouteilles en plastique, pots de confiture en verre… tel est le genre d’article proposé à la vente dans de nombreux marchés. Cela signifie qu’en général, une personne qui achète un produit garde l’emballage s’il peut être réutilisable au lieu de le jeter à la poubelle.
Pourquoi ne pas organiser des missions pour comprendre comment ces pays font pour vivre sans produire une quantité considérable de déchets ? N’ayons pas peur de nous moderniser !
M.M.
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Messages
11 janvier 2024, 23:58, par Arthur
Merci pour ces infos, hélas révélatrices là encore de ce qui nous attend, ça promet pour l’avenir ! Déjà les énergies vont augmenter, comme l’électricité en Février, avec 10% peut-être, soit plus de 30% en 1 an ! L’essence, le gaz, sans doute idem, on peut l’imaginer hélas. Pour être "heureux", on n’a rien trouvé de mieux que de faire croire que le bonheur c’est d’avoir de consommer sans réfléchir, c’est soit disant bon pour l’emploi. Mais il faut savoir qu’en attendent des jours meilleurs, on persiste à exploiter la planète qui nous accueille, terre, mer et air. Tout s’achète et tout se vend. Personne ne pense à ce que l’on va faire de tous ces déchets qui encombrent, polluent. On les enterre, vite fait, pour ne plus les voir mais ils sont encore et toujours là, sous quelques cm de terre dans les "Centre d’Enfouissement Techniques", les gens oublient bien vite et sont encouragés à devenir de plus en plus égoistes, irresponsables, narcissiques, c’est grave. Pensons aux futures générations qui vont nous suivre, elles vont sans doute payer le prix fort nos erreurs du passé, c’est sur ! Il ne restera alors que des souvenirs, des photos, des vidéos, des articles de presse, pour montrer comment c’était avant. Je trouve cela indécent de de réjouir alors d’en avoir bien profiter, pas vous ? Bonne fin de semaine à zot tout, avec un nouveau gouvernement, faisons lui confiance, et espérons que l’avenir soit mieux que celui qui se prépare ! Arthur qui attend le train, le TER péi, reliant Ste Rose à St Joseph, marchandises incluses !