« À l’occasion de l’inauguration de la centrale géothermique de Saint-Denis, près de Paris, qui alimentera le futur village olympique de Paris 2024, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, avait annoncé ce vendredi 22 décembre cinq nouvelles mesures pour accélérer le déploiement de cette énergie durable dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM), et « favoriser l’exportation de cette technologie à l’étranger ».
Ces 5 mesures sont :
- Création d’une instance stratégique de concertation sur la géothermie en Outre-mer, réunissant l’ensemble des parties prenantes (ministères, industriels, collectivités, agences et organismes publics)
- Mise à jour du modèle de couverture du risque financier associé aux campagnes d’exploration en Outre-mer
- Mise en place d’un centre d’excellence caribéen sur la géothermie basée en Guadeloupe qui jouera un rôle d’interface avec les acteurs du développement de la géothermie sur l’arc volcanique caribéen et un rôle de centre de ressources
- Conception et mise en œuvre d’une stratégie à l’export de la filière française de la géothermie en s’appuyant sur le cluster d’entreprises GEODEEP
- Promotion à l’international du savoir-faire et des compétences de la filière française en concertation avec les instances publiques de soutien à l’export. » (Source Ministère de la Transition écologique)

Géothermie inscrite dans le plan d’autonomie énergétique pour 2025

Cette information rappelle tout d’abord une richesse des anciennes colonies intégrées à la République : être un laboratoire d’expérimentation de solutions d’avenir. Dans le domaine de la géothermie, les Antilles et La Réunion disposent en effet de volcans, qui sont des sources d’énergie renouvelable.
Avant 2010 à La Réunion, l’objectif était d’atteindre l’autonomie énergétique totale en 2025. Pour remplacer le charbon, deux énergies renouvelables disponibles en abondance à La Réunion étaient pressenties : l’énergie thermique marine et la géothermie. On était alors bien loin d’imaginer que ce charbon allait être remplacé par du bois de chauffe importé d’Amérique du Nord !
Concernant la géothermie, après des forages validant la quantité de la ressource, une centrale électrique devait être construite à la Plaine des Cafres. Ce chantier fut abandonné lors d’un changement de majorité à la Région, favorable au lobby des énergies fossiles.

Centre en Guadeloupe et pas à La Réunion

Pour Paris, un territoire tropical insulaire ayant le statut de département est, dans ce plan, considéré comme pouvant abriter un démonstrateur d’une société française de géothermie. L’objectif étant donc de montrer que la technologie de cette société fonctionne, afin de l’exporter dans des pays voisins. C’est sans doute ce qui explique pourquoi le futur « Centre d’excellence sur la géothermie » sera en Guadeloupe où se situe un volcan actuellement inactif, plutôt qu’à La Réunion qui dispose sur son territoire d’un volcan très actif, avec souvent au moins une éruption par an : la Caraïbe et l’Amérique centrale abritent de nombreux volcans dont une bonne part en activité, ce qui n’est pas le cas dans notre région, à l’exception du Piton de la Fournaise et du Karthala.

Remplacer le bois de chauffe importé

Ce plan indique la volonté de Paris de développer le secteur de la géothermie. La Réunion compte un volcan actif sur son territoire. Un potentiel existe qu’il est important de quantifier. Si ce potentiel important existe, alors il appartiendra à Paris d’accompagner la relance du plan de développement de la géothermie à La Réunion, afin de remplacer, au moins partiellement, les tonnes de bois de chauffe importées dans les centrales du Gol et de Bois-Rouge.

M.M.