“1h pour La Réunion–Éteignons nos lumières”

Un bilan encourageant

11 décembre 2009

Le 1er octobre dernier se tenait l’opération “1h pour La Réunion– Éteignons nos lumières”.

À l’initiative du Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement (CCEE), accompagné par un collectif d’acteurs (représentants de collectivités, d’associations et de chambres consulaires), La Réunion a donné le coup d’envoi d’une opération de sensibilisation à la pollution lumineuse. Cette opération a également été relayée sur le plan national (le Jour de la Nuit, le 24 octobre dernier, www.jourdelanuit.fr).
L’objectif affiché était de susciter la prise de conscience face à un phénomène trop peu médiatisé, la pollution lumineuse, qui est occasionnée par une utilisation excessive de lumière artificielle, dont les installations sont souvent mal orientées (on éclaire autant le ciel que le sol sans tenir compte des réels besoins). Trop d’éclairage nuit !
À cette occasion, citoyens, collectivités et entreprises étaient invités à éteindre symboliquement leurs lumières sur l’ensemble de l’île, entre 20h et 21h.

L’évènement a-t-il été suivi ?

Les éclairages municipaux ont été éteints dans certaines villes, de même que certains équipements sportifs (stades, gymnases, piscines…), des bâtiments publics ou privés.
Ont participé aux extinctions : 17 collectivités, la Préfecture, l’Université, le Parc national, la CCIR, 5 associations, 16 entreprises ainsi que des restaurateurs.
Quatre communes avaient prévu des animations pour contribuer à cette sensibilisation citoyenne, en proposant : visites guidées nocturnes, observation du ciel, veillée contes à la bougie, projection du film Home ou encore dîner aux chandelles en partenariat avec des restaurateurs.
Les partenaires qui se sont impliqués dans l’opération se disent globalement satisfaits.
Dans l’ensemble, le public a répondu présent aux animations proposées ce soir-là.
La grande distribution n’a pas pu participer à cette première édition. Pourtant son engagement aurait eu une valeur symbolique très forte pour la population.

L’argument de l’insécurité est contestable

Il n’y a pas eu plus d’agressions ou de dégradations durant les extinctions. Contrairement aux idées reçues, le lien entre présence d’éclairage public et criminalité est fortement contestable.
En fait, ce n’est pas le noir qui inquiète, c’est l’isolement.

Source : www.ccee.re


Pour rappel : des nuisances multiples occasionnées par la pollution lumineuse
• La menace sur la biodiversité, à l’encontre de la faune (dont des espèces endémiques : les pétrels, et espèces indigènes : tortues marines), de la flore (perturbation des cycles…) et des écosystèmes (production de chaleur contribuant au réchauffement climatique) ;
• l’atteinte à la santé humaine (troubles du sommeil…) ;
• l’observation restreinte des astres (due à la formation de halos lumineux, qui empêchent de voir 90% des étoiles dans les villes trop éclairées) ;
• une facture énergétique lourde (au minimum près de la moitié de la facture d’électricité des communes, sinon plus, il y a donc matière à réduire la dépense publique !).

Les enjeux en terme de développement durable sont donc majeurs.
Pour agir efficacement, la pollution lumineuse est l’affaire de tous ! Collectivités (éclairage public), entreprises (enseignes publicitaires et éclairage des parkings) et ménages réunionnais (éclairage individuel extérieur).


Un impact réel de réduction de la consommation d’électricité
Le bilan sur la consommation énergétique a été donné par EDF, partenaire de l’opération, qui a estimé une baisse de la consommation de 5 à 10 MW.
Cela correspond tout de même à environ 2 à 3% de la consommation habituelle des Réunionnais, soit la consommation de 5 à 10.000 ménages.
Cela est plutôt encourageant pour une première.


Et maintenant ?
L’ensemble des partenaires présents souhaite une seconde édition l’an prochain.
Le format pourrait même être étendu à une soirée entière : pourquoi pas “1 nuit pour La Réunion” ? L’idéal serait ainsi de ne pas éclairer durant la soirée.
Cela permettrait par ailleurs à EDF de mieux gérer l’équilibre nécessaire au bon fonctionnement du système électrique.
Cette opération s’avère d’autant plus cruciale qu’elle entre dans le champ des enjeux phares pour notre siècle, à savoir la préservation de la biodiversité et la sobriété énergétique. La prise en compte de la pollution lumineuse devrait être facilitée par la volonté politique locale, au regard des nombreux programmes existants : GERRI de l’État, Île verte de La Réunion Économique, PRERURE de la Région…
Par ailleurs, le CCEE a pour ambition de susciter l’engagement sur le long terme et continue à se mobiliser sur la thématique, avec pour cibles phares : les collectivités et les entreprises (en particulier la grande distribution), pour toute nouvelle installation d’un point lumineux.
Enfin, si l’économie d’énergie est l’argument principal qui fait réagir de nombreux acteurs, le CCEE tient à rappeler qu’il ne faut pas pour autant occulter la question de l’orientation des flux lumineux, pour une prise en compte de l’ensemble des nuisances occasionnées par la pollution lumineuse, et ainsi, œuvrer pour une utilisation véritablement rationalisée de l’éclairage artificiel.


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