La maîtrise de l’énergie dans l’industrie réunionnaise

Un départ encourageant

24 octobre 2008

Economiser l’énergie dans le secteur industriel est un enjeu à la fois environnemental, économique et technologique. L’ADEME (Agence pour la maîtrise de l’énergie) et l’ADIR (Association pour le développement industriel) organisaient hier une matinée technique sur la maîtrise de l’énergie industrielle : état des lieux et perspectives.

Quelles ambitions l’industrie réunionnaise peut-elle se donner pour la maîtrise de l’énergie et comment soutenir et financer les actions qu’elle se fixerait ?
C’étaient les orientations de la matinée technique qui a réuni à l’Hermitage hier une trentaine de chefs d’entreprise, les responsables de l’ADEME et de l’ADIR et le directeur du Plan régional pour les Energies renouvelables et l’Utilisation raisonnée de l’énergie.
L’industrie réunionnaise représente environ 12% de la consommation d’énergie dans l’île, soit environ 231.000 GWh sans effort de maîtrise et 224.000 avec l’Utilisation raisonnée de l’énergie (URE). Depuis qu’en 2003 l’ADIR s’est impliquée dans une démarche de maîtrise de l’énergie - qui s’est d’abord traduite par une phase de sensibilisation de ses adhérents puis par un accompagnement des entreprises industrielles -, la progression sur la voie de la maîtrise de la consommation d’énergie s’est affirmée.

Un tiers du secteur industriel gagné à l’URE

Le programme d’URE touche désormais un tiers du secteur industriel, et 60% des diagnostics énergie et des projets qu’ils suscitent aboutissent à des investissements. Il faut aussi admettre que l’argument des coûts de l’énergie rend l’URE industrie plus attractive. Les objectifs pour les prochaines années sont donc de structurer et consolider le suivi de l’URE industrie sur les 20 plus gros sites industriels de l’île.
Pour les diagnostics d’entreprise, des aides de l’ADEME et d’EDF peuvent aider les entrepreneurs qui veulent avancer dans les étapes de la maîtrise. Plusieurs exemples ont permis de préciser dans quels domaines les résultats étaient les plus parlants.
Un responsable de l’Urcoopa a évoqué le travail fait sur l’air comprimé - un « secteur où le temps de retour sur investissement est inférieur à trois ans ». Pour les Brasseries de Bourbon aussi, la maintenance est un poste essentiel de maîtrise de l’énergie.
Deux exemples industriels sont venus illustrer les propos des organisateurs de la rencontre.
A Crête d’Or, la consommation en heure de pointe a diminué de 15%, dans une entreprise où le froid (pour l’abattage et la charcuterie) représente de 35% à 40% de la consommation d’électricité et où le gros de la production est concentré sur les heures de pointe. Ce résultat a été obtenu par une série de mesures découlant du diagnostic énergie de l’entreprise, en particulier le suivi d’une traçabilité des températures liant l’éclairage et la ventilation à l’ouverture/fermeture automatique des portes.

Quand les sucriers “i mèt léfé”

A Sucrière de La Réunion, la transformation de la station d’évaporation introduite en 2007 fait jusqu’à aujourd’hui l’objet de toutes les attentions de la part des sucriers de la canne dans le monde parce que de sa réussite dépend la généralisation d’un système qui jusqu’ici ne s’appliquait qu’au sucre de betterave (en raison d’une qualité différente du jus). Olivier Macé des Sucreries a expliqué comment la station d’évaporation est au cœur du processus. En effet, elle reçoit la vapeur de la Centrale Thermique et la redistribue pour les opérations de réchauffage d’où sortiront le sucre et la mélasse. L’intérêt de la Sucrerie était de réduire la consommation de vapeur pour ne pas être trop dépendante de la centrale thermique. Et alors que le processus sucrier repose avec la canne sur cinq “effets” (il faut 1 tonne de vapeur pour évaporer 5 tonnes d’eau), les industriels de La Réunion en ont ajouté un 6ème, différent des cinq autres - il s’agit de la technologie des corps d’évaporation à flots tombants - qui permet d’augmenter la quantité de vapeur dans l’alternateur et de renvoyer plus d’énergie sur le réseau EDF. Sucrière de La Réunion a ainsi gagné 2,5 MW. Mais les aléas - météorologiques et économiques - de l’année 2007 ont rendu l’expérience tellement coûteuse l’an dernier que le bilan réel de l’opération ne pourra réellement être fait que cette année. Il s’agit d’une expérience pilote pour le monde, avec des changements de pression dans le passage de 5 à 6 effets. Le Brésil avait tenté une adaptation, sans résultat, et aujourd’hui, c’est de La Réunion que pourrait venir une innovation qui représente un gain énergétique (vapeur) de 15% à 17%.
De son côté, le directeur du PRERURE, dont le Comité de pilotage se réunissait hier dans l’après-midi pour une mise à jour de ses orientations 2025-2030, a inscrit ces efforts des industriels dans un plan global qui, par des économies d’énergie, a permis depuis 2005 d’éviter 40 MW de puissance installée.

P. David


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