Une alternative au gaz : le bois et l’énergie solaire

6 février 2009, par Edith Poulbassia

Le prix de la bouteille de gaz, déjà élevé, n’a pas été revu à la baisse lundi dernier, comme l’espérait pourtant le Collectif des associations. Un prix qui pénalise les ménages les plus modestes, dépendants de cette énergie fossile. Mais demander une baisse des prix n’est pas une solution durable. La Réunion dispose d’atouts à valoriser pour s’affranchir de ce combustible.

Lundi dernier, la préfecture a décidé de revoir à la baisse les prix des carburants, à l’exception du gaz. Le prix de la bouteille stagne à 20 euros. Explication donnée dans le communiqué de la préfecture : « Le préfet a décidé, pour préserver le pouvoir d’achat, de ne pas modifier le prix de la bouteille de gaz alors que le prix de structure aurait dû conduire à une augmentation. Le prix de la bouteille de gaz demeure inférieur de 0,64 euro au prix de structure ». En effet, après calcul sur la base du tableau de structure des prix présenté par la préfecture, le consommateur aurait dû payer 20,64 euros la bouteille de gaz à compter du 1er février.
Un point de vue que conteste le Collectif des associations. Jean-Hugues Ratenon déplorait cette semaine la décision du préfet. « Toutes les familles, notamment les 52% de notre population vivant en dessous du seuil de pauvreté, attendaient une baisse significative du prix de la bonbonne de gaz », affirmait-il. Car malgré la baisse du prix d’achat pour les grossistes (de 8,02 en décembre à 5,87 en janvier), le consommateur continue à payer 20 euros la bonbonne, alors que les grossistes préservent leurs marges de 5,68 euros.

Dans le contexte actuel de baisse du pouvoir d’achat, le Collectif des associations estime que la progression du prix du gaz est un coup dur pour les familles les plus pauvres. L’utilisation de la bonbonne de gaz pour cuisiner et se chauffer est encore une habitude pour une grande partie de la population, notamment les personnes âgées, qui paient souvent le transport de la bonbonne. La sénatrice Gélita Hoarau avait d’ailleurs sollicité l’année dernière une aide financière pour les familles modestes, à l’instar de ce qui s’est fait en métropole pour le chauffage. Refus de l’Etat. Résultat, les Réunionnais se retrouvent à payer le prix fort. Et la situation ne risque pas de s’améliorer. Le gaz est un produit pétrolier, combustible fossile, donc épuisable. A cela il faut ajouter le coût du transport, qui va subir, dans les années à venir, la pénurie de carburants.

Une consommation en baisse constante

Alors, quelles alternatives pour les ménages ? Attendre vainement que les prix baissent ? La solution serait de changer ses habitudes de consommation, mais encore faut-il en avoir les moyens.
« S’agissant de la consommation de gaz, elle est en baisse constante chaque année. Ceci s’expliquerait par la pose de chauffe-eau solaires, le développement de la cuisson électrique », précise l’Observatoire de l’Energie Réunion (OER) dans son bilan énergétique de 2007. La consommation a diminué de 1,5% de 2006 à 2007. Et 23.353 tonnes de gaz butane ont été importées en 2007.
Deux pistes s’offrent aux Réunionnais. D’abord le bois, essentiellement pour les Hauts de l’île. D’après l’ARER, un stère de bois secs, soit un tas de bûches d’1 mètre cube, représente l’équivalent de 10 bouteilles de gaz de butane de 13 kg. En 2007, l’ARER comparait ainsi le prix moyen de 60 euros le stère à celui de 10 bouteilles de gaz alors à 18 euros. Résultat, le bois coûtait au consommateur trois fois moins cher que le gaz. Le bois peut donc se substituer au gaz à condition de préserver la forêt, et les espèces endémiques.
Autre solution, et c’est celle qui explique en partie la baisse de la consommation de gaz : l’énergie solaire. C’est l’objectif de la Région, « le solaire pour tous les Réunionnais ». 10.000 chauffe-eau solaires individuels sont installés chaque année, et les logements collectifs s’y mettent. En 2007, 84.399 chauffe-eau solaires individuels ont été installés et 14.272 mètres carrés de capteurs sur les toitures de logements sociaux, résidences hôtelières et bâtiments tertiaires. Pour les ménages modestes, le Conseil général contribue à une aide financière. A ces chiffres, on peut ajouter le solaire photovoltaïque pour la production d’électricité (4,4 Gwh en 2007). Entre 2006 et 2007, cette production a été multipliée par 2,5. Voilà les deux pistes à suivre pour réduire la dépendance énergétique des ménages réunionnais, et peut-être réduire la facture de gaz.

EP

Energies renouvelables

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