Énergie renouvelable

Une relance possible du photovoltaïque

31 juillet 2012, par Céline Tabou

Le gouvernement vient de lancer deux appels d’offres dans le secteur, afin de relancer la filière et permettre d’endiguer la crise dans le photovoltaïque. Le Ministère de l’Écologie et de l’Énergie a retenu plus d’une centaine de projets toitures solaires, en privilégiant les productions nationales.

Le nouveau système d’appels d’offres du gouvernement permet la mise en concurrence des promoteurs et l’engagement d’un tarif de vente à EDF. Dès à présent, l’État peut réguler le nombre d’installations ainsi que le volume des subventions à attribuer.

« Opportunités de développement »

Le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), Jean-Louis Bal, a expliqué au quotidien “Les Échos” : « Nous avons critiqué les à-coups qu’imposent ces appels d’offres à la vie des entreprises, mais ils offrent des opportunités de développement industriel ». Les autorités sont parvenues à négocier des prix les plus faibles, à 20 centimes le kWh, mais aussi à privilégier des panneaux fondés sur du matériel français. Face aux inquiétudes des entrepreneurs, l’État a également favorisé les offres françaises innovantes pour éviter l’achat de panneaux en Asie.

Aujourd’hui, la France n’a plus de société dans les dix premières mondiales dans le domaine des énergies renouvelables, a expliqué la ministre de l’Écologie et de l’Énergie, Delphine Batho, lors d’un point presse le 17 juillet. Pour cela, le gouvernement a décidé de relancer les filières d’avenir telles que le photovoltaïque et l’éolien. « Avec le ministre du Redressement productif, Arnaud de Montebourg, nous avons confié (lundi 16 juillet, NDLR) au Conseil général de l’Économie, de l’Industrie et des Technologies et au Conseil général de l’Environnement et du Développement durable deux missions, l’une sur la filière amont du photovoltaïque et l’autre sur l’éolien », afin que ces deux organismes rédigent « un rapport avec des propositions sur la stratégie à mettre en place pour favoriser la production française ».

La Chine pointée du doigt

Face au développement de l’économie verte par la Chine et certains pays industrialisés, la Commission européenne a décidé d’ouvrir une enquête anti-dumping contre la Chine. En effet, le fabricant allemand de cellules photovoltaïques Q-Cells a été le déclencheur de cette procédure, l’ancien leader mondial de la filière a déposé le bilan en avril 2012 en raison de la concurrence forte sur les prix menée par l’industrie chinoise.

Face à la part du marché photovoltaïque détenue par les fabricants chinois, 68%, la Commission européenne a décidé de prendre en compte la demande faite par le groupe ProSun, composé d’industriels européens du secteur, d’entamer cette enquête. Le groupe ProSun rassemble une vingtaine d’industriels dont la plupart ont déposé le bilan ces derniers mois suite à la présence des fabricants chinois. Ils accusent Pékin d’accorder des crédits sans limites à son industrie permettant à celle-ci d’augmenter ses capacités de production et de vendre à bas prix. Si Bruxelles décide d’ouvrir une enquête contre la Chine, l’Union européenne pourra rétablir les droits de douane afin de compenser la baisse des prix « estimée déloyale par rapport au prix de revient ». Toutefois, il semble peu probable que la Commission en décide ainsi, car le secteur allemand est soutenu par les contribuables européens qui paient le développement de l’énergie solaire.

De plus, les entreprises européennes ne peuvent s’attaquer de front contre la Chine, dont le marché est exponentiel et rapporte plus que les pertes enregistrées dans certains secteurs. En effet, comme l’a expliqué Zaki laïdi, directeur de la recherche à Science Po, « bon nombre de grandes entreprises européennes qui s’estiment à juste titre lésées par les conditions d’accès au marché chinois estiment qu’en fin de compte, le statu quo est préférable, car l’un dans l’autre, ils bénéficient malgré tout de l’immensité du marché chinois. Ils craignent qu’en recourant à des mesures de rétorsion, leur accès à cet immense marché soit contrarié ».

Céline Tabou

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