Réunion 2030 : la réalité des chiffres, l’importance des défis

1 million 026.000 habitants

19 avril 2008

Comme le rappelait hier Pascal Chevalier, Directeur régional de l’INSEE, il importe de disposer de données fondamentales et actualisées pour mieux appréhender l’avenir de La Réunion à l’horizon 2030. L’INSEE rappelle que le scénario le plus probable reste « un nombre d’habitants proche du million ». Vieillissement flagrant de la population, nécessité de construire des logements, revoir la politique de l’emploi, réfléchir à l’investissement dans l’éducation, bref, La Réunion devra faire les meilleurs choix pour satisfaire les besoins d’une population grandissante, sans nuire à son environnement.

Ce sont les toutes nouvelles projections pour La Réunion 2030, émises par l’INSEE, réactualisées 6 ans après les précédentes projections démographiques. Il importait de disposer de nouveaux chiffres tenant compte de l’évolution de la population réunionnaise. Tous les projecteurs éclairent le scénario central, avec une fécondité à la baisse, un solde migratoire à la hausse et une fin de transition démographique vers 2030.

C’est la perspective du million d’habitants. Les autres scenarii ne doivent pas être écartés. Si les politiques de la mobilité s’intensifient, et que les jeunes choisissent d’émigrer en France, au Canada, ou vers tout autre pays d’accueil du savoir-faire réunionnais, notre population pourrait seulement atteindre 900.000 habitants en 2030. « Inversement, avec le maintien de la fécondité actuelle, un moindre départ des jeunes et l’arrivée de personnes d’âge moyen ou élevé, souvent accompagnées d’enfants, la population pourrait dépasser 1 million 100.000 personnes en 2030 », informe l’INSEE, qui déclare que « toutes les hypothèses intermédiaires sont vraisemblables ».

Les chiffres de l’INSEE devront être pris avec beaucoup de précautions. « Les projections de population sont des éléments de cadrage, mais doivent être utilisées avec prudence », rappelle l’INSEE. Mais « chacun d’entre nous, quelles que soient ces responsabilités, est intéressé dans sa vie de tous les jours par ces chiffres », lance le Président de la Région, Paul Vergès.

Les chiffres sont en effet éloquents, et doivent inspirer aux Réunionnais, mais surtout aux politiques, la plus grande volonté de travailler ensemble pour réussir le programme Réunion 2030, qui serait, selon les mots de Pascal Chevalier, « un espace novateur en termes de développement durable, créateur d’emplois, fondé sur l’innovation et respectueux de l’environnement ». 900.000 Réunionnais, ou dépassant juste, voire largement le million d’habitants ?

Des perspectives d’emplois ?

La croissance démographique sera-t-elle génératrice d’emplois ? Peut-être, si l’on tient compte du vieillissement de la population. A échéance 2030, il faudra compter environ 250.000 Réunionnais âgés entre 60 et 74 ans, alors que les 75 ans et plus seront 75.000 à l’horizon de la projection.

Développerons-nous des emplois d’assistants de vie, d’éducateurs spécialisés en gérontologie ? Verrons-nous la construction de résidences adaptées, et de centres d’accueil ? La population des 0 à 19 ans resterait stable aux alentours de 275.000, alors que la proportion des 20-39 ans progressera légèrement. La tranche d’âge 40-59 ans connaîtra un progrès de 65.000 personnes. L’âge moyen se placera à 39,7 ans, contre 32 ans en 2005. La force travailleuse devra se montrer démonstrative. Le BTP sera sûrement un métier d’avenir, au moins jusqu’à 2030.

A cette date, l’île comptera 421.000 ménages, le nombre de ménages les plus âgées sera multiplié par 3, tandis que la proportion de personnes seules sera fortement augmentée. Pour loger tout ce beau monde, il faudra construire pas moins de 468.000 logements, sans tenir compte de l’entretien du parc immobilier actuel. Par an, c’est 7.500 logements à construire. Chacun, et notamment l’Etat, est face à ses responsabilités.

468.000 logements

La Chambre de Métiers et de l’Artisanat devra se montrer pertinente dans ses campagnes de formation aux métiers du BTP. Alors que le foncier est un problème fondamental à La Réunion, que son prix freine bien des projets de construction, les propriétaires des moindres parcelles de terrain constructibles, les collectivités territoriales retiennent leur rôle en matière de politique de logement. Une remarque pertinente du conseiller régional Raymond Lauret lors du débat était aux bords de toutes lèvres.

Est-ce à dire que l’effort régional en matière de construction d’établissements scolaires devra baisser au profit de la construction de logements ? La construction d’écoles, de collèges, de lycées ne devra pas forcément baisser. En résumé, selon le scénario central, en 2030, La Réunion comptera 1 million 026.000 habitants, notamment âgés. Message fort, qui fera office de conclusion du rapporteur de l’INSEE, 468.000 logements à atteindre en 2030.

Mon professeur d’Économie, Monsieur Maizeret, disait toujours : « Si le bâtiment va, tout va, l’économie se développe, les emplois sont créés et on voit naître de nouvelles entreprises ». Est-ce au moins vrai ? La population active augmentera de 4.000 personnes chaque année jusqu’en 2013, puis stagnera aux alentours de 1.000 à 1.500 actifs supplémentaires par an. En 2030, quelle sera la proportion du chômage ?

W.T.


Trois facteurs à prendre en compte

Espérance de vie, fécondité et solde migratoire

Pour déterminer la croissance démographique, l’INSEE analyse 3 paramètres : l’espérance de vie, la fécondité et le solde migratoire. « Pour estimer les décès, on suppose que l’évolution de l’espérance de vie se fait de manière parallèle à celle qui est observée en France métropolitaine, soit, d’ici 2030, un gain de 3,2 ans d’espérance de vie chez les femmes et 4,3 ans pour les hommes », explique l’INSEE. C’est la seule hypothèse de mortalité émise par l’Institut d’études démographiques. Notons que la fécondité des moins de 20 ans à La Réunion ne diminue pas actuellement, et qu’elle reste même plus importante que chez les femmes du même âge en France métropolitaine.

Partant de ce constat, 3 hypothèses de l’évolution de la fécondité réunionnaise sont à relever. Soit elle se stabilise à 2,45 enfants par femme, soit elle connaîtra une baisse continue jusqu’à 2,1 enfants par femme en 2030, puis elle stagne, soit la baisse du taux de fécondité sera toujours de 2,1 enfants par femme, mais jusqu’en 2020, puis elle stagnera. Il faut souligner que l’écart entre les scenarii haut et bas est de 65.000 personnes.
Pour ce qui est du troisième facteur, et non des moindres, l’INSEE analyse un léger retournement des migrations, avec un solde migratoire juste positif en 2007. Et pourtant, il indique que le million d’habitants dépend des migrations. La population réunionnaise à l’horizon 2030 ne pourra se dédouaner des résultats des politiques en matière de mobilité, et devra se montrer accueillante.

Déjà, on assiste à un départ plus conséquent des jeunes Réunionnais, pour se former à un métier, suivre un cursus universitaire ou tout simplement travailler. Les migrations récentes entre l’île et la Métropole concernent principalement les jeunes de 18 à 25 ans. Mais l’on voit chaque année des Réunionnais du BUMIDOM, partis travailler en France dans les années 1970, revenir au pays passer leur retraite, ou conclure leur carrière. Je dirais même que l’Europe n’a pas de frontières pour ses citoyens européens. Bref, 5 hypothèses d’évolution migratoire sont soumises par l’INSEE. Le cas d’école donne d’abord la possibilité de l’absence de migration, mais il ne faudra vraiment pas compter sur cette hypothèse.

Trois autres scenarii sont envisageables, tablant sur une accélération de l’immigration, soit plus de 3.900 en moyenne.

Le deuxième scénario trouve l’intérêt des experts, portant plutôt sur une migration annuelle positive, mais de 2.100 personnes, en fonction de la moyenne sur la période 1990-2005.

Ou bien, on assistera en 2011 à une émigration négative de moins 1.300 personnes par an. L’écart entre les deux extrêmes donne 140.000 personnes. Notons que la part des migrations devra augmenter, comparée au solde naturel.


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