La course aux profits menace une espèce emblématique de la biodiversité

100000 éléphants tués en Afrique entre 2010 et 2012

19 août 2014, par Manuel Marchal

Selon une étude publiée lundi, les braconniers ont tué environ 100000 éléphants en Afrique entre 2010 et 2012. Ce pic de mortalité est la conséquence d’une forte demande d’ivoire en Asie. L’éléphant est une espèce protégée, le commerce de ses défenses en ivoire est interdit.

L’éléphant de forêt. (photo dsg-photo)

Les alertes au sujet du massacre des éléphants d’Afrique ne cessent de se succéder. La dernière est une étude scientifique publiée lundi. Elle est le fruit d’une collaboration entre l’Académie nationale des Sciences du Kenya, le experts de l’ONG Save the Elephants, le service de protection de la faune du Kenya, le groupe MIKE, une ONG qui traque les abattages illégaux d’éléphant, et de deux autres universités.

Elle estime le nombre de décès sur tout le continent en extrapolant les données à partir de plusieurs sources. Elle constate que le pourcentage d’éléphant tué par les braconniers est en forte augmentation. La proportion était de 25% voici 10 ans, elle est aujourd’hui de 65%. A ce rythme, l’éléphant d’Afrique va devenir une espèce menacée.

Les chercheurs expliquent cette brusque variation par l’émergence d’une classe moyenne en Asie. Dotée de suffisamment de revenus pour consommer, la classe moyenne peut se permettre de se payer de l’ivoire illégalement. Cela fait grimper les cours. Des Africains rejetés dans la pauvreté prennent alors le risque de tuer des éléphants pour tenter de survivre.

C’est surtout dans le centre de l’Afrique que les massacres d’éléphant sont les plus nombreux. La Tanzanie et le Kenya suivent derrière.
Dans la réserve de Selous Game en Tanzanie, le nombre des éléphants est passé de 40.000 à 13.000 au cours des trois dernières années.
En Afrique du Sud, les trafiquants concentrent leurs convoitises sur les rhinocéros.

La Chine est avertie des problèmes posés par la demande d’ivoire de sa classe moyenne. L’ambassade de Chine au Kenya a offert des équipements pour lutter contre le braconnage à quatre réserves. L’ambassadeur de Chine au Kenya a de plus souligné que son pays fait des campagnes d’information pour que la population prenne conscience des conséquences du commerce illégal de l’ivoire. Les crimes contre la faune sauvage sont une menace transfrontalière, a dit l’ambassadeur à une radio de Nairobi.

La population survivante des éléphants d’Afrique est difficile à dénombrer. Le nombre le plus cité est 400.000. Si les tueries continuent, alors l’éléphant d’Afrique sera une espèce en sursis.

M.M.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages


Témoignages - 80e année


+ Lus