17ème Forum mondial de l’eau de Stockholm

20 août 2007

Le 17ème Forum mondial de l’eau de Stockholm a clôturé ses travaux.

Les biocarburants pourraient apporter plus de problèmes que de solutions aux difficultés de la planète, ont mis en garde vendredi les experts réunis à Stockholm à l’occasion de la Semaine mondiale de l’eau.
Au terme de la rencontre, les spécialistes ont voulu adresser un message clair : l’eau se fera de plus en rare sur la planète et il vaudra mieux l’utiliser pour faire pousser de la nourriture que pour produire du carburant.
La demande pour les biocarburants, produits à partir de canne à sucre ou de maïs, augmente dans le monde entier, où on les considère généralement comme une alternative écologique aux produits pétroliers. Mais la progression de ces cultures va accroître les difficultés en matière d’approvisionnement en eau pour l’irrigation.
Beaucoup des spécialistes présents affirmaient que les biocarburants ont été choisis dans des pays où la crainte n’est pas le manque d’eau mais plutôt la perspective de manquer de pétrole. Pour autant, d’autres soulignaient que le développement des biocarburants contribue aujourd’hui au développement des exportations agricoles dans de nombreux pays pauvres.

Presse Canadienne


L’eau et le changement climatique

Questions à Manfred Matd, directeur de projet à l’Institut international de l’eau de Stockholm, organisateur de l’événement.

Quels seront les effets du changement climatique sur les ressources en eau ?

- Selon une étude, l’Afrique de l’Ouest devrait recevoir plus de pluie. C’est bien pour le Niger, le Burkina Faso. Mais nous ne pouvons pas mesurer complètement l’effet des changements climatiques sur les pluies. Nous manquons d’instruments de mesures, il faut investir plus dans les systèmes de collecte et d’analyse des données.
Alors qu’en Europe nous dépensons des millions pour améliorer de quelques pourcentages la précision des observations climatologiques, en Afrique nous ne pouvons même pas mesurer les précipitations, une des données les plus simples à collecter ! Par exemple, en République Démocratique du Congo, avant la série de conflits, il y avait 700 stations météo. Aujourd’hui, il n’y en a plus qu’une cinquantaine pour un territoire grand comme la moitié de l’Europe. Et leurs données sont à peine fiables...

En quoi ces observations seraient-elles utiles ?

- Tout simplement à aider les locaux à adapter leur mode de vie à leur environnement ! Elles permettraient de prendre des décisions à partir des tendances dégagées. Si les précipitations sont en baisse, il faut changer les types de culture, prévoir la construction de barrages de retenue d’eau pour l’irrigation. Autant de projets qui nécessitent une vision sur le long terme que l’absence de mesure nous empêche de mener.

Quels nouveaux problèmes apparaissent dans le domaine de la gestion de l’eau dans le monde ?

- La forte progression des cultures destinées aux biocarburants dans les pays en voie de développement est un nouveau défi de taille. Ce choix économique entraîne deux conséquences fâcheuses. D’abord, ces nouvelles cultures viennent concurrencer, en termes d’espace, la production agricole destinée à l’alimentation. Ensuite, cela crée un besoin en eau supplémentaire. Il faut beaucoup d’eau brute (eau non traitée, ndr) pour irriguer ces nouveaux champs, ce que l’on observe au Mexique et en Amérique du Sud.

Quelles solutions ressortent de la semaine mondiale de l’eau de Stockholm ?

- Nous proposons l’instauration d’une étiquette « label eau » qui serait apposée sur les produits dont la production nécessite moins d’eau. Savez-vous qu’il faut 5000 litres d’eau pour fabriquer une paire de jeans ? Ce chiffre recouvre à la fois la consommation aboutissant à l’évaporation de l’eau utilisée, que celle entraînant son rejet dans la nature après utilisation. Une eau polluée qu’il faut la plupart du temps traiter. Cette initiative est aussi portée par des industriels comme Nestlé.

D’autre part, nous souhaitons que l’eau brute soit payante dans tous les pays, comme c’est le cas en France. Cette ressource est gratuite en Allemagne et en Suède, par exemple. Or, si elle devient chère, les entreprises seront plus incitées à réduire leur consommation pour faire des économies.


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