L’État programme l’extermination massive de lémuriens

700 makis seront abattus par balles ou par injections létales

12 janvier 2012

700 makis vont bientôt trouver la mort sur l’île de M’Bouzi, à Mayotte. Une fin violente — à coups d’armes à feu ou par injections létales —, les attend sûrement, car « l’abattage est la solution la moins coûteuse et la plus efficace face à leur trop grande prolifération », indique l’État dans un rapport confidentiel que s’est procuré Imaz Press Réunion. L’extermination des animaux y est froidement programmée avec force détails. La seule préoccupation des auteurs de ce rapport est visiblement d’atténuer le retentissement médiatique de cet abattage massif et d’en faire porter la responsabilité à l’association Terre d’Asile qui a formé un refuge pour les makis abandonnés et blessés en 2002.

Le service de la faune et de la flore sauvages au Ministère de l’Écologie note en effet dans son rapport que : « la population de makis croît actuellement de 10% chaque année avec 800 lémuriens environ sur l’îlot ». Selon ce service, les zones habitées de l’île deviennent des « dépotoirs à lémuriens » et la faute repose entièrement sur l’association Terre d’Asile qui, depuis 2002, vient en aide à ces petits animaux.

Les 700 makis menacés d’une mort cruelle (voir article "Une exécution que l’État voulait silencieuse") sont donc visés par l’État en raison de leur trop grande prolifération et des dégâts occasionnés par eux sur l’environnement. « Des densités dans les aires de nourrissage atteignent les 200 à 300 individus à l’hectare », explique le responsable du bureau de la faune et de la flore sauvages. Il estime que « les très nombreux lémuriens imprégnés, consanguins et surnutris de M’Bouzi sont le fruit des actions entreprises par Mme Gandon et Terre d’Asile depuis une dizaine d’années ».

Il rejette ainsi la faute sur les associations non gouvernementales. Celles-ci sont donc priées « de trouver des solutions raisonnables fiables et financées sur fonds privés » comme elles l’ont fait pendant les 14 dernières années, et cela, même lorsque « les pouvoirs publics sollicitaient régulièrement l’association pour la prise en charge des animaux blessés ou orphelins », commente maître Arielle Moreau.

De leur côté, les associations trouvent injustes ces accusations et dénoncent les méthodes proposées par l’État. Cette situation aurait pu être évitée si l’État avait agi bien avant. Face à la surpopulation des makis sur l’île de M’Bouzi, une réunion avait été tenue le 3 septembre 2006 entre les pouvoirs publics et Terre d’Asile pour « tenter d’apporter des solutions », « mais faute de moyens et d’une réelle volonté des pouvoirs publics, les résolutions qui avaient été arrêtées sont demeurées sans suite », rapporte l’avocate de SOS Animaux.

Le plan du gouvernement tombe à l’eau

L’État a en tout cas prévu un abattage massif de la population de makis pour 2012, et prévoyait de le faire en toute discrétion. Pourtant, l’affaire s’ébruite peu à peu, et provoque une grande indignation chez les associations mahoraises, mais aussi ailleurs dans le monde.

L’association environnementale Maecha, Komba na Zoumbe (MKZ) a par exemple cherché à avoir des explications auprès de la Préfecture de Mayotte. C’est finalement la DEAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) qui a accepté de les rencontrer d’ici la semaine prochaine.

Pour éviter l’extermination massive des makis, les associations ont pourtant fait de nombreuses propositions, dont la stérilisation et le transfert des animaux. Cependant, en 2010, un arrêté préfectoral donne tout pouvoir au gestionnaire de la Réserve naturelle nationale (RNN) de Mayotte pour mettre en œuvre un plan de suppression progressive du nourrissage des lémuriens de l’îlot M’Bouzi. Peu de temps après, constatant que les animaux ne disparaîtraient pas assez vite, c’est un plan d’extermination par injections létales ou, plus cruel, par balles, qui a été décidé. Et cela, dans le plus grand silence, quitte à utiliser des armes silencieuses, pour ne pas alarmer les médias, et encore moins les habitants de Mayotte — qui ne sont pas informés de ce plan, selon l’avocate de SOS Animaux.

Soe Hitchon et Samia Omarjee pour www.ipreunion.com

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