42 départements soumis à des restrictions de consommation d’eau

Aggravation inquiétante de la sécheresse en France

23 mai 2011

Une nouvelle vague d’arrêtés préfectoraux étend depuis samedi à 42 le nombre de départements concernés par des restrictions d’eau. Cette situation est très inquiétante pour toute la chaine agroalimentaire. Samedi en Charente-Maritime, des agriculteurs ont dressé des barrages toute la matinée pour protester contre les restrictions.

« Nous ne pouvons pas accepter une décision préfectorale d’interdire toute irrigation prise par des gens qui sont dans un bureau à La Rochelle, dénonce François Avrard, le président de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA) en Charente-Maritime. Bien sûr nous sommes conscients que nous connaissons une sécheresse exceptionnelle, mais est-on allé vraiment contrôler le niveau de la nappe avant de prendre une mesure aussi radicale ? Nous n’irriguons pas à outrance et voilà qu’on nous oblige à couper carrément l’eau ». Voici une réaction recueillie samedi par "La Charente libre" lors du mouvement de protestation d’agriculteurs.
Durant plus de 5 heures, ils ont dressé des barrages sur plusieurs axes stratégiques. Plusieurs sorties d’une autoroute étaient fermées, un barrage coupait une route nationale. Les agriculteurs ont voulu sensibiliser l’opinion sur les conséquences des restrictions imposées depuis mercredi par l’État. Ils ont distribué des tracts disant qu’« un département qui sacrifie son agriculture ne peut accueillir ses touristes ».
Les agriculteurs dénoncent une importante perte de recettes provoquée par cette décision, avec des répercussions sur la trésorerie d’exploitations déjà fragilisées par la crise.

Juillet en mai

« On est en situation de crise et de gestion de crise », avait souligné lundi la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, après avoir réuni avec un mois d’avance la commission de suivi hydrologique (dit "comité sécheresse") rassemblant les représentants du BRGM, tous les usagers de l’eau, des élus et des experts, afin de faire le point sur la situation.
« On est dans une situation de mois de juillet en ce qui concerne tous les indicateurs : nappes, débit et fonte des neiges », avait-elle ajouté.
Il n’y a « pas de bonnes nouvelles » à attendre de Météo France qui a indiqué samedi ne pas prévoir de « pluies étendues et significatives », mais seulement des orages localisés pour les sept prochains jours.
« Le mois d’avril avait été extrêmement sec et la situation ne s’est pas du tout arrangée au cours du mois de mai », a indiqué à l’AFP Dominique Raspaud, prévisionniste à Météo France.
Les précipitations sont restées largement déficitaires par rapport à un mois de mai moyen. A Paris, « il est tombé 1 mm de pluie depuis le début du mois de mai » alors que la moyenne, pour un mois de mai complet, est de 65 mm, a souligné Mme Raspaud.
A certains endroits, des quantités importantes d’eau sont certes tombées ces derniers jours sous forme d’orages, mais « ce ne sont pas des pluies efficaces, car elles ont du mal à s’infiltrer dans le sol et ont plutôt tendance à ruisseler », a remarqué la prévisionniste.


Résultat de plusieurs années de déficit pluviométrique

Plus des deux tiers des réservoirs ont un niveau de remplissage inférieur à la moyenne. Selon le point fait lundi dernier par le "Comité sécheresse", cette situation n’est pas uniquement due à l’épisode de sécheresse.

Globalement sur la France, les cumuls de précipitations pour le mois d’avril 2011 n’ont atteint que 29% de la moyenne de référence établie sur la période 1971-2000. Le déficit dépasse même 75% de la Somme à l’Est de la Bretagne et au Bassin parisien, de la Vendée à la Gironde jusqu’au Nord des Alpes, sur le littoral des Bouches-du-Rhône au Var, en Bourgogne, en Champagne et au Sud de l’Alsace.
Faisant suite à un début d’année déjà nettement déficitaire à l’exception des régions méditerranéennes, le nouveau déficit pluviométrique observé ce mois-ci, conjugué aux fortes chaleurs, fait que les sols superficiels sont extrêmement secs pour une fin de mois d’avril sur la majeure partie du pays. La moitié Nord de la France connaît même des niveaux de sécheresse des sols jamais atteints fin avril au cours des cinquante dernières années. Les déficits quasi généralisés sont particulièrement sensibles des plaines du Sud-Ouest à la Bretagne et au Nord-Est.
Le manteau neigeux au 1er mai 2011 s’est considérablement amoindri. Seuls les massifs les plus élevés des Alpes et des Pyrénées conservent une couverture neigeuse. La quantité d’eau stockée dans le manteau neigeux est par conséquent très inférieure à la moyenne des simulations pour un 1er mai sur la période 1995-2006 sur pratiquement l’ensemble des massifs.
Le niveau des nappes au 1er mai 2011 est hétérogène d’une région à l’autre.
Plus des deux tiers (68%) des réservoirs affichent un niveau inférieur à la normale. C’est le cas sur la plus grande partie du Bassin parisien et dans le Sud-Ouest pour plusieurs grands aquifères. On peut citer les nappes de Beauce, du Bas-Dauphiné, du Champigny en Ile-de-France ou encore les nappes du bassin de la Garonne. Cette situation est le résultat de plusieurs années de déficit pluviométrique.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Certes, il faut gérer au mieux le présent. Mais compte tenu du réchauffement climatique, le plus important est de réfléchir et d’engager la mise en place au plus vite au remplacement des cultures par des variétés qui ne nécessitent pas - ou peu - d’irrigation.
    Il faut revenir sur la politique récente qui a subventionné le déploiement de systèmes d’irrigation.
    Encore un fois, la nature (le bien de tous) est spolié pour le bénéficie de quelques uns. Je ne pense pas là en premier aux agriculteurs, mais tout ceux qui gagnent à la vente de tels systèmes.


Témoignages - 80e année


+ Lus