Agriculture raisonnée : assurance de manger sain et de protéger son environnement

25 octobre 2006

Vous voulez savoir comment ont été produits vos fruits et légumes ? Quels traitements ont-ils subi ? Vous voulez avoir la traçabilité de ce que vous mangez ? Pensez “Agriculture Raisonnée”. C’est un mode de production d’une exploitation agricole qui vise à concilier le respect de l’environnement, la sécurité sanitaire et la rentabilité économique. “L’agriculteur raisonné” pourra tout vous dire, du nom du pot de graines qu’il a planté au nom du produit phytosanitaire qu’il a utilisé, la production d’un fruit ou légume n’aura plus de secret pour vous.

5 exploitants agricoles à La Réunion ont reçu la certification « agriculture raisonnée ». Cette appellation signifie que le producteur a suivi scrupuleusement un cahier des charges établi par l’Europe et que le consommateur a l’assurance de manger un produit sain qui n’a jamais été en contact avec un produit nocif pour l’environnement.
À La Réunion, c’est le FARRE (Forum de l’Agriculture Raisonnée Respectueuse de l’Environnement), créé en juin 2000, qui est chargé de promouvoir le concept auprès des agriculteurs et de la société. L’organisme certificateur, OCTROI (Organisme Certificateur Tropique Réunion Océan Indien), a la charge de veiller au respect des exigences du référentiel (voir encadré) agriculture raisonnée et de délivrer la qualification pour 5 ans.
Pour en savoir un peu plus, nous avons décidé de rencontrer 2 “agriculteurs raisonnés”.

L’agriculture raisonnée, c’est d’abord un état d’esprit

Créé en 1998, le Verger de la Chapelle de Laurent Fontanaud, situé sur la commune de l’Entre-Deux, s’inscrit dans une démarche pérenne grâce à ses orientations culturales. En effet, l’arboriculture représente 75% de son activité et l’apiculture le solde restant. « Il était donc évident pour moi de formaliser cet état d’esprit en participant à l’action de FARRE à La Réunion », souligne le producteur. Ainsi, la qualification n’est que le préambule à une démarche globale de qualité et de sécurité. « J’ai toujours été sensible à la protection de la nature, c’est donc tout naturellement que je me suis engagé dans ce programme ».
Laurent Fontanaud a bénéficié d’une aide de l’État de 1.000 euros et a investit 3.000 euros environ pour pouvoir enfin avoir la certification au bout de 2 ans et demi. « C’était une volonté réelle de ma part et aujourd’hui je suis très fier d’être récompensé », dit fièrement l’agriculteur.
Mais cela ne sait pas fait sans peines, en effet, pour Laurent Fontanaud « c’est au niveau des administrations qu’on perdait beaucoup de temps, on peut perdre facilement 7 mois pour attendre un seul papier ».
Aujourd’hui, tout son travail et celui de ses employés sont couronnés de succès. Ce label leur a permis de s’ouvrir à de nouveaux marchés : grande distribution, exportation... « Les gens nous font confiance. De plus, comme je suis le seul apiculteur de l’Outre-mer, et 3ème au niveau national, à avoir eu cette distinction, je peux mieux vendre ma production ».
Pour l’apiculteur, il n’est pas question de s’endormir sur ses lauriers. En effet, tous les 2 ans, ses employés et lui-même ont l’obligation de se former à de nouvelles compétences techniques. Il est indispensable pour lui que son personnel ait une connaissance approfondie des techniques et qu’il y ait dans le groupe cet état d’esprit de vouloir se protéger et de protéger aussi l’environnement.
Il est également important de savoir que, par arrêté ministériel, seuls les “agriculteurs raisonnés” peuvent utiliser cette appellation sur leurs produits, gage de qualité. De plus en plus de personnes utilisent ce terme à tort et à travers, c’est pour cela qu’il faut davantage de contrôle pour réprimander ceux qui l’utilisent à tort.
Côté prix, « les produits issus de cette agriculture ne se vendent pas beaucoup plus cher que les autres soit environ 5 ou 10 centimes de plus, ajoute Laurent Fontanaud, les gens sont de toute façon demandeurs donc, pour moi, ça marche très bien ».

Les “agriculteurs raisonnés” demandent davantage de contrôles et de reconnaissance

Pour Jimmy Nicole, exploitant de tomates, melons, poivrons, courgettes, ananas, etc... la démarche de qualification a été un outil de progrès pour son exploitation. Cela lui a permis de prendre conscience de ses forces et de ses faiblesses. Aujourd’hui, il est toujours en quête d’améliorations pour produire des fruits et légumes de qualité, sains, en respectant notre environnement. Pour lui, l’investissement a été énorme, que se soit au niveau financier ou humain et il a fallu attendre 4 ans pour être récompensé. Le travail a été conséquent pour le président de la coopérative Terre Bourbon, mais il était indispensable, car cela fait partie de son état d’esprit que de respecter la nature. « Maintenant, je sais que mon personnel est protégé, la terre est protégée ainsi que le consommateur. Chez moi, je peux manger une tomate sans la laver puisque je sais qu’elle est saine », affirme le producteur.
Il déplore néanmoins qu’il n’y ait pas plus de contrôles de la part de la répression des fraudes. En effet, aujourd’hui, Jimmy Nicole dit qu’il ne préfère pas signaler sur sa marchandise le label « agriculture raisonnée » car les autres producteurs risquent de “copier” ce label alors qu’ils n’ont pas la qualification. Malheureusement, les contrôles sont trop rares et le consommateur risque d’acheter un produit qu’il croit sain alors qu’il n’en est rien. Donc pour l’instant, le maraîcher attend patiemment le moment où il pourra vendre son produit sous l’emballage qui convient.
Il ne se fait pas trop de souci car il sait que « l’agriculture raisonnée est l’avenir de demain ».
C’est un exemple à suivre pour tous les autres agriculteurs qui veulent protéger la santé des Hommes et de la planète. Il est nécessaire que l’ensemble de la population adopte un comportement responsable pour le bien-être de tous.

Sophie Périabe


Le référentiel national

Le “référentiel national de l’agriculture raisonnée” est issu des recommandations du Conseil Supérieur d’Orientation et de Coordination de l’économie agricole et alimentaire, lequel regroupe les différents partenaires des filières, des producteurs agricoles jusqu’aux consommateurs.
Ce référentiel, qui a fait l’objet d’un arrêté du 30 avril 2002, comporte 98 exigences nationales concernant la gestion de l’exploitation et les modes de productions végétales et animales. Les objectifs généraux sont :

- La gestion des déchets produits sur l’exploitation : tri, élimination, participation aux collectes spécifiques.

- La gestion économe et équilibrée des ressources en eau.

- La protection des paysages et de la diversité biologique
Ce référentiel national est complété par un volet territorial prenant en compte les enjeux locaux : érosion et qualité des sols, inondation, pollution des eaux, nuisances olfactives, diversité des paysages, etc..
Le volet territorial est en cours d’élaboration par des commissions régionales de l’agriculture raisonnée.


Le principe de l’agriculture raisonnée pour le Ministre de l’Agriculture

L’agriculture raisonnée ouvre des perspectives pour un lien consolidé et approfondi entre les agriculteurs et le reste de la société. La Chambre d’agriculture et ses partenaires, par leur démarche, rassurent les consommateurs et encouragent les bonnes pratiques de producteurs qui ne demandent qu’à être reconnus.
L’agriculture raisonnée s’accompagne d’une réflexion économique et pose comme principe qu’une agriculture de qualité n’est pas une agriculture dépassée dans la compétition économique. Elle s’inscrit dans une démarche de développement durable.
Elle engage le caractère volontaire, la responsabilité et la valorisation de la démarche de l’exploitant qui mérite d’être connu et reconnu.


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Messages

  • Etant enseignant professeur certifié de l’enseignement agricole ,je trouve votre article mensonger sur pas mal de point ce n’est pas comme cela que la confiance des consommateurs va revenir .Vous parlez d’un label ce qui est totalement faux .Si réduction de pesticides il y a c"est la plupart du temps grace à de nouvelles molécules plus puissantes.Aucune interdiction de molécules dans le référentiel ! des enregistrements ...pas de contrôle sur les produits sauf ceux légaux de la DGCCRF . Vous ne traitez pas qu’à postériori car les traitements de semences (T1 T2 T3 )ne sont pas interdits :les denrées résultantes de ces végétaux traités peuvent contenir des résidus de pesticides ..Quand vous dites que l’environnement est protégé nous savons qu’ aujourd’hui plus de 60% des eaux soutéraines et plus de 90% des eaux de ruissellements contiennent des résidus de pesticides ou de nitrates .Ce n’est pas ce type d’agriculture qui va résoudre le problème .Comme le souligne le rapport du CEMAGREF et de L’INRA (rapport de 700 pages )Je vous en souhaite bonne lecture il est très instructif alors arretez de prendre le consommateur pour ....Je sais que mon message ne passera pas mais au moins j’aurais été honnéte avec ma conscience.
    JPaul

    • Cher jeanp,

      Votre franchise vous honore et cela meriterait d’être développé plus longuement.
      Comme vous le savez sûrement, car étant dans l’enseignement agricole me semble t il, vous êtes les premiers à continuer à divulguer une agriculture dîtes conventionnelle et en faire modèle pour les générations à venir.
      Vous caricaturez l’agriculture raisonnée qui est la seule aujourd’hui à apporter des garanties par la traçabilité au consommateur, le respect de la
      règlementation ; ce qui est loin d’être le cas de nos autres collègues (les 8990 exploitants restants) non tenus à ces engagements.
      Tout cela est bien dommage car sous les tropiques, cette agriculture reste peut-être le meilleur compromis entre le biologique et le conventionnel, en tout cas pour un premier pas.
      D’autre part je trouve qu’il est un peu facile d’envoyer la pierre car ce que vous ne savez pas ou en tout cas omettez de dire c’est l’agriculteur qui est qualifié est partenaire d’organisme tels l’ARMEFLHOR, la FDGDON, le CIRAD et non de COROI et BAYER.
      Alors à bientôt dans les champs !!! Avec une pioche dans la main....


Témoignages - 80e année


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