Attaques de requins

Antonin Blaison (IRD) : « Tous les spots sont à risque »

7 août 2012

Ce dimanche 5 août 2012, en fin d’après-midi, Fabien Bujon, un surfeur de 39 ans, a été attaqué par un requin sur le spot de Saint-Leu. C’est la première fois qu’une attaque de squale a lieu à Saint-Leu, moins de quinze jours après celle qui a coûté la vie à Alexandre Rassiga à Trois-Bassins, là aussi considéré comme l’un des derniers spots sûrs de la côte Ouest. Pour Antonin Blaison, l’un des scientifiques en charge de l’étude Charc (Connaissances de l’écologie et de l’habitat de deux espèces de requins côtiers sur la côte Ouest de La Réunion) à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), « tous les spots sont à risque, tant qu’on n’a pas obtenu les résultats des études sur le comportement des requins ». Il en appelle donc à « limiter les comportements à risque ».

En moins de 15 jours, La Réunion a connu deux nouvelles attaques de requin, dont une mortelle. On a l’impression que les attaques sont de plus en plus fréquentes. Que faut-il en penser ?
— Pour moi, la situation n’a pas changé. On a mis en place des dispositifs d’alerte. Les études sont en cours. Tant qu’on n’en sait pas plus sur le comportement des requins, on ne peut pas affirmer, ni infirmer que les attaques sont plus fréquentes. On observe plus de requins-bouledogues qu’avant. Ça ne veut pas dire qu’il y en a plus, mais qu’on en voit plus. On ne peut pas dire s’ils sont plus nombreux.

Ces deux dernières attaques ont eu lieu sur des spots qui étaient considérés comme sûrs…
— Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’un spot est moins à risque qu’un autre. A Trois-Bassins, avant l’attaque, on avait déjà observé des requins. A l’Etang-Salé, un requin a été aperçu la semaine dernière. Je pense que tous les spots sont à risque tant qu’on n’a pas d’éléments sur le comportement, le déplacement, le nombre de requins dans les eaux réunionnaises. C’est pour cela que des études sont menées.

Mais ces études vont prendre du temps…
— Oui, elles vont prendre encore du temps, parce que si on veut comprendre tout ça, on a besoin d’étudier les requins en été, en hiver, quand ils sont en période de reproduction… On a besoin de données scientifiques. Après, on pourra peut-être dire qu’à telle ou telle période de l’année, les requins se rapprochent des côtes ou s’ils s’en éloignent par exemple. Pour pouvoir donner ce type d’indications, il faut nous laisser le temps de mener ces études.

Et en attendant, que préconisez-vous ?
— Je pense qu’il faut limiter les comportements à risque. Je ne remets pas en cause les pratiques des usagers de la mer. On oppose souvent les scientifiques aux surfeurs. Moi, je ne veux pas entrer dans cette opposition. Le programme Charc n’a pas été mis en place pour protéger les requins, mais pour une meilleure gestion du risque pour protéger la population. En attendant, il faut limiter les comportements à risque, ne pas aller dans l’eau au lever et au coucher du soleil, prendre en compte la turbidité de l’eau, la houle… Même si certains avaient l’habitude d’aller en mer à la tombée de la nuit, aujourd’hui il faut s’adapter à la situation, en attendant d’avoir des réponses.

Ces derniers temps, on a beaucoup remis en cause la Réserve marine. Qu’en pensez-vous ?
— Je ne suis pas un spécialiste de la Réserve, ce n’est pas à moi de me prononcer là-dessus.

Entretien réalisé par Samia Omarjee pour www.ipreunion.com

Réunion en préfecture

La pêche au requin autorisée

La préfecture a décidé, hier, d’autoriser les prélèvements, et ce, même dans la Réserve marine. L’annonce a été faite à l’issue d’une réunion qui s’est tenue en préfecture en présence notamment des maires des communes littorales où se pratiquent de façon habituelle le surf et autres sports de glisse nautiques. D’autres autres mesures ont également été prises. Il a été décidé que le dispositif des vigies surveillance serait renforcé pour sécuriser les spots de surf. Les marquages de squales seront accélérés dès cette semaine.

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