Volcan

Avec l’éruption du Piton de la Fournaise, La Réunion change de visage

31 août 2004

La Réunion n’en finit plus de s’agrandir. Hier matin, elle avait déjà gagné 4,5 hectares sur la mer et ce n’est sans doute pas fini. La lave déversée par le Piton de la Fournaise continue de se jeter dans la mer au pied du Grand Brûlé, remodelant complètement le littoral.

Le Piton de la Fournaise gronde toujours. Le trémor reste très actif. Du coup, la roche en fusion a avalé dans la nuit du dimanche à lundi une partie du sentier aménagé côté Sainte-Rose (sur le site de l’ancienne décharge) par l’Office national des forêts (ONF). Côté Saint-Philippe, une coulée se jette dans l’océan depuis dimanche soir, offrant un spectacle de toute beauté. Il est distant de 150 mètres de la première coulée. L’accès vers ce nouveau “son et lumière” est possible grâce à un chemin aménagé par l’ONF.
Sur le sentier côté Sainte-Rose, le niveau de la lave est nettement monté vers la fin de l’après-midi de dimanche. Des milliers de personnes se trouvaient alors sur le site. Par mesure de sécurité, les gendarmes et les pompiers faisaient évacuer les visiteurs et à 19 heures, le sentier était fermé au public. 5 heures plus tard, vers minuit, une langue de feu liquide sortait de son lit initial et s’installait sur 50 mètres de sentier.
Mais pour ne pas priver définitivement les visiteurs d’un spectacle hors du commun, l’ONF s’affairait dès le lever du jour hier à l’aménagement d’un nouveau sentier. En fait, les agents de l’Office national des forêts ont tracé une voie de contournement de la langue de lave.
Vers midi, le plateau né au pied du rempart de l’union du feu et de l’eau était de nouveau accessible pour le plus grand bonheur des quelques dizaines de visiteurs, qui malgré la fermeture de l’ancien sentier, ont fait le déplacement jusqu’à l’entrée du site. Le flux des admirateurs de la Fournaise s’est beaucoup renforcé dans la journée
Il faut dire que le spectacle reste époustouflant, même s’il n’est plus aussi flamboyant qu’aux premiers jours. À force de chuter dans l’eau, la lave a fini par complètement remodeler le paysage. Là où le mercredi 25 août encore, la mer s’abattait en vagues furieuses contre la falaise, il y a maintenant une plateforme "grande comme environ 5 terrains de football" note Ilya Risovics, agent patrimonial à la Maison forestière de Bois-Blanc. Le niveau de la “nouvelle terre” était plus haut que celui de la mer, les bords de falaise semblent plus bas. Prisonnière de la roche solidifiée, la lave emprunte maintenant des tunnels et ne se déverse plus en cascade dans l’eau.

4 tonnes de détritus

Mais c’est justement ce fantastique et rapide changement de paysage qui force l’admiration. Les visiteurs ne s’y trompent pas. Tous apprécient le spectacle, tous hélas ne respectent pas cette nature qui se donne si généreusement en spectacle. Entre le mercredi 25 et le dimanche 29 août, pas moins de 4 tonnes de détritus (bouteilles, sachets, restes de repas etc...) ont été abandonnés sur place par les spectateurs. "Les saletés laissées par les gens ont rempli 6 camions" remarque le forestier Ilya Risovics. L’affaire coûte un argent que le forestier aurait aimé utiliser à autre chose. Végétaliser le site de l’ancienne décharge par exemple.
Ce peu de respect qu’ils portent à l’environnement, certains visiteurs le manifestent vis-à-vis de leur propre sécurité. Ainsi tout au long du week-end, des personnes n’ont pas hésité à descendre sur les petites “plages” situées à côté de la plateforme. "Les gens ne se rendent pas compte que les roches autour de ces plages sont extrêmement chaudes. Dès qu’une vague s’abat sur elles, cela provoque une vapeur brûlante qui peut gravement ébouillanter les gens" explique Thomas Staudacher, directeur de l’Observatoire volcanologique. Certains de ces spectateurs l’ont compris à leurs dépens. Une dizaine de personnes, dont un jeune garçon, ont été atteintes de brûlures.
La plus grande prudence est donc une nouvelle fois à recommander. Cela d’autant que "pour le moment, il ne semble pas que nous nous dirigions vers la fin de l’éruption", disait hier en milieu de journée Thomas Staudacher. Il est évidemment impossible de le prévoir avec certitude, mais il n’est pas exclu que nous soyons dans la même configuration qu’en 1998 où après un long sommeil, le volcan s’était réveillé et était resté en éruption pendant plusieurs semaines.


La Préfecture appelle à la prudence

Dans un communiqué diffusé hier à la presse, la Préfecture informe qu’
"en raison de la progression de les coulées, un nouvel aménagement du sentier côté Sainte-Rose a été réalisé par l’ONF. L’accès à ce sentier a été ouvert en fin de matinée.
Du côté de Saint-Philippe, l’accès au sentier aménagé est fermé la nuit pour des raisons de sécurité.
Aussi, il est demandé aux visiteurs d’appliquer strictement les consignes rappelés sur place par les personnels des services participant au dispositif de sécurité et de veiller au respect de l’environnement".


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