ILC sur le traitement des déchets agricoles

Beaucoup d’effort reste à faire

19 février 2007

La semaine dernière, s’est réunie, à l’Etang-Salé, l’ Instance Locale de Concertation (ILC) sur le traitement des déchets. Il a été question de l’agriculture, thème très longtemps attendu par les différents acteurs de cette instance. Quelles solutions pour l’élimination des déchets agricoles ? Pouvons-nous revaloriser des déchets ménagers en agriculture ? Ce sont les principales problématiques qui ont été abordées.

Etat, Direction de l’Agriculture et de la Forêt, Chambre d’Agriculture, CIRAD, associations, et bien d’autres, étaient réunis autour de la table pour débattre des questions de déchets en agriculture. Les différentes solutions ont été exposées par un ingénieur de la DAF (Direction de l’Agriculture et de la Forêt), Isabelle Bracco.

Que faire des films plastiques qui encombrent les champs ?

On distingue plusieurs types de déchets agricoles non organiques : les Produits Phytosanitaires Non Utilisables (PPNU), les Emballages Vides de Produits Phytosanitaires (EVPP) et enfin les Films et Plastiques Agricoles Usagers (FPAU). Et c’est cette dernière catégorie qui semble poser le plus de problème. En effet, pour les PPNU, le gisement n’est pas trop important et l’association Adivalor ( voir encadré ), qui se trouve en France métropolitaine, s’occupe déjà de gérer ces déchets et collecte les produits tous les 2 ans.
Concernant la seconde catégorie, les EVPP, ce sont des déchets dangereux, et il n’existe pas de collecte à ce jour. Ils sont donc broyés ou compactés, car pour l’instant, leur rapatriement en Métropole coûte encore trop cher. Mais une opération est en cours pour, éventuellement, effectuer une collecte tous les ans, en combinaison avec les PPNU, toujours par Adivalor.
Quant aux FPAU, ce sont des déchets “banals” et recyclables en partie à La Réunion, on en produit 700 tonnes chaque année. A ce jour, il n’existe pas d’organisation de “type Adivalor” pour rapatrier ces plastiques en Métropole.
Trois campagnes de sensibilisation ont été organisées dernièrement par la Chambre verte à l’attention des agriculteurs, mais sans grand succès.
Aujourd’hui, les difficultés rencontrées sont principalement de nature financière, mais il est clair qu’il devient urgent de trouver une solution pour ces films plastiques que de nombreux agriculteurs utilisent dans leur champ. De plus, il est bien évident qu’un effort doit être fait par tous afin de réduire des déchets à la source.
« Aujourd’hui, les agriculteurs sont obligés d’entasser les films plastiques sur le bord des champs, ou pire encore, dans les ravines, et c’est catastrophique pour l’environnement. Ces comportements peuvent engendrer des risques sanitaires, car, comme vous le savez, le plastique peut contenir de l’eau et favorise donc le développement de moustiques », explique Gilbert Rossolin, responsable de la cellule environnement de la Chambre d’Agriculture.
Il existe bien les films plastiques “bio” à base d’amidon de maïs, mais qui serait apparemment trop cher, soit 5 fois plus cher qu’un film normal. Les agriculteurs ne peuvent donc pas se le permettre, d’autant plus que ces films sont très fragiles et ne peuvent pas être posés par une machine. Selon Ecologie Réunion, il est nécessaire de mettre en place, en premier lieu, une campagne de sensibilisation, de communication et ensuite initier des actions techniques. C’est la clé de la pérennité de la filière.

Quels débouchés pour les matières organiques ?

Aujourd’hui, 5.100 tonnes de matières organiques sont produites chaque année. Et des études montrent que La Réunion aurait besoin de 7.000 tonnes par an, le secteur serait donc viable. Ces matières organiques sont composées de composts et de boues de station d’épuration, déchets à caractère fertilisant.
Toutes les filières ont donc leur place, mais les agriculteurs ont été plutôt réticents jusqu’ici quant à l’utilisation de ces matières organiques.
A La Réunion, les amendements organiques (matières organiques fabriquées à partir de déchets ménagers) sont peu connus et donc très peu utilisés par les agriculteurs. Principale raison, selon Gilbert Rossolin, « le prix de ces matières organiques sont beaucoup trop élevés ». En effet, lorsque la CIVIS met des matières organiques à disposition, gratuitement, des agriculteurs, « ils font la queue pour en avoir, donc nous pensons qu’il y a un fort potentiel à La Réunion », affirme Stéphane Babonneau de la CIVIS.
Le problème est bien celui du coût. À quel prix l’agriculteur est-il prêt à acheter ces matières organiques ? Car, toute la difficulté est là : il faut impérativement trouver des débouchés pour produire ces matières organiques.
L’utilisation des boues de station d’épuration pose également une nouvelle problématique. Actuellement, des tests de faisabilité sont en cours sur des communes de la CIREST. Du point de vue de la Sucrière de La Réunion, « l’utilisation de ces boues pourrait nuire à l’image du sucre roux de La Réunion, même si c’est prouvé qu’il n’y a aucun risque ». En effet, l’industriel, et même certains agriculteurs, craignent que les gens boycottent leurs produits à l’export comme sur le marché local.
En conclusion, Michel Sinoir, Directeur de la DAF, note que « l’utilisation de déchets doit être transparente aux yeux des consommateurs, des producteurs et de tous les autres acteurs, afin de pérenniser la filière ».
Il est donc nécessaire que tous les propos exposés se traduisent par des projets concrets, et pour cela, il faut réunir tous les acteurs autour d’une table et commencer à travailler ensemble pour La Réunion.

Sophie Périabe


Adivalor, c’est quoi ?

Adivalor définit les modalités techniques des collectes, organise et finance tout ou partie de l’élimination des déchets phytosanitaires. La structure intervient, également, en amont lors des phases préparatoires et d’organisation. Elle propose aux opérateurs des outils de communication orientés sur la prévention, l’éducation et l’information dans le domaine des déchets.
Les déchets phytosanitaires sont issus d’une activité professionnelle et sont donc considérés par la réglementation comme des déchets industriels : il y a obligation pour l’entreprise d’en assurer ou d’en faire assurer le traitement correct.
En application du décret n°2002-540 du 18 avril 2002, les Produits Phytosanitaires Non Utilisables (PPNU) et les Emballages Vides de Produits Phytosanitaires (EVPP) sont considérés comme déchets dangereux. Du fait de ce classement en déchets dangereux des emballages vides, ceux-ci sont exclus de la collecte via les ordures ménagères. Leur élimination ne peut être effectuée que dans des installations classées pour l’environnement soumises à autorisation et agréés pour ce type de déchets.
Cependant, lorsque les EVPP sont rincés correctement au moment de la préparation des bouillies (l’eau de rinçage étant incorporée dans la cuve du pulvérisateur), puis égouttés, la collecte, la manipulation, le transport et le traitement sont facilités.
En parallèle de ces activités opérationnelles, la structure développe un pôle d’études et développement en charge de faire la mise au point des procédures de collecte pour chaque type de déchets, d’affiner l’évaluation des gisements de déchets agricoles, d’apporter des compléments d’information sur les impacts environnementaux des déchets phytosanitaires, d’optimiser les coûts et process des différentes filières et de proposer aux industriels des critères d’éco-conception lors de la mise au point d’emballage ou de formulation.
Ces travaux sont régulièrement présentés à un comité technique qui regroupe un ensemble d’experts dans les domaines concernés par l’activité d’Adivalor.
Dans ces perspectives d’avenir, Adivalor participe aux réflexions en cours concernant d’autres types de déchets de l’agro-fourniture : emballages plastiques contenant d’autres intrants pour l’agriculture, plastiques agricoles usagés...

(Source : www.adivalor.fr)


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