L’estimation de France Assureurs ne concerne que les biens assurés
Belal : au moins 130 millions d’euros de dégâts à La Réunion
1er février, par
Concernant les dégâts causés par Belal, la somme de 100 millions d’euros annoncée le 30 janvier par France Assureurs ne concerne que les biens assurés. A La Réunion, 40 % des logements ne sont pas assurés selon l’étude de l’INSEE la plus récente à ce sujet.
Les agriculteurs ne peuvent pas non plus assurer leur récolte. Des pertes d’ores et déjà estimées à plus de 30 millions d’euros sont donc à ajouter à cette estimation.
A l’échelle de l’ONU, l’accès à l’assurance est un sujet à l’ordre du jour compte tenu de l’augmentation des risques causée par la crise climatique. Il incombe au gouvernement d’agir pour permettre à tous les Réunionnais d’assurer leur maison, et à tous les agriculteurs leur production.
France Assureurs est un syndicat rassemblant « l’ensemble des entreprises d’assurance et de réassurance opérant en France, soit 252 sociétés représentant plus de 99 % du marché global de l’assurance », indique son site web.
Ce 30 janvier, France Assureurs a publié un communiqué au sujet de l’impact du cyclone Belal pour la profession :
« Les biens des particuliers sont de très loin les plus touchés avec 86 % du nombre de sinistres et 82 % du total des dommages.
Ce cyclone a occasionné au total 42 100 sinistres, dont 36 200 concernent des biens de particuliers, soit 86 % du nombre total, 4 100 des biens professionnels et agricoles, soit 10 % du total, et 1 800 automobiles, c’est à dire 4 % du total.
Pour les assureurs, le coût total de ce cyclone pourrait atteindre 100 millions d’euros, dont 82 millions d’euros pour les biens de particuliers, 14 millions d’euros pour les biens professionnels et agricoles et 4 millions d’euros pour les automobiles.
Il s’agirait du deuxième cyclone le plus coûteux pour La Réunion après le cyclone Dina qui avait touché l’île en 2002 et dont le total des dommages avait atteint 169 millions d’euros. »
Ce communiqué mentionne une somme, 100 millions d’euros. Elle ne concerne que les dommages touchant des biens assurés, précise France Assureurs. Le montant total des dégâts causés par le cyclone Belal à La Réunion est donc bien plus élevé.
Au moins 30 millions de pertes non assurées dans l’agriculture
En effet, de nombreux biens des Réunionnais ne sont pas assurés. Cela concerne par exemple les cultures qui ont été détruites : ce manque à gagner n’est pas couvert par les assurances, ni par l’arrêté de catastrophe naturelle. La Chambre d’agriculture estime que les pertes des agriculteurs sont déjà supérieures à 30 millions d’euros et dépasseront probablement 40 millions d’euros. Ces pertes concernent principalement des récoltes qui ne sont pas assurées.
Les agriculteurs devront attendre la mobilisation du Fonds de secours une fois que sera promulgué l’arrêté de calamité agricole pour espérer recevoir une indemnisation. Cela prendra du temps et cela ne garantit pas une réparation de tous les dommages.
Un communiqué de la préfecture rendant compte du séjour à La Réunion du directeur général des Outre-mer rappelle le traitement précédent de pareilles catastrophes :
« Concernant les dégâts agricoles suite au cyclone Belal, une mission d’expertise, menée par les services de l’État, du Département et de la chambre d’agriculture, a permis d’estimer les pertes pour les agriculteurs. En conséquence, le ministère de l’intérieur et des Outre-mer mobilisera le fonds de secours pour l’Outre-mer (volet calamités agricoles). Le montant de l’aide sera défini après examen du rapport d’expertise. Elle avait été d’environ 8 millions d’euros pour les cyclones Batsirai, Fakir et Béjisa »
99 % des logements assurés en France, 60 % à La Réunion
Selon une étude de l’INSEE datée de 2012, 99 % des logements étaient assurés en France contre 60 % à La Réunion. Il est peu probable que cette situation ait évolué favorablement. De nombreuses maisons sont construites dans des zones qui ont été classées à risque. Le coût de l’assurance est aussi un problème avec plus de 30 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
A l’échelle de l’ONU, l’accès à l’assurance est un sujet à l’ordre du jour compte tenu de l’augmentation des risques causée par la crise climatique. Mais compte tenu de son intégration à la France, La Réunion ne peut bénéficier de ce soutien destiné aux États classés comme pays en développement.
Il incombe alors au gouvernement d’agir pour permettre à tous les Réunionnais d’assurer leur maison, et à tous les agriculteurs leur production.
M.M.