Après la Conférence de Paris (24 - 28 janvier)

Biodiversité dans les Mascareignes : La Réunion mieux préservée

5 février 2005

“Témoignages” a rendu compte hier de la conférence de presse tenue la veille par la délégation réunionnaise à son retour de Paris, où elle a participé du 24 au 28 janvier à la Conférence internationale sur la “Biodiversité : science et gouvernance”. Les travaux de cette conférence ont notamment souligné les défis et les responsabilités des milieux insulaires pour atteindre l’objectif 2010 d’une ’réduction du taux de perte de biodiversité’. Un chantier qui concerne au plus haut point les îles de notre région.

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Le professeur Dominique Strasberg, vice-doyen de la Recherche à l’Université de La Réunion, est intervenu dans un des quinze ateliers de la Conférence de Paris, centré sur la biodiversité des îles et forêts tropicales et subtropicales.
À cette occasion, il a présenté la biodiversité de l’océan Indien, à l’échelle d’une forêt ou d’une île entière (Maurice, Rodrigues ou La Réunion), ou encore de l’ensemble des Mascareignes.
Sa présentation alterne constats et questions.

Constat-choc

Le constat-choc est celui de la disparition, en moins de trois siècles, de 70% des vertébrés qui peuplaient les îles de La Réunion, Rodrigues et Maurice avant la colonisation humaine.
Ce phénomène serait lié à deux processus : une déforestation plus ou moins avancée (il ne reste que 5% des forêts d’origine à Maurice, pour 30% à La Réunion) et l’introduction d’espèces animales prédatrices et d’espèces végétales envahissantes.
Avec encore un tiers de sa superficie couvert de forêts, "La Réunion a une responsabilité spécifique pour la préservation des milieux naturels", a souligné Philippe Berne, à l’appui de la démonstration du scientifique, pour qui "La Réunion, département français et région européenne, a davantage de moyens que la plupart des pays voisins pour la préservation de la biodiversité".

Nombreuses questions

Les questions à ce sujet sont légions : comment expliquer le maintien d’une biodiversité riche dans certaines régions de basse altitude à La Réunion ? D’où les plantes tirent-elles parfois leur résistance biologique aux cyclones ?
Qu’est-ce qui freine les plantes endogènes dans leur recolonisation d’un milieu dévasté par une coulée volcanique, que des espèces exotiques réinvestissent plus rapidement ?
Comment combattre les “pestes végétales” ou espèces exotiques envahissantes ?
Ces questions portent, comme on le voit, sur la gestion des milieux, mais aussi sur la gestion de l’espace dans une île qui va compter environ un million d’habitants vers 2028 - dans moins d’un quart de siècle.

Débuts de réponses

Des débuts de réponses existent : des modélisations commencent à superposer les données d’aménagement et les données biologiques connues, pour prévenir les menaces.
"Le Parc national des Hauts de La Réunion, c’est très bien, mais on sait peu de choses sur les processus qui génèrent les espèces endémiques, la diversification biologique et la variabilité des espèces", a relevé le professeur Strasberg.
Le scientifique voulait ainsi souligner l’importance de mieux comprendre les évolutions de la biodiversité et, dans ce but, la richesse que constitue l’ensemble des îles et l’intérêt d’une stratégie régionale dans le but fixé par la résolution des Nations-Unies pour 2010 : arrêter l’érosion des espèces terrestres et marines.
"Les espaces insulaires présentent, à cet égard, un immense avantage", a noté Philippe Berne.

P. David


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