Réunion de la Conférence des Nations-Unies sur la Biodiversité à Nagoya

Biodiversité : le WWF revendique la sanctuarisation de 20% de la planète

20 octobre 2010

Alors que les débats ont commencé entre les délégations officielles depuis lundi à Nagoya au Japon, les organisations non-gouvernementales se font également entendre dans cette Conférence internationale sur la biodiversité. Le WWF fait ainsi part de ses attentes. Cette ONG appelle à « prendre conscience du capital naturel représenté par la biodiversité ». « C’est le grand enjeu de la conférence de Nagoya », affirme le WWF dans un communiqué. À La Réunion, la proportion des terres préservée dépasse déjà largement 20%, car le Parc national représente plus de 40% de notre territoire.

Depuis le 18 octobre, les représentants des 193 pays se sont rassemblés à Nagoya, au Japon, pendant 12 jours pour un sommet capital en faveur de la biodiversité : la dixième Conférences des Parties à la Convention de la diversité biologique (CDB). Les négociations devront mener à un accord sur de nouveaux objectifs pour stopper la perte de biodiversité d’ici 2020 et dégager les moyens nécessaires pour y parvenir. Le WWF est présent sur place, pour suivre l’évolution du sommet au quotidien.
« Ce que le monde attend le plus de Nagoya ce sont des accords qui puissent mettre fin à la perte dramatique et continue de la richesse vivante de la planète et à l’érosion sans fin de nos écosystèmes » déclare Jim Leape, Directeur général du WWF-International.

La biodiversité continue de se dégrader à un rythme inquiétant

L’édition 2010 du "Rapport Planète Vivante", que le WWF vient de publier, montre que les ressources naturelles de la planète ont chuté de 30% au plan global et de 60% dans les Tropiques depuis les années 1970. Dans le même temps la demande des humains en ressources naturelles monte en flèche et dépasse de 50 % ce que notre planète peut soutenir.
Nos dirigeants doivent s’engager pour stopper la dégradation de la biodiversité d’ici 2020 pour conserver intacts les services qu’elle nous fournit (comme l’eau, l’air pur, les sols fertiles, les mers poissonneuses, les ingrédients nécessaires à notre médecine, etc.). La prise en compte de la biodiversité doit être intégrée dans l’ensemble des politiques, ainsi que dans nos modèles de développement.

Notre prospérité et y compris notre survie dépend d’écosystèmes sains

La valeur immense des services rendus par les écosystèmes doit être prise en compte dans les décisions économiques. Les forêts, les océans et les rivières de la planète constituent les fondements de notre société et de notre économie. Les gouvernements pourraient faire des bénéfices énormes tout simplement en mettant un terme aux subventions qui déterminent la surexploitation des ressources naturelles.
« Il est nécessaire de mettre fin aux subventions destructrices de biodiversité et favoriser, par des incitations fiscales ou des labellisations, les usages soutenables des produits issus de la nature notamment des régions tropicales », souligne Christine Sourd, Directrice adjointe des Programmes au
WWF-France.
Le WWF plaide pour d’autres objectifs ambitieux tels que l’augmentation des surfaces protégées à 20% des surfaces nationales disponibles, l’arrêt de la déforestation nette d’ici 2020, l’arrêt de la destruction des écosystèmes d’eau douce, l’élimination de la surpêche et des pratiques de pêche destructives et la suppression des subsides susceptibles de dégrader la nature (comme la pêche ou l’agriculture), etc.


Les revendications du WWF

1. Un nouveau Plan Stratégique avec pour objectif, d’ici 2020, de mettre un terme à la perte de la biodiversité
2. Un Protocole sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques
3. Une Stratégie ambitieuse de mobilisation des ressources afin d’accroître les financements pour la biodiversité
4. Des programmes de travail thématiques renforcés pour les zones protégées et la diversité biologique côtière
5. Une programme de travail conjoint sur la biodiversité et le changement climatique qui améliorera les relations et explorera les co-bénéfices entre la CDB, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC), et la Convention des Nations Unies pour combattre la désertification


De Nairobi à la Conférence de Nagoya

La Convention sur la biodiversité a été adoptée le 22 mai 1992 à Nairobi au Kenya, elle a été ouverte aux signatures trois mois plus tard lors du Sommet de la Terre à Rio. Elle est entrée en vigueur le 29 décembre 1993. Il y a actuellement 193 parties à cette Convention qui vise à promouvoir la conservation de la biodiversité, l’utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques. La Conférence des parties (COP) est l’organe directeur de la Convention. Voici le résumé des 9 premières COP :

COP-1 Nassau (Bahamas) : le cadre général
A sa première réunion (novembre - décembre 1994, Nassau, Bahamas), la COP a fixé le cadre général de mise en œuvre de la Convention, en établissant le Centre d’échange (CHM) et l’Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et technologiques (SBSTTA) et en désignant le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) comme mécanisme de financement intérimaire.

COP-2 Jakarta (Indonésie) : biodiversité marine et côtière
A sa deuxième réunion (novembre 1995, Jakarta, Indonésie), la COP a adopté une décision sur la diversité biologique marine et côtière (Mandat de Jakarta) et établi le Groupe de travail spécial à composition non limitée sur la prévention des risques biotechnologiques pour élaborer un protocole sur la biosécurité mettant l’accent sur les transits transfrontières d’organismes vivants modifiés (OVM) qui peuvent avoir un effet négatif sur la biodiversité.

COP-3 Buenos Aires (Argentine) : biodiversité agricole et forestière
A sa troisième réunion (novembre 1996, Buenos Aires, Argentine), la COP a adopté des programmes de travail sur la biodiversité agricole et sur la biodiversité forestière, ainsi qu’un protocole d’entente avec le FEM, et a appelé à la tenue, durant la période intersessions, d’un atelier sur l’Article 8(j) et les dispositions connexes.

COP-4
Bratislava (Slovaquie) : Initiative taxonomique mondiale
A sa quatrième réunion (mai 1998, Bratislava, Slovaquie), la COP a établi un Groupe de travail sur l’Article 8(j) et un groupe d’experts sur l’APA, et a adopté l’Initiative taxonomique mondiale (ITM) et un programme de travail sur la biodiversité marine et côtière, ainsi que des décisions portant sur la biodiversité des eaux intérieures, sur la biodiversité agricole et forestière et sur la coopération avec d’autres accords.

COP-Extraordinaire Montréal (Canada) et Cathagène (Colombie) : prévention des risques biotechnologiques
Au terme de six réunions du Groupe de travail sur la prévention des risques biotechnologiques tenues entre 1996 et 1999, les délégués à la première Réunion extraordinaire de la Conférence des Parties (CdP-Ex) (Février 1999, Cartagena, Colombie) n’ont pas été en mesure de s’accorder sur un paquet de compromis permettant de finaliser les négociations sur un protocole sur la biosécurité, et la session a été suspendue. La reprise de la CdP-Ex (janvier 2000, Montréal, Canada) a adopté le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques et a établi le Comité Intergouvernemental pour le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques pour entamer les préparatifs de la CdP/RdP 1. Le Protocole traite du transfert, de la manipulation et de l’utilisation des OVM qui peuvent avoir un effet défavorable sur la biodiversité, en tenant compte de la santé humaine, avec un accent particulier sur les transits transfrontières.

COP-5 Nairobi (Kenya) : les pestes végétales

A sa cinquième réunion (mai 2000, Nairobi, Kenya), la COP a examiné le programme de travail sur la biodiversité agricole, a établi le Groupe de travail sur l’APA et a adopté des programmes de travail sur les zones arides et les zones subhumides, des mesures d’incitation et des décisions concernant l’article 8 (j), l’approche par écosystème, l’utilisation durable, la biodiversité et le tourisme, les espèces exotiques envahissantes (EEE) et l’Initiative taxonomique mondiale.

COP-6 La Haye (Pays-Bas) : ralentir la dégradation de la biodiversité
A sa sixième réunion (avril 2002, La Haye, Pays-Bas), la COP a adopté le Plan stratégique de la Convention, y compris l’objectif consistant à réduire de manière significative le taux d’érosion de la biodiversité d’ici 2010. La réunion a également adopté : un programme de travail élargi sur la diversité biologique des forêts, les lignes directrices de Bonn sur l’APA, les principes directeurs de l’EEE, la Stratégie mondiale pour la conservation des plantes ; un programme de travail pour l’ITM et des décisions concernant les mesures incitatives et l’article 8 (j).

COP-7 Kuala Lumpur (Malaisie) : sensibiliser et conscientiser
A sa septième réunion (février 2004, Kuala Lumpur, Malaisie), la COP a adopté des programmes de travail sur la biodiversité des montagnes, sur les aires protégées (AP) et sur le transfert de technologie et la coopération, et a mandaté le Groupe de travail sur l’APA d’entamer des négociations sur un régime international sur l’APA. La COP a établi le Groupe spécial à composition non limitée sur l’examen de la mise en œuvre, et a adopté : une décision concernant l’application de la Convention, de son Plan stratégique et des progrès accomplis dans la réalisation de l’objectif de 2010, les Directives d’Akwé : Kon pour l’évaluations des effets d’ordre culturel, social et environnemental ; les Principes d’Addis-Abeba pour l’utilisation durable, et des décisions concernant la communication, la sensibilisation et la conscientisation du public (CSCP), les mesures d’incitation, la biodiversité des eaux intérieures et la biodiversité marine et côtière.

COP-8 Curitaba (Brésil) : biodiversité des îles
A sa huitième réunion (mars 2006, Curitiba, Brésil), la COP a adopté un programme de travail sur la biodiversité insulaire et des décisions portant sur un éventail de thèmes dont, notamment, l’article 8(j), la CSCP, la coopération avec d’autres conventions et l’engagement du secteur privé, les aires protégées, y compris les AP de haute mer, les mesures d’incitation, la biodiversité et le changement climatique, et la biodiversité agricole, la biodiversité des forêts, et la biodiversité marine et côtière. La COP 8 a réaffirmé l’interdiction, décidée par la COP 5, de l’expérimentation sur le terrain des technologies génétiques restrictives, et a chargé le Groupe de travail sur l’APA de terminer ses travaux relatifs à un régime international sur l’APA dans les plus brefs délais possibles, avant la COP 10 qui se tiendra en 2010.

COP-9 Bonn (Allemagne) : biodiversité et changement climatique
A sa neuvième réunion (mai 2008, Bonn, Allemagne), la COP a adopté une feuille de route pour la négociation du régime international sur l’APA, pour l’achèvement des négociations avant l’échéance de 2010, une stratégie de mobilisation des ressources pour la Convention et des critères scientifiques et lignes directrices applicables aux zones marines nécessitant une protection, et a créé un groupe spécial d’experts techniques (GSET) sur la biodiversité et le changement climatique.

A la Une de l’actuClimat et biodiversité

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus