3800 hectares de terres agricoles pourraient retourner à la friche : les ravines considérées comme des cours d’eau permanents

CGPER : adapter les ZNT à la réalité de La Réunion et de son agriculture

15 janvier 2022, par Manuel Marchal

La réglementation sanitaire évolue. Elle risque de faire retourner à la friche 3800 hectares de terres agricoles du fait de la classification de milliers de ravines comme rivières permanentes. Les agriculteurs sont mis devant le fait accompli, comment pourront-ils assurer le désherbage à la main de ces zones de non traitement sans aucune compensation, alerte la CGPER qui rappelle qu’à La Réunion, les agriculteurs sont pleinement conscients de leur responsabilité dans la protection de l’environnement et qu’en conséquence, ils limitent fortement la quantité de substance active dans les traitements.

André Minatchy, ancien co-président de l’Interprofession de la canne et du sucre (CPCS), Axel Hoarau, secrétaire de la CGPER, et Jean-Michel Moutama, président de la CGPER.

Les zones de non traitement (ZNT) étaient un point à l’ordre du jour de la conférence de presse tenue par la CGPER le 11 janvier dernier. Ces ZNT se situe à proximité des habitations et des cours d’eau. Sur ces zones, tout traitement est interdit, sur une distance comprise entre un minimum de 5 mètres et 20 mètres.
La réglementation évolue. Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, alerte sur les conséquences de ce changement. Désormais, des milliers de ravines sont désormais considérés comme des cours d’eau permanents, ce qui augmente considérablement la surface des ZNT. Or, à La Réunion, la plupart des ravines ne sont pas des cours d’eau permanents. Elles ne sont des cours d’eau qu’en cas de fortes pluies et peuvent rester à sec des mois voire des années.

3800 hectares

Or, pour que les ZNT restent des terres cultivables, tout le désherbage doit s’effectuer mécaniquement ce qui signifie, compte tenu du relief de La Réunion, le recours à une main d’oeuvre nombreuse sur des surfaces qui ne sont pas mécanisables.
« Les agriculteurs sont mis devant le fait accompli sans aucune alternative ni compensation », souligne Jean-Michel Moutama, « quel agriculteur aura les moyens financiers d’entretenir ces surfaces ». « Ces terres vont retourner à la friche », poursuit le président de la CGPER qui constate que ces terres représentent 3800 hectares de surface agricole. C’est considérable eu égard à la rareté et au coût important du foncier agricole à La Réunion.
La CGPER revendique une adaptation de ces règles afin que les agriculteurs ne voient pas la surface de leurs exploitations diminuer faute de moyens pour appliquer une décision de l’État inadaptée à une spécificité de La Réunion : les ravines ne sont pas des cours d’eau permanents.

Les agriculteurs premiers défenseurs de l’environnement

Jean-Michel Moutama rappelle également que les agriculteurs sont les premiers défenseurs de l’environnement. Toute l’activité d’un agriculteur dépend de la qualité de l’environnement, car la terre est son outil de travail avec lequel il nourrira la population. Il va donc tout faire pour ne pas dégrader l’environnement.
Autrement dit, les agriculteurs sont pleinement conscients de leurs responsabilités dans ce domaine et limitent les traitements phytosanitaires. Les agriculteurs sont d’ailleurs formés à l’utilisation raisonnée des herbicides et autres produits phytos grâce à des formations reconnues et certifiées par l’État.

M.M.

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