“Citoyens de la Terre” : acte I

Conférence internationale de Paris sur l’Environnement

3 février 2007

La rencontre internationale des “Citoyens de la Terre” qui s’est ouverte hier à l’Elysée, sous la présidence de Jacques Chirac, a pour ambition de promouvoir « une action mondiale cohérente de la gestion de l’environnement ». Elle doit se conclure aujourd’hui par un Appel de Paris en faveur de la création d’une Organisation des Nations-Unies pour l’Environnement (ONUE), à l’image de ce qui existe déjà pour l’Education, la science et la culture (UNESCO) ou pour la Santé (OMS).

Une soixantaine de pays - environ 150 personnes - ont été invités à participer à la Conférence internationale qui prend, à Paris, le relais de la rencontre du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), dont le rapport final sert d’ailleurs de base à l’un des six ateliers réunis hier et aujourd’hui dans la Conférence présidée par Jacques Chirac.
Rappelons-nous : Johannesburg, 2002. « Le feu est dans la maison... » Depuis cette date, l’observation des changements climatiques, le cortège de catastrophes naturelles et l’augmentation du nombre des victimes imputables au réchauffement du climat ont fait prendre conscience, à une opinion longtemps anesthésiée ou insouciante, de l’urgence d’agir collectivement, à l’échelle locale et à l’échelle globale, contre les effets d’un phénomène que l’on sait être pour l’essentiel la conséquence d’une gestion désastreuse des ressources mondiales. Il s’agit désormais d’inverser la tendance.
C’est à quoi invitait un autre appel du président Chirac, depuis une Assemblée générale des Nations-Unies, en septembre dernier, à New-York, qui a conduit à l’organisation de la Conférence de Paris :
« Chacun sait qu’une activité humaine non maîtrisée est en train de provoquer une sorte de lent suicide collectif. Seul le rassemblement des nations autour d’engagements consentis en commun permettra de prévenir un désastre. Créons l’Organisation des Nations unies pour l’environnement, conscience écologique du monde, lieu privilégié de notre action commune pour les générations futures. La France accueillera l’année prochaine, dans une conférence internationale, tous ceux qui veulent faire progresser ce projet capital pour l’avenir de la planète ».

Le constat aujourd’hui largement partagé est que le réchauffement climatique est un défi majeur, qui doit nous conduire à remettre en question non seulement la surexploitation des ressources naturelles, mais nos modèles économiques de “croissance” et nos modes de consommation. Or, cette “révolution écologique” des pays développés a aussi des incidences sur l’essor des pays émergents - Chine, Inde, Brésil... - et sur les pays les moins développés. Comment agir tous ensemble sans accroître les inégalités ?
C’est unie, en croisant des problématiques différentes mais complémentaires, que la communauté internationale a des chances de mettre en œuvre les solutions inscrites à l’ordre du jour de la Conférence des 2 et 3 février 2007.

Une croissance écologique

L’orientation donnée à cette rencontre est de mettre au jour une autre forme de croissance, une croissance écologique, à laquelle tous pourront souscrire parce qu’elle bannira les gaspillages et l’épuisement des ressources non-renouvelables.
Depuis l’Assemblée de New-York, en septembre dernier, un Comité d’honneur de la Conférence internationale de Paris sur l’Environnement a été constitué, sous la présidence d’Alain Juppé. Sa première réunion a eu lieu en décembre. Dans une tribune libre parue le 16 janvier dernier “Nous sommes tous des citoyens de la terre”, l’ancien Premier ministre décrivait « la grande chaîne d’initiatives, du local au global » par laquelle doit se faire la recherche de solutions. De la politique des villes - en première ligne pour l’organisation des transports, du traitement et du recyclage des déchets ou de la gestion de l’eau - aux politiques nationales (lutte contre la pollution, levier fiscal...), tout doit concourir au final à mettre en cohérence une « gouvernance mondiale » qui, jusqu’à présent, se signale par sa fragmentation et la prolifération des instruments. On compte pas moins de 500 accords internationaux relatifs à l’environnement, 18 institutions internationales dont une des plus connues, le PNUE, ne jouit peut-être pas dans le contexte actuel de l’efficacité qu’on pourrait lui souhaiter.
L’idée du président Chirac est de créer « une organisation chef de file » qui associerait tous les acteurs d’une politique globale et appuierait les meilleures pratiques internationales.
C’est le sens de la rencontre d’hier et d’aujourd’hui. Elle a réuni à l’Elysée des hommes et des femmes connus dans leur pays respectif ou sur la scène internationale pour leur engagement fort en faveur d’une politique d’environnement cohérente (voir encadré), ou pour le rôle qu’ils ont joué dans la diplomatie et la coopération. Paul Vergès, Président de la Région, y a représenté notre île.

P. David


Des personnalités saillantes

Dans un esprit de citoyenneté écologique mondiale, la conférence de Paris a réuni des ministres, des scientifiques, des chefs d’entreprises, des ONG et des personnalités venant de plus de soixante pays du monde entier. Parmi ces dernières, des figures incontournables comme Ban Ki-moon, nouveau Secrétaire général de l’ONU ou José Manuel Barroso, Commissaire de l’Union européenne ; des pièces maîtresses d’une politique environnementale globale, comme Sir Nicholas Stern, économiste britannique dont le rapport, présenté en novembre dernier, s’est fait remarquer par son chiffrage du “coût de l’inaction” (voir encadré) ou encore Al Gore, ancien vice-président des États-Unis et personnage principal d’un documentaire qui fait, comme lui, le tour de la planète (Une vérité qui dérange) pour sensibiliser l’opinion mondiale au réchauffement climatique.
Parmi les politiques toujours : Yvo de Boer, homme politique néerlandais, a été vice-président de la Conférence des Etats pour la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques.
Sa Sainteté Bartholomée 1er, surnommé le “patriarche vert”, est le 270ème primat de l’église orthodoxe de Constantinople, et la personnalité turque la plus connue pour son engagement écologique. Depuis près de 15 ans, il organise des symposiums “religion, science et environnement”, dont le prochain devrait avoir lieu dans l’Arctique, pendant “l‘année polaire”.
Trois femmes se signalent dans cette assemblée : Cheikha Haya Rashed Al-Khalifa, juriste de formation, est une diplomate du Bahrein ; en poste en France de 1999 à 2004, elle est depuis septembre 2006 présidente de la 61ème Assemblée générale des Nations-Unies.
La Kenyane Wangari Muta Maathai, prix Nobel de la Paix 2004 et parlementaire dans son pays, porte à Paris la voix des femmes africaines qu’elle a longtemps entraînées dans des actions de reboisement.
La primatologue britannique Jane Goodall mène depuis les années 70 une action de grande ampleur pour la protection des grands singes, en particulier les chimpanzés, pour lesquels elle a fait réaliser des réserves et sanctuaires protégés.
Enfin, l’expert indien Rajendra K. Pachauri, est le directeur-général d’un Institut de recherche pour l’Energie et les Ressources (TERI). Il était le président du GIEC en 2002.
La séance d’ouverture de la Conférence s’est déroulée en présence des ministres français Philippe Douste-Blazy (Affaires étrangères) et Nelly Olin (Ecologie et Développement durable).


Les ateliers

Hier après-midi, au Centre de Conférences Internationales de l’avenue Kléber, les délégués se sont partagés entre six ateliers, dont les thématiques sont les suivantes :

• ATELIER N° 1 : Lutter contre le dérèglement climatique
• ATELIER N° 2 : Agir ensemble pour sauvegarder la biodiversité
• ATELIER N° 3 : Combattre les pollutions et préserver la santé
• ATELIER N° 4 : Faire de l’eau un enjeu partagé
• ATELIER N° 5 : Changer les mentalités, les modes de production et de consommation
• ATELIER N° 6 : Renforcer la gouvernance internationale de l’environnement


Paul Vergès à la Conférence internationale de Paris sur l’Environnement

« Il faut une action internationale »

À peine sorti de la réunion du GIEC, le président de la Région Réunion - et président de l’ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique) - a participé à la Conférence de Paris pour la création d’une Organisation internationale pour l’Environnement. Il a donné à “20 minutes” une interview dans laquelle il explique notamment la lenteur de réaction des pouvoirs publics par le fait qu’il faut « remettre en cause les bases mêmes de l’économie mondiale, c’est-à-dire l’utilisation depuis deux siècles et demi des énergies premières polluantes, pétrole et charbon notamment. Or, les intérêts financiers sont énormes... »
« Le mouvement commence à se développer dans le monde et nécessite un appui institutionnel. C’est le mérite de cette conférence aujourd’hui. Mais, surtout, nous n’avons plus de temps devant nous. Il faut donc que les forces politiques des différents pays créent les conditions pour sauver l’humanité. C’est une priorité qui peut les unir.(...) Je ne suis ni optimiste ni pessimiste, juste lucide. Tout est possible, le redressement ou le pire ».


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Messages

  • Le Roidmare’ Sunami

    ( Kome’raz an lam-la mer )

    La mer na minm pi l’droi aoir in dovan’n port
    Domoune la fe’ la kaz laminm si son patport
    La, tout zot lo d' ve'sel, tout zot lo d'kabine' Mi di e' mi re'pet, lo la lav zot kounout
    Tousale' de'verse' e' pa o goutagout Tousa le’ de’verse’ an nuit e’ an journe’
    San tanbour ni tronpet, po la bann le' sournoi Po la bann le' annsou, in bann kakatoes
    Ek gran lorkes aster, po la bann i fe' l' roi I pran  azot ann'si, sou in kostim troi pies

    Inn afer konmsa i sa dir le’ternite’ dapre’ ou ?

    Dan le royom Toutankes, bann ti kaz kartonplake' La v'ni poz zot ti boyo si la sab dann bordaz lo Gran lotel,kes an be’ton po aoir le’ pie’ dan lo
    La mont si bann piloti po zot poz zot gro boyo

    La mer na minm pi l’ droi aoir inn viprive’
    Po fe’ ple’zir aster ain bann san re'spe' In bann i pis 'si ou an krian gout anou A tout in bann moukat, a tout in bann piksou
    La, tout zot bann soumir i vien narg la mare' I agas son m'ti pe d'san an nuit' e' an zourne' Fo pa vi di rien, i fo vi ankes tout
    Po fe’ ple’zir aster atout in bann la krout Po fe' ple'zir aster sak i vienn arive' Dan l' royom Ankestout, sak le' premie' i artonm dernie' Inn afer konmsa i sa dir inn e'ternite' ? La mer na pi lo droi aoir son vi intim Po fe' ple'zir aster a tout in bann ti krim
    Na pi la plas aster, pi la plas po touse’
    Kan avek ler vi respir ot gorz la grate' Dan la fime' d' boi ver, sou l' kari d' boukane' Pars i giny pa atann so pie'dboi-la se’ke’
    Na pi la plas aster, pi la plas po pe’te’
    Kan na rien-k lo gaz dan sak ou po manze’
    Fodre’ les tout anndan ziskatan vi esploz Pars loder ot parfin va pa santir la roz Dapre' ou, inn afer konmsa i pe dir lontan ? An royom Toutankanon, Faraon i di la mes
    Bonm i tonm dan la kermes, aster tout la bann i ankes

    Fodre’ vi fe’ konm zot, bann i viv si la Ter
    Le’ bonm inn de’yer l’ot po tie’ azot rant frer Ouminm vi d'mann aou minm san et tro kroyan
    Si nou le’ pa ariv dosi la fin de’ Tan
    Gouverne’ par in bann gaze’ la rant gazer Fo pa vi di rien, i fo vi ankes tout
    Po fe’ ple’zir aster atout in bann la krout Po fe' ple'zir aster sak i vienn arive' Dan le royom Kastout, le' dernie' i artonm premie' In roidmare' la v'ni la sort dann fon la mer Konm in dragon shinoi la de'ferl si la Ter San rode' ki-k i giny, san rode' ki-k i per La vir tout sansitsou konm in moune la v'ni fou Konm in moune la v'ni sou.sou le'fe' d'koue' aster ? Kan i fe' lanaliz, napoin rien dan son san Rien-k ladre'naline la trouv dan son tinpan Akoz la gros mizik zot i met tout la nuit Po fe' kroir soidizan zot le' toultan an fet
    Alor-k vi oi toutsuit, alor-k vi oi angran
    Konm innn afer san suit, zot vi se’ inn de’fet                     Oui ! In roidmare' la v'ni la sort dann fon la mer Konm in dragon shinoi la de'ferl si la Ter Konm in moune la v'ni sou, konm in moune la v'ni fou Vi sa' pous an prose' in moune la perd la tet ?
    In moune na poin larzan po gin’y ranbours aou
    Me’ ranbours koue’ aster kan ou la fe’ la kaz
    Kan ou la fe’ la kaz si la ter le’ pa aou ?

    Sak te’ pli pre’ aster, zot minm po di partou
    Sak te’ po pis si ou an krian gout anou
    Sak la sort reskape’ aster ! zot minm po di partou
    Tsunami ! Tsunami ! Kel tsunami ?
    Latsou na inn afer in moune la mi !

    Pran sa po toi, gard sabien konm in souvenir ! Gout anou la mer la di, pran sa konm an sounami !

    Po sak la perd la Moral, Kouyonis na minm pi ont
    La tavers dan la granvil monte’ si in mastodont
    Kan li la fe’ demi tour, li la fe’ son gran dantel
    Dan son magazin’n porslinn la kas tout son ban

    Suryananda
    Jean-Paul CADET

    • Rectification
      ........................................................................
      Po sak la perd la moral :kouyonis la minm pi ont
      La travers dan la granvil monte’ si in mastodont
      Kan li la fe’ demi tour, li la fe’ son gran dantel
      Dan son magazin’n porslinn la kas tout son bann vesel

  • Il n’y aura désormais jamais assez de rappels que le vaisseau spatial "Terre" sur lequel nous sommes embarqués est en péril. L’article de Pascale David est salutaire, à l’occasion de la rencontre du Giec, où la participation de La Réunion est notée. C’est aussi la démarche du projet en développement pour le Centre Culturel Spatial Régional de Sainte Rose, le C22SR, dont la devise est "la tête dans les étoiles pour mieux regarder Sainte Rose et La Réunion". Même si les progrès sont lents, il faut persevérer et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour faire progresser cette vitrine de l’état du monde, global et local.


Témoignages - 80e année


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