Climat Outre-mer : défi majeur sur les plans sanitaire, économique et humain

9 juin

La Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale a déposé un rapport d’information, le 5 juin 2025, en conclusion des travaux d’une Mission d’information sur l’adaptation de l’aménagement des territoires au changement climatique. Un chapitre est consacré aux Outre-mer, avec des propositions d’actions spécifiques.

La Mission d’information avait pour rapporteurs les députés Fabrice Barusseau (Socialistes et apparentés, Charente-Maritime) et Philippe Fait (Ensemble pour la République, Pas-de-Calais).

Ces derniers ont attesté que "le changement climatique aura, et a déjà, un impact particulièrement fort sur les territoires ultra-marins, souvent plus exposés et disposant de moins de marges naturelles de résilience, même si l’influence océanique atténue légèrement le réchauffement moyen".

Ils confirment que "les Outre-mer vont connaître une hausse des températures, quelle que soit la saison, sur l’ensemble des territoires, entraînant une augmentation des journées chaudes et des nuits chaudes. Pour les îles de l’océan Indien, le cycle hydrologique est aussi modifié, avec une diminution des pluies au cœur de la saison sèche ainsi qu’un retard et raccourcissement de la saison des pluies. Ces évolutions seront d’autant plus prononcées que le niveau de réchauffement sera élevé".

Les constats sont alarmants écrivent les rapporteurs, car la totalité des territoires d’outre-mer sont concernés, et plusieurs constats sont largement partagés : érosion, submersion marine, affaiblissement de la ressource en eau douce, intensification des cyclones, acidification de l’océan qui affecte massivement les coraux, variation des courants qui provoque une invasion de certains territoires par les sargasses avec des émissions de gaz toxiques.

Le rapport met en avant des effets plus spécifiques pour la Guadeloupe et La Réunion, qui "sont davantage mises en difficulté du fait du manque de territoires de repli pour l’urbanisme".

"Dans tous ces territoires, le changement climatique pose ainsi un problème sanitaire, économique et humain majeur", ont indiqué ces derniers. Ainsi, le réchauffement climatique a un impact majeur sur les cultures, qui pourrait affaiblir le potentiel alimentaire, dans des territoires où l’importation de produits ajoute déjà un coût certain par rapport à la France. Les rapporteurs expliquent que la production de canne a ainsi été divisée par deux à La Réunion en l’espace de 20 ans.

Du point de vue humain, la question du déplacement de populations se pose dans de nombreux territoires littoraux. Tandis que du point de vue économique, les conséquences seront majeurs et directement liés au changement climatique.

Le rapport note que les pistes d’amélioration de la politique d’adaptation reposent sur trois axes : approfondir les connaissances et les scénarios d’évolution du changement climatique de manière localisée, développer des moyens financiers et humains spécifiques pour accompagner les territoires d’outre-mer et simplifier, dans un certain nombre cas, les procédures administratives.

En matière de connaissance, "les simulations climatiques et les informations sur le climat futur disponibles sur les régions d’outre-mer sont beaucoup plus limitées à ce jour" qu’en France. Pour rattraper ce retard, "Météo-France doit s’attacher à réaliser des simulations climatiques à échelle fine permettant de disposer de la description détaillée des scénarios de réchauffement ainsi que de développer des services climatiques adaptés aux enjeux et vulnérabilités des territoires", ont préconisé les rapporteurs.

Les co-rapporteurs Fabrice Barusseau et Philippe Fait préconisent d’accélérer la réalisation de cartes locales d’exposition pour les communes ultramarines figurant sur le décret-liste des communes menacées, afin d’aboutir à une couverture de toutes les communes ultra-marines concernées par ces risques à horizon 2030.

Concernant les moyens, "le constat est largement partagé dans tous les territoires d’outre-mer que ceux-ci sont encore insuffisants à l’heure actuelle, notamment au niveau de l’expertise et du soutien par les institutions publiques".

Les rapporteurs affirment qu’il "faut des moyens dédiés pour l’outre-mer pour renforcer les expérimentations et le déploiement de solutions techniques d’adaptation, par exemple pour la généralisation de barrages anti-sargasses et la reforestation des bords de mer, indispensable pour freiner l’érosion".

Les interlocuteurs de la mission ont également souligné le manque de moyens financiers, raison pour laquelle, il faudra identifier les sources de financement pour anticiper le repli territorial et les éventuelles adaptations législatives et réglementaires.

Les rapporteurs veulent augmenter significativement les aides allouées à l’amélioration de l’habitat du ministère chargé des outre-mer au titre de la ligne budgétaire unique (LBU). Il s’agit également de renforcer les aides à l’adaptation de l’habitat dans les territoires d’outre-mer pour faire face aux inévitables relocalisations de populations dans ces territoires.

Enfin, en matière de prévention et de gestion administrative, les collectivités d’outre-mer font face à de nombreuses difficultés. "Il est ainsi du devoir de l’État d’accompagner les collectivités dans la mise en œuvre de plans d’adaptation au changement climatique".


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