Nairobi : Conférence sur le climat

Clôture de la conférence sur de timides avancées

20 novembre 2006

La 12ème Conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui s’est ouverte le 6 novembre à Nairobi, a achevé ses travaux vendredi soir, 17 novembre. La prochaine se tiendra en 2007 à Bali, en Indonésie, a annoncé le Président de la conférence, le Ministre de l’Environnement kényan, Kivutha Kibwana, qui a salué une « conférence historique ». « D’importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupation, restés longtemps sans réponse », a-t-il ajouté.
La révision du Protocole de Kyoto, qui devra permettre de déboucher sur de futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne s’ouvrira qu’en 2008. Aucun délai n’a été fixé pour l’aboutissement de ces discussions.

Les États industrialisés parties au Protocole de Kyoto, dont la première période d’engagement expire en 2012, se sont accordés sur la nécessité de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre. Cette diminution devrait permettre de rester sous un seuil de réchauffement maximal de + 2 °C, seuil défendu par les négociateurs de l’Union européenne. Mais la révision du Protocole de Kyoto ne s’ouvrira qu’en 2008.
La conférence a défini les critères de gouvernance d’un fonds d’adaptation destiné à soutenir les pays en développement face aux défis du changement climatique. Le fonds pourrait être opérationnel dès 2007. Reste à en attribuer la gestion à l’organisme qui répondra à ces critères de gouvernance. Le Fonds pour l’environnement mondial sera probablement chargé de cette mission.
La conférence a reconnu la nécessité d’une meilleure répartition des projets MDP (dispositif d’aide aux pays en développement prévu par Kyoto) dans les pays les plus démunis, en insistant sur la nécessité de renforcer les capacités et les infrastructures de ces pays. Le système des Nations unies doit être mis à contribution pour les y aider.

Aider à protéger les forêts

Nairobi a retenu le constat selon lequel la déforestation dans les pays en développement représente de 20 à 25% des émissions mondiales de CO2, soit davantage que l’ensemble des secteurs du transport (14%), selon les chiffres donnés par le rapport Stern. La conférence s’est aussi accordée sur la nécessité d’attribuer un prix à chaque arbre sauvé : un atelier spécial sera organisé au début de l’année 2007 pour envisager les moyens de rémunérer les efforts des pays qui protègent leurs forêts.
Le débat, politique et technique, est renvoyé à la conférence de 2007 : il a opposé les gros émetteurs de CO2, les pays industrialisés, producteurs de pétrole, mais aussi la Chine et l’Inde - dont les économies sont fondées sur le charbon -, aux pays en développement (dont le Brésil) qui font valoir les incertitudes technologique du CCS et leurs craintes que ces projets ne divertissent l’aide aux projets de développement durable. Mais pour beaucoup d’observateurs, il ne sera pas possible de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre dans le monde sans en passer par cette technologie.


Manque d’ambition face aux enjeux

Les experts "climat" des ONG ont salué des « petits pas » accomplis pendant la Conférence de Nairobi sur l’avenir du Protocole de Kyoto et en faveur des pays en développement, tout en dénonçant un manque d’ambition.
« La Conférence de Nairobi s’achève sur des petits pas pour maintenir le Protocole de Kyoto sur les rails », a indiqué Hans Verolme du WWF, saluant comme Steve Sawyer de Greenpeace l’unanimité des pays industrialisés à reconnaître la « nécessité de diminuer par 2 les émissions de gaz à effet de serre ».
« Mais une action plus forte était requise (...) et nos dirigeants devront l’an prochain, en Indonésie, entamer de véritables négociations sur une diminution drastique de leurs émissions » polluantes, a ajouté M. Verolme.
« Nous avons encore un long chemin à parcourir et peu de temps pour le faire », a-t-il souligné.

Le "Cadre de Nairobi"

Pour Greenpeace, la conférence est « parvenue à certains progrès en faveur des pays en développement », citant notamment le "Cadre de Nairobi" lancé par le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et impliquant les agences de développement de l’organisation.
« Tout ce qui est possible doit être mis en œuvre en faveur du Fonds d’adaptation », a par ailleurs ajouté Steve Sawyer en remarquant que les décisions prises plaçaient sa gestion future sous « l’autorité du Protocole de Kyoto (...) sur la base d’un pays, une voix, ce qui garantit une majorité aux pays en développement » auquel il est destiné.
Évoquant des « accords modestes », Catherine Pearce de Friends of the Earth s’est inquiétée « du renvoi de nombreuses décisions » à de futures réunions, signalant qu’un « leadership fort serait nécessaire à Bali en 2007 pour lancer de vraies négociations sur l’après 2012 ».
Le Réseau Action Climat, qui regroupe près d’une dizaine d’ONG, estime que les « décisions de Nairobi vont dans le bon sens, même si certains points sont encore loin d’être à la hauteur des enjeux ».
Les ONG ont souhaité à Nairobi que l’ensemble des négociations sur l’après 2012 soient finalisées fin 2009 au plus tard, pour laisser aux États parties au Protocole de Kyoto le temps de la ratification.

Applat

La fin des produits de la mer pour 2048 ?

Une étude publiée dans la revue “Science” estime que les ressources marines pourraient avoir en grande partie disparu d’ici à 2050 à cause de la pression insoutenable des activités humaines sur le milieu marin.

Les espèces les plus couramment pêchées actuellement pourraient n’être plus qu’un souvenir en 2048, si la dégradation des milieux marins et la surpêche se poursuivent au même rythme effréné qu’actuellement. Telles sont les conclusions d’une étude menée par une équipe d’océanographes et d’économistes publiée dans l’édition du 3 novembre du magazine “Science”.
« Nos analyses indiquent que sans changement, la situation actuelle laisse présager de sérieuses menaces sur la sécurité alimentaire mondiale, la qualité des eaux côtières et la stabilité de l’écosystème qui affecteront les générations actuelles et futures », écrivent-ils.
L’équipe internationale de chercheurs à l’origine de cette étude s’est basée sur 32 expériences contrôlées, des observations dans 48 aires marines protégées, des données de la pêche mondiale de la FAO (organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) sur les prises globales de poissons et d’invertébrés de 1950 à 2003 et des données étalées dans le temps (archives, carottes, sources archéologiques...) couvrant 1.000 ans d’histoire et 12 zones côtières.

1/3 tiers des espèces marines effondré

Cette étude, qui a duré 4 ans, montre la perte de biodiversité causée par la surpêche et les pollutions, menace non seulement les pêches, mais également la productivité et la stabilité globales des océans, notamment le maintien de la qualité de l’eau par filtrage biologique, la fourniture d’habitats servant de pouponnières pour les espèces marines et la protection des côtes par ces dernières.
« L’océan est un grand recycleur, il absorbe les égouts et les recycle en substances nutritives, il retire les toxines de l’eau, produit de la nourriture et transforme le dioxyde de carbone (CO2) en élément de nutrition et en oxygène », souligne Steve Palumbi, un biologiste de l’Université Stanford (Californie, ouest) et co-auteur de ces travaux.
A ce titre, la disparition d’une seule espèce déséquilibre l’ensemble de son écosystème, mettant en péril ses autres occupants qui sont interdépendants.
A l’inverse, dans les zones biologiquement riches où des mesures de conservation et d’interdiction de pêche ont été mises en place, la biodiversité a pu se réinstaller, renforçant sa capacité à absorber la pollution ou les variations de températures dues au réchauffement climatique.
« Toutes ces données montrent aussi qu’il est possible d’inverser les tendances actuelles avant qu’il ne soit trop tard », estiment les auteurs de l’étude, déplorant toutefois « que seul 1% des océans soit protégé actuellement ».
Pour souligner leur propos, les chercheurs rappellent qu’en 2003, c’est-à-dire hier, 29% des espèces marines étaient déjà en train de s’effondrer. On parle d’effondrement lorsqu’une espèce marine a vu ses quantités pêchées réduites d’au moins 90%, faute de renouvellement suffisant.


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