Changements climatiques : ouverture à Bonn de discussions de suivi

Comment atténuer les effets de l’évolution du climat ?

16 mai 2006

Des discussions de suivi sur le réchauffement climatique se sont ouvertes hier à Bonn (Allemagne). Elles portent notamment sur la coopération internationale pour l’après-2012, fin de la première période d’engagement des pays industrialisés parties au Protocole de Kyoto.
Cette réunion intervient à mi-chemin entre les conférences annuelles organisées par les Nations-unies sur le changement climatique, celle de Montréal en décembre et la prochaine, en novembre, à Nairobi.
Depuis de nombreuses années, Paul Vergès attire l’attention des décideurs et de l’opinion sur l’importance de ce problème, qui concerne l’avenir de la planète... et de notre île.

Selon le secrétariat de la Convention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques (UNFCCC), dont le siège est à Bonn, les représentants des 189 États parties à la Convention se réunissent les 15 et 16 mai pour envisager la façon dont "les pays pourraient améliorer la coopération en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’atténuer les effets de l’évolution du climat".
Une deuxième série de discussions réunira ensuite du 17 au 25 mai les 163 parties au Protocole de Kyoto concernant "les mesures que devront prendre les pays industrialisés, après 2012, à l’issue de la première période d’engagement", selon un communiqué de l’UNFCCC.
Le Protocole de Kyoto, entré en vigueur en février 2005, a été ratifié par 163 pays (mais pas les États-Unis) représentant environ 61% des émissions des 6 principaux gaz à effet de serre (GES), dont le dioxyde de carbone (CO2), responsables du changement climatique. Il impose des réductions d’émissions de gaz à effet de serre variables selon les pays industrialisés concernés d’ici 2012.

Il est urgent d’agir

La conférence de Montréal, la première depuis l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, avait permis d’adopter plusieurs modalités de fonctionnement du protocole, fixant notamment les règles d’établissement des inventaires d’émission et le fonctionnement des échanges de droits de pollution. Elle avait aussi arraché à la communauté internationale un engagement à poursuivre ses discussions sur l’après-2012.
Selon un expert qui sera présent à la réunion de Bonn, il ne faut toutefois attendre "rien de concret dans les processus formels de ces négociations internationales avant 2 ans".
"Les preuves scientifiques des effets dévastateurs des changements climatiques d’origine anthropique (humaine - NDLR) sont de plus en plus accablantes. Il est impératif que les gouvernements s’entendent sur la façon de réduire les émissions d’ici 2 à 3 ans", a déclaré Richard Kinley, chef par intérim du secrétariat de l’UNFCCC, cité dans le communiqué.
Parallèlement aux discussions, des questions plus concrètes, comme le rôle du déboisement dans les pays en développement ou l’efficacité de la capture du CO2 et de son stockage, seront également évoquées dans des ateliers à cette occasion.


Selon Christian Aid

Des millions de morts d’ici la fin du siècle à cause du réchauffement climatique

Le réchauffement climatique pourrait faire des millions de morts en raison d’inondations, de famine, de sécheresse et de violences qui en découleraient d’ici la fin du siècle, avertit un rapport qui a été publié hier par l’association caritative britannique, Christian Aid.

Selon cette organisation, quelque 162 millions de personnes pourraient succomber à des maladies causées par le réchauffement climatique dans la seule région d’Afrique sub-saharienne. D’autre part, la lutte pour des ressources qui se raréfieront risque de provoquer des violences.
Christian Aid exhorte dans son rapport le gouvernement britannique à prendre les devants parmi les pays riches pour enrayer le réchauffement climatique. L’organisation prône surtout le passage de pays d’Afrique sub-saharienne aux énergies renouvelables, ce qui bénéficierait selon elle à l’environnement tout en générant des emplois, en améliorant la santé de ses habitants et en créant de meilleures conditions pour l’éducation.

Un impact dévastateur

"Ce rapport expose clairement et met à nu l’impact dévastateur qu’aura le changement climatique provoqué par l’être humain sur de nombreuses populations parmi les plus pauvres du monde", a déclaré Sir John Houghton, qui a siégé dans un groupe de travail scientifique établi par le Comité intergouvernemental sur le changement climatique.
"Cette réalisation expose un impératif moral inéluctable pour ceux d’entre nous dans le monde développé qui avons tant bénéficié d’énergie peu chère à base de carburants fossiles. Nous devons répondre par une action urgente et déterminée", a-t-il rajouté.


Pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre

Le Sud demandera davantage d’efforts au Nord

Au cours de ces négociations sur la question climatique à Bonn, les pays en développement devraient exhorter les pays plus riches à montrer l’exemple en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

D’âpres négociations devraient se dérouler entre la quarantaine de pays qui ont déjà accepté des objectifs en la matière et les autres, parmi lesquels figurent les États-Unis, lors des 2 journées du "dialogue" organisé hier et aujourd’hui à Bonn dans le cadre de la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques (CCNUCC).
De nombreux pays du Sud attendent des pays riches qu’ils s’engagent en faveur de réductions plus fortes de leurs émissions avant qu’eux-mêmes n’acceptent des objectifs.
Ils font en effet valoir que les pays du Nord ont été les plus grands responsables du réchauffement climatique depuis la révolution industrielle.
Le Brésil a notamment affirmé qu’il était trop tôt pour exiger du Sud qu’il réduise ses émissions de dioxyde de carbone et d’autres gaz à l’origine du réchauffement global.
Les efforts des pays en développement "ne peuvent se caractériser que par le volontariat et ne peuvent donc pas être associés à des objectifs et autres cadres", a estimé le gouvernement brésilien.
Le Protocole de Kyoto exige à ce stade d’un certain nombre de pays qu’ils ramènent à l’horizon 2008-2012 leurs émissions de gaz à effet de serre à un niveau inférieur de 5,2% à celui qu’il était en 1990.
L’Afrique du Sud a fait savoir qu’elle voulait que les discussions évoquent les mesures d’encouragement en faveur des pays du Sud, en matière notamment de développement de technologies propres.
"Les pays en développement attendent des pays industrialisés qu’ils jouent un véritable rôle moteur dans les efforts pour limiter les émissions avant qu’ils n’acceptent eux-mêmes des objectifs contraignants", a déclaré Richard Kinley, secrétaire par intérim de la Convention-cadre de l’ONU.
Après les 2 jours de ce "dialogue", qui rassemble tous les signataires de la Convention-cadre, les pays soutenant le Protocole de Kyoto se retrouveront du 17 au 25 mai pour des discussions préliminaires sur l’extension du champs du protocole au-delà de 2012.
Ces négociations dureront probablement plusieurs années.


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