Construisons durablement notre ville

24 février 2007

Dans la suite logique des 3èmes Rencontres réunionnaises du Développement durable, se sont tenues, hier, les rencontres “Aménagement et urbanisme écologiques à La Réunion”. La problématique principale était “Comment faire pour aménager et urbaniser notre espace tout en respectant la nature dans notre île ?”. Plusieurs experts se sont succédé afin de donner leur point de vue et émettre des éléments de réponse.

Dans une chaleur étouffante, hier, au Conservatoire botanique de Mascarin, il a été question de réchauffement climatique, sujet très d’actualité effectivement, de rejet de CO2 dans l’atmosphère, etc...
Christian Charignon, architecte dans la région Rhône-Alpes, nous a tout d’abord dressé un état des lieux. Premièrement, on va vers une surpopulation, de plus, les inégalités et la pauvreté ne cessent de croître d’année en année. « Il faut savoir que la France sera le pays le plus peuplé d’Europe avant 2050 », précise l’architecte.
Ensuite, de nombreux changements climatiques interviennent à cause, principalement, de l’intervention de l’Homme. Donc, conséquence, les ressources s’épuisent, et à un rythme dramatique.
Nous assistons également à un effondrement de la biodiversité, « les humains polluent, détruisent des espèces végétales et animales », d’où un appauvrissement des sols.
Les experts prévoient une augmentation de la demande de pétrole de 60% d’ici 2030, à l’échelle mondiale, alors que dans un même temps, les ressources énergétiques s’épuisent. Cela vaut également pour l’électricité et le gaz.
Toutes ces raisons font qu’aujourd’hui, nous sommes obligés de prendre en compte tous ces paramètres pour construire la ville de demain.
Cette analyse concerne bien sûr la planète, mais du côté de La Réunion, qu’est-ce qui se passe ?

Une situation locale déjà inquiétante

Michel Reynaud, architecte également, nous a dressé un petit état des lieux de la situation dans notre île. Selon ce dernier, « le basculement des eaux, c’est bien, mais il faut aussi penser aux coûts d’électricité que tout cela va engendrer. On l’estime actuellement à 40 méga watt. Alors, il faut voir si l’on dispose de toute l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de ce basculement ? ». Les demandes d’énergie augmentent à La Réunion, mais est-on capable de produire plus d’énergie ?
De plus, Michel Reynaud nous assure que sur la ville de Saint-Denis, il fait 5 à 8 degrés de plus par rapport à la température à l’état originel. Et tout cela, ce serait à cause de la “climatisation de la ville”. En effet, « les retombées de la climatisation sur le sol réchaufferaient celui-ci, d’où un effet de four lorsque la chaleur du sol remonte », nous dit-il.
Le changement de climat a fait disparaître tous les cours d’eaux permanents du Tévelave, d’où une destruction des écosystèmes.
Michel Reynaud constate qu’aujourd’hui, il est nécessaire de prendre en compte la géophysique dans les plans d’urbanisme de l’île et il lance un appel aux politiques pour développer durablement l’île et de laisser une terre meilleure aux générations futures.

Construisons mieux

« Quoi que l’on en dise, il faut admettre que le 21ème siècle est le siècle de l’urbain », affirme Pierre Kermen, Adjoint au maire de Grenoble, chargé à l’urbanisme. Effectivement, tout se construit autour de la ville. Mais il est nécessaire de respecter une certaine limite. « Construire dans la ville, oui, mais lorsque l’on sort de la ville, on doit respecter cette zone moins urbanisée et non pas construire une autre ville », insiste l’élu. Il est vrai que si on commence à construire des villes et des logements partout et n’importe comment, on ne s’en sort plus.
De même, nous savons que nous consommons beaucoup trop d’énergie, mais il ne sert strictement à rien de poser des panneaux solaires sur les maisons si avant cela, on n’a pas travaillé sur les bâtisses pour qu’elles consomment moins d’énergie.
Pour Pierre Kermen, il est nécessaire, notamment dans une île comme la nôtre, de prendre en compte les amplitudes thermiques et obliger les constructeurs à respecter ces facteurs environnementaux.
Second point, « en plus des PLU, des PADD, etc..., la commune de Grenoble a mis en place un bilan énergétique dans lequel des experts calculent nos besoins énergétiques. Nous avons mis en place également le plan de climat local, le plan local action santé environnement, etc... tout est vraiment mis en œuvre pour nous aider à faire les bons choix en matière d’aménagement et d’urbanisme, tout en respectant au maximum l’environnement », nous explique l’Adjoint au maire. Grenoble est, en effet, une des villes de France les plus avancées dans ce domaine.
Par ailleurs, il est primordial de valoriser le travail de toutes les personnes qui œuvrent, dans leur travail, pour respecter l’environnement.

Notons tout de même que les élus de La Réunion ont brillé par leur absence lors de cette rencontre, à croire que les problèmes environnementaux de notre île ne les concernent pas.

Sophie Périabe


« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l’humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables ».
Discours de Jacques Chirac devant l’Assemblée plénière au Sommet mondial de Johannesburg le 2 septembre 2002.

Nous ne pouvons pas dire que les personnes qui dirigent ce monde ne sont pas au courant des dangers des comportements humains. Alors, essayons, chacun, de préserver notre île et faire un petit geste citoyen pour laisser aux générations futures un endroit pour vivre décemment.
Lançons également un appel, à l’approche des échéances électorales, aux candidats pour qu’ils aillent dans le sens d’une protection maximale de l’environnement.

SP


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