Pré-diagnostic territorial du SAR

« Contribution essentielle » pour l’aménagement

27 octobre 2006

L’aménagement du territoire est une des conditions du développement d’un pays. En cours de révision, le Schéma d’aménagement régional fixe les préconisations à l’échelle de La Réunion, afin de mettre en cohérence toutes les politiques d’aménagement. L’élaboration du SAR a permis à l’INSEE et à la Région de publier un outil d’aide à la décision, contribution essentielle à la mise en œuvre de ce document.

Comment régler la question du chômage quand notre île comptera 50% d’habitant en plus ? Comment l’Est peut-il résister à l’attraction de Saint-Denis alors qu’une 4 voies permet de rejoindre la capitale depuis Saint-Benoît en une demi-heure ? Où construire les plus de 200.000 logements nécessaires à La Réunion du million d’habitants ? Ces quelques questions illustrent toute la complexité de la réalisation du Schéma d’aménagement régional, document devant « mettre en cohérence les politiques d’aménagement », selon les mots de Marie-Pierre Hoarau, conseillère régionale membre de la Commission du développement durable de la Région.
Préalable à l’élaboration de ce document qui a force de loi, un état des lieux de La Réunion est indispensable. Ce travail était présenté hier par les deux partenaires : Région et INSEE.

Horizon 2018

Compétence de la Région, actuellement en révision, le prochain Schéma d’aménagement régional doit normalement entrer en vigueur d’ici 2008-2009. Document opposable à tous les schémas définis par les communautés d’agglomérations et les communes, il va fixer les grandes orientations stratégiques de l’aménagement du territoire de notre île, avec notamment les différents arbitrages en termes d’équipements structurants, de construction de logements, de zones d’activités économiques et de protection des espaces naturels et agricoles. Il sera le document de référence pour l’aménagement jusqu’en 2018, au moment où la population de La Réunion dépassera 900.000 habitants. Autrement dit, les décisions actées dans le prochain SAR engagent les générations futures. Il doit donc dans son domaine créer les conditions pour un développement durable de La Réunion.
Hier à la Région, l’INSEE présentait une contribution que sa direction régionale et le président de la collectivité qualifient de « décisive ». Résultat d’un partenariat entre l’INSEE et la Région, “Quatre microrégions aux potentialités différenciées : une contribution à la révision du Schéma d’aménagement régional de La Réunion” est « une photographie de La Réunion à un moment donné, rassemblant des données objectives nécessaires préalables à la prise de décision », dit en substance Paul Vergès.

Des déséquilibres

« C’est un prédiagnostic territorial du SAR, un état des lieux de chacune des 4 microrégions », souligne Marie-Pierre Hoarau, élue de la Commission du développement durable du Conseil Régional. Des microrégions qui correspondent aux limites des établissements publics de coopération intercommunale : CINOR pour le Nord, TCO pour l’Est, CIVIS et Communauté des communes du Sud pour la microrégion éponyme.
Par ailleurs, cette étude donne également des perspectives sur La Réunion de 2030, quand la population de notre île dépassera le million d’habitants, soit 50% de plus qu’aujourd’hui précise Paul Vergès.
Le prédiagnostic territorial dégage de grandes tendances, elles expriment un déséquilibre entre les différentes microrégions.
Ainsi, le Nord continue d’être le plus gros bassin d’emploi de l’île, pour 184.000 habitants sur 12% de la superficie de l’île. Alors que le Sud, avec 275.000 habitants, a un taux de chômage de 47% malgré un taux annuel de croissance des offres d’emplois supérieur à la moyenne de l’île. Quant à l’Est, cette microrégion est la moins peuplée, mais elle est marquée par une forte augmentation de la population due notamment à un important solde migratoire. Quant à l’Ouest, c’est un territoire marqué par des mutations rapides et de fort contrastes.

Le chômage ne recule pas depuis 25 ans

Plus globalement sur la question de l’emploi, l’étude publiée par l’INSEE et la Région note que le taux d’emploi stagne à 37% depuis 1982. Cela veut dire que toutes les mesures prises, tous les emplois créés par une économie ayant un fort taux de croissance ne permettent pas de faire reculer significativement le chômage. Le résultat de cette pénurie d’emploi soulignée par l’étude de l’INSEE se traduit par une grande pauvreté : plus de 100.000 personnes ont moins de 390 euros par mois par unité de consommation. Cette pauvreté se localise notamment à Saint-Paul, Trois-Bassins, Saint-Leu et Salazie. C’est dans ce contexte de pauvreté massive que se poursuit une croissance démographique qui va amener en 2030 140.000 nouveaux actifs, c’est à dire autant d’emplois à créer, alors que notre île compte aujourd’hui plus de 100.000 personnes privées de travail.
C’est dire l’ampleur du défi à relever. Et au-delà du SAR, l’étude présentée hier est un outil d’aide à la décision très complet, qui permet à tous les décideurs de savoir, et de prendre conscience que se seront les générations futures qui paieront le prix de leurs décisions.

M.M.


INSEE : accompagner la décentralisation

Jean Gaillard, directeur régional de l’INSEE, estime que la contribution au SAR s’inscrit dans une démarche d’accompagnement de la décentralisation. C’est une nouvelle stratégie définie au sein de la direction générale de l’institut : « répondre à l’émergence d’une demande très forte de statistiques des collectivités et des services déconcentrés de l’État. Cette demande s’explique par la décentralisation. Cette étude est un outil d’aide à la décision, un moyen d’accompagner la décentralisation, dans l’aménagement du territoire. Dans ce cadre, l’INSEE travaille avec un partenaire (la Région), pour assoir son diagnostic ».


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