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Traitement et valorisation des déchets : le MEDEF propose un débat
6 octobre 2006
Près de 185 personnes, acteurs du monde politique, économique, institutionnel ont répondu à l’invitation du MEDEF Réunion qui organisait hier son 3ème petit-déjeuner information-débat sur le thème : “Le traitement et la valorisation des déchets”. Face à la quantité croissante de déchets industriels et ménagers à La Réunion, de nouvelles filières doivent se développer. Au même titre que les citoyens appelés à adopter un comportement responsable, les entreprises ont un rôle majeur à jouer dans la diminution des déchets à la source, leur tri et leur valorisation. Il faut convaincre et mettre en place les outils.
Le sujet est d’autant plus crucial pour les entreprises qu’elles sont de plus en plus contraintes par les réglementations qui les obligent à intégrer cette dimension de gestion des déchets à leur politique globale. Les textes réglementaires, lois et décrets, sont le plus souvent des transpositions en droit français de directives européennes. Mais la situation géographique de La Réunion, l’insularité, la rareté du foncier, les prérogatives environnementales appellent à l’émergence d’outils spécifiques qui doivent être réfléchis et discutés au sein d’une large concertation.
"Les objectifs sont loin d’être atteints"
Les filières existantes doivent être pérennisées et d’autres doivent se développer. Mais comment rentabiliser une filière locale ? Comment absorber les coûts de gestion ? Comment concilier problématique des déchets et aménagement du territoire ? Comment exporter nos déchets ? Beaucoup de questions en suspens ne trouveront pas de réponses en un seul déjeuner. "Dialoguer, échanger, comprendre, sans velléité politique" : c’est ainsi que le Président du MEDEF Réunion, Jean-Francois Caillé, a résumé le premier objectif de cette manifestation, en vu d’"un débat totalement dépassionné" pour "une démarche avant tout pragmatique". Bruno Renard de l’ADEME, exemple même de pragmatisme, a dressé un état des lieux éloquent typologique (voir “Quelques chiffres”) et réglementaire. Il ressort que parmi les déchets industriels, il n’existe pas encore de collecte et de traitement des déchets toxiques (24% du gisement), ou que les déchets industriels spécifiques (21%) sont vus au cas par cas chez de gros industriels. Pour ces derniers, Marie-Pierre Hoarau, Conseillère régionale délégué à l’Environnement, a rappelé que le PREDIS (Plan Régional d’Elimination des Déchets Industriels Spécifiques) dont la révision est prévue en 2006 préconise l’installation d’un centre de traitement physico-chimique et d’un incinérateur spécialisé, 2 installations sur les 4 actées qu’il reste encore à mettre en œuvre. Bien que 74 projets aient été financés de 2000 à 2005, elle rappelle que "les objectifs sont loin d’être atteints". S’agissant du Plan régional d’Elimination des Déchets Autres que Ménagers et Assimilés (PREDAMA), toutes les installations prévues ont été réalisées. Reste qu’il faut favoriser au maximum le traitement local, limiter l’enfouissement aux déchets ultimes, limiter les déchets à la source, favoriser le travail en synergie des différents acteurs et engager une réflexion sur la coopération.
Le BTP veut entrer "dans un cercle vertueux"
Comme le soulignera Jean-Marie Le Bouvellec, Président de la FRBTP, les 4 millions de tonnes de déchets produits chaque année par la filière "méritaient qu’on s’en occupe". Le plan d’élimination des déchets du BTP, validé en 2005, prévoit ainsi de réduire la production des déchets, de privilégier le recyclage à l’enfouissement, l’utilisation de matériaux recyclés ou encore la transparence des coûts. Mais sa mise en application est difficile. Les coûts de mise en décharge et de transport, le facteur temps dissuadent les entreprises de s’impliquer plus en avant dans la gestion de leurs déchets. Un des projets phares de plan d’élimination du BTP est de créer une plate-forme mixte par micro-région où les entreprises pourraient déposer leurs déchets triés ou non, ensuite ventilés vers les différentes filières de valorisation et d’exportation. De telles installations sont cependant coûteuses : entre 150 et 450.000 euros pour 2 hectares de fonciers à trouver. Il faut en plus convaincre les maires qui appréhendent les nuisances que pourrait générer une telle installation dans leur commune. Annuaire des déchets pour guider les entreprises vers les filières en place, Bourse aux Déchets pour favoriser leur travail en synergie : le BTP a des projets, reste à susciter les adhésions. Son objectif est de parvenir à 91% de déchets recyclés et traités pour rentrer "dans un cercle vertueux".
"On va droit dans le mur"
Parmi les filières existantes, celles en charge du traitement des batteries, des pneus ou encore des véhicules hors d’usages doivent se renforcer et fédérer les volontés. L’Association Traitement de Batteries Réunion (ATBR) compte 35 adhérents et affiche 72% des produits mis sur le marché récupérés. David Carpaye, ingénieur environnement au Syndicat des Importateurs du Commerce de La Réunion, explique que les efforts doivent être poursuivis. Reste que ces déchets toxiques doivent obligatoirement être exportés vers les pays de l’OCDE. L’Australie ne traite pas les batteries et les envoie en Angleterre. Quelle solution ? La métropole ? En l’absence de zone de stockage, il faudrait que La Réunion puisse bénéficier d’une dérogation pour exporter ces produits dans d’autres pays. Le Préfet s’est dit attentif à cette question. Il faut également trouver des alternatives au recyclage des pneus usagés. L’Association pour la Valorisation des Pneus Usagers de La Réunion (AVPUR) compte seulement 18 adhérents. 73% des pneus mis sur le marché sont traités, mais développer des routes en pneus ou des poudrettes qui servent à la fabrication des sols sécurisés des aires de jeu sont des alternatives à creuser. Pour les Véhicules Hors d’Usages, La Réunion compte seulement 4 démolisseurs agréés. Là encore, des projets de broyeurs sont à développer. David Cataye souligne également que les metteurs sur le marché doivent prendre leurs responsabilités. Les importateurs n’ont pas le statut de metteurs sur le marché, mais seulement les revendeurs. C’est alors aux éco-organismes nationaux de traiter ces problèmes, mais peu s’en emparent. "On va droit dans le mur", souligne alors David Cataye.
C’est une phrase qui résume assez bien l’enjeu de la construction cohérente et pérenne de la politique de gestion des déchets qui s’impose pour le développement durable de La Réunion. Si les réglementations s’avèrent sur ce point très contraignantes, il ressort également que d’importants retards se sont accumulés dans ce domaine. Plus qu’un changement d’habitude, c’est une véritable prise de conscience et volonté partagée d’agir qui doit émerger de ce type de débat, premier pas positif qui ne doit pas attendre trop longtemps le second. La question de l’incinérateur, sous couvert de polémique, a été détournée, mais finalement, était présente dans l’esprit de chacun. Quelle entreprise ne serait pas tentée par ce “facilitateur” d’apparence ? Il faut en parler et surtout appeler un chat, un chat.
Stéphanie Longeras
Quelques chiffres
Gisement des déchets industriels
Déchets Industriels banals (papier, carton, plastique, métaux, bois, verre) : 95.000 tonnes par an (source : ADEME, 2005) dont 20% sont valorisés et 80% placés en Centre d’Enfouissement Technique de catégorie 2 (CET II) ;
Déchets dangereux (piles, batteries, huiles minérales, déchets toxiques, déchets de soins et déchets industriels spécifiques) : 12.000 tonnes/an (source : ADEME, 2004) ;
Déchets de l’Industrie agroalimentaire (72% bagasses, 16% vinasses...) : 95.000 tonnes/an (source : Plan Régional d’Elimination des Déchets Industriels Spécifiques, 2005) ;
Déchets agricoles (95% effluents d’élevage, 5% végétaux) : 550.000 tonnes/an (source : ADEME, 2005) ;
Déchets du BTP (75% travaux publics, 25% bâtiment) : 4 millions de tonnes par an (source : ADEME, 2005).
Déchets ménagers : plus ou moins 444.000 tonnes de déchets ménagers par an.
Nouvelles filières cherchent adhésions
Entre obligations et démissions
Selon le responsable de l’ADEME, il faudrait créer une à deux nouvelles filières de traitement des déchets par an à La Réunion. Comme voulu par l’Europe, les filières Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE) - qui prévoit de limiter la composition des appareils en éléments toxiques et dangereux, leur marquage et l’obligation de collecte et de traitement des producteurs - et Huiles Alimentaires Usagées (HUA) - qui interdit leur diffusion dans la nature - sont en cours de création. Selon les estimations en 2006, La Réunion compterait 21.800 tonnes de DEEE ; l’objectif serait d’en traiter et valoriser de 70 à 80%. Plusieurs porteurs de projets se sont positionnés sur cette filière, mais aucun site ne fonctionne actuellement. De même, les éco-organismes, auxquels peuvent faire appel les producteurs susceptibles d’intervenir dans ce domaine, ne se sont pas encore connus. À noter que les consommateurs contribueront à cette filière par une taxe greffée sur leur facture au moment de la vente des produits. La filière DEEE ménagers devra être mise en place le 15 novembre de cette année et celle des professionnels depuis août 2005. Jusque-là, les déchetteries accueillaient ces déchets. Les collectivités pourront, si elles le souhaitent, les récupérer sur les communes. Peut-être pour créer des emplois relatifs à la revalorisation ? Enfin, pour les HUA évaluées à 2.000 tonnes par an, la filière devrait se tourner vers une valorisation des déchets en tant que combustibles. Reste là encore à trouver un prestataire pour réaliser la collecte et le pré-traitement, et remporter l’adhésion des producteurs (restaurateurs, hôteliers, établissements scolaires...).
SL
Plan Départemental d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés
"De grands travaux sont à faire"
Daniel Gonthier, Vice-président du Conseil général délégué à l’Environnement, s’est longuement étendu sur la présentation du bilan plus que mitigé du Plan Départemental d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés, adopté depuis 1996 par la collectivité et révisé en 2002. Quatre ans après, nombre d’objectifs ne sont en effet pas atteints : 3 centres de tri pour 5 prévus, 3 plate-forme de compostage pour 12 actées... comme le dira justement Daniel Gonthier, "de grands travaux sont à faire". L’occasion tout offerte pour l’élu - le seul à le faire ouvertement - de mettre en avant l’alternative de l’incinérateur qu’il préférera nommer, pour éviter, selon lui, tout débat politique, "centre de valorisation énergétique", bien que, légalement, il soit interdit de le présenter sous cette forme abusivement valorisante. S’effrayant de l’estimation des 550.000, voire 600.000 tonnes, de déchets ménagers à l’horizon 2010, Daniel Gonthier a également tenu à souligner les coûts de collecte et traitement de ces déchets qui s’élèvent actuellement à 70 millions d’euros, soit 170 euros/tonne et 96 euros/habitant. Ces dépenses importantes justifieraient ainsi l’augmentation actuelle de la Taxe Foncière à hauteur de "100% dans certaines communes". Pourtant, la taxe d’ordures ménagères ne couvrirait que 60% du service public, d’où la difficulté actuelle rencontrée par les Communautés d’agglomérations qui ne parviennent pas à payer le coût réel du service.
SL
Témoignage d’entreprise
Pascal Gouyet, Directeur de l’entreprise agroalimentaire CILAM, spécialisée dans les produits laitiers, signataire de la “Convention -10%” de réduction de déchets avec l’ADEME
"Notre petite pierre à l’édifice"
L’entreprise saint-pierroise livre ses déchets au Centre de Stockage de Déchets Ultimes de La Rivière Saint-Étienne. Elle constate fin 2004 que ses frais de collecte et de traitement s’envolent : 168.000 euros pour 1.200 tonnes de déchets collectés, soit +10% et +20% en 2005. "Il fallait réagir, confie Pascal Gouyet, d’autant que notre seul exutoire sature".
Maîtrise du tonnage et des coûts
CILAM répond alors à un appel à candidatures lancé au niveau national par l’ADEME pour un projet de gestion maîtrisé des déchets et leur réduction en amont. C’est la seule entreprise locale sélectionnée à côté de 25 autres entreprises de l’hexagone pour cette “Convention -10%”. Un cabinet d’expertise a alors soutenu l’entreprise pour dégager des gisements de progrès, élaborer un plan d’action, aider à sa mise en œuvre et établir des critères de performance. Formation du personnel, achat de nouveaux équipements et optimisation des processus ont permis d’obtenir une réduction à la source de 100 tonnes par mois depuis mars de cette année, soit une réduction globale des déchets de l’entreprise de près de 30% et 14% de valorisation. Maîtrise du tonnage, mais aussi des coûts (165 euros/tonne), Pascal Gouyet attribue ses résultats, entre autres, à "de meilleures pratiques et des machines plus performantes". Il explique que le travail relatif au tri sélectif a permis de mieux catégoriser les déchets et localiser les filières en place. Cette convention a également impulsé une négociation des contrats de services avec les prestataires. "On a discuté puis signé un contrat cadre avec les sites pilotes", explique encore le directeur.
"Il n’existe pas de solution miracle"
"Nous avons apporté notre petite pierre à l’édifice, estime Pascal Gouyet. Nous devons, industriels, renforcer nos échanges, partager nos expériences car l’enjeu social et économique est colossal". Il a tenu à préciser qu’"il n’existe pas de solution miracle. C’est la somme des actions individuelles de chacun à la place qu’il occupe qui permettra une solution globale. Quels que soient les efforts de chacun, le zéro déchet n’existe pas". La première action consiste en la mobilisation pour la destruction des déchets à la source, sachant qu’il restera toujours des déchets ultimes. En “off”, Pascal Gouyet nous confie ne pas exclure la voix de l’incinération qui doit faire l’objet d’"une décision partenariale". Son sentiment est qu’un "centre de valorisation énergétique des déchets est la solution la plus appropriée (...). Le coût des traitements porte préjudice aux petites entreprises avec le risque de multiplication des décharges sauvages". Mais "un industriel n’est pas un politique".
SL
Zot la di
"Le traitement et la valorisation des déchets est un sujet d’actualité pour ne pas dire brûlant". Jean-François Caillé, Président du MEDEF Réunion.
"La taxe de ramassage des ordures ménagères devra augmenter. C’est le prix de la salubrité publique". Pierre-Henry Maccioni, Préfet.
"Les filières à développer peuvent générer des emplois et augmenter la qualité de vie". Christelle Bonne Caze, chargée d’opération à l’ARERE.
"L’incinération peut être une solution. Mais pour 240 kilos de déchets, combien de fumées échappées dans l’atmosphère ? (prise à partie de Roger Kerjouan de la DIREN). Il faudra en plus des décharges pour stocker les déchets non valorisables, ultimes... Alors, quelle solution ?". Jean-Charles Ardin, DRIRE.
"La collecte des déchets industriels est à la charge des industries qui ne paient pas de taxe d’enlèvement des ordures". Marie-Pierre Hoarau, Région Réunion.
"Les déchets végétaux et pneus usagés ne sont pas des déchets ultimes. Ne pas mélanger, c’est mieux et ça coûte moins cher que mélanger et trier". Bruno Renard, ADEME.
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